L’Etat fournit-il des efforts financiers pour quelques voyous tapis dans l’ombre des organisations paysannes ? Au regard de ce qui s’est passé à Kolen, dans le Fladougou, à Kita, on serait tenté de répondre, sans risque de se tromper, par l’affirmative. Au cœur du scandale de détournement de l’engrais subventionné, qui fait grand bruit depuis trois jours dans la zone de production de Kita, le vice-président de l’union locale des sociétés coopératives de coton, Chèknè Diallo, non moins adjoint de Soulobamady Kéïta (dans l’actuel bureau de l’union locale de Kita), l’un des bras droits de Bakary Togola à l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali.
Bénéficiaire, selon nos informations, de l’un des tracteurs subventionnés par le Président IBK, le nommé Chèknè Diallo, a fait sortir des magasins de Kolen, dans la zone de production de Kita, 210 sacs d’engrais dont la valeur marchande est estimée à plus de deux millions de nos francs, selon des sources locales. Embarqué dans un camion 10 tonnes, courant week-end dernier, le butin, qui pourrait servir à éponger une partie de la dette contractée auprès des banques pour l’achat du tracteur subventionné, aurait été vendu très chers à Kolokani. Le pot-aux-roses a été découvert grâce à la vigilance de certains producteurs et des agents de la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) où la nouvelle équipe, conduite par Modibo Koné, n’entend pas laisser prospérer de tels genres de pratiques. Il nous revient d’ailleurs qu’elle a porté plainte dans cette affaire rocambolesque. Chose qui n’est pas une première puisque la même CMDT l’avait fait, il y a quelques jours, dans une autre affaire similaire à Fana. N’étant pas parvenue à mettre le grappin sur le cerveau de ce détournement, Chèknè Diallo, en cavale, la gendarmerie de Kita, qui enquête dans le dossier gardait, jusqu’au moment où nous mettions sous presse, ses deux principaux complices, tous membres des organisations paysannes : Bakary Diallo et Lassiné Sidibé. Nos tentatives pour rentrer en contact avec les sieurs Chèknè Diallo et Solobamady Kéïta pour vérifier les griefs sont restées vaines toute la journée d’hier mercredi 8 juin 2016.
Cette pratique digne d’une vraie mafia est courante dans les bureaux des unions de sociétés coopératives. Secret de polichinelle, elle a fait de certains responsables d’organisations paysannes de richissimes opérateurs, qui prennent aujourd’hui en otage l’ensemble du monde paysan, transformant la cotonculture, voire même notre paysannat en un véritable festival des brigands où les vrais acteurs sont réduits dans le simple rôle de spectateurs dans la gestion des questions les concernant. N’est-il pas temps que les plus hautes autorités sévissent pour nettoyer pour de bon ce secteur ? Le Président Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a promis de faire de l’Agriculture le moteur de notre développement, est fortement attendu sur ce terrain s’il veut réussir son mandat et donner une lueur d’espoir à ces millions de compatriotes qui vivent de ce secteur.
A suivre.
Yaya Samaké