Courant mois de novembre 2007, la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) a tenu son conseil d’administration extraordinaire sans tambour ni trompette, comme à l’accoutumée.
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Avec un déficit cumulé de la compagnie (de 1999 à 2006) de l’ordre de 172,635 milliards de francs CFA, la situation financière de la structure ne cesse de se détériorer. Si les résultats de l’exercice 2006 font état d’un déficit de plus de 27 milliards de nos francs, il est annoncé un déficit prévisionnel de trésorerie en fin mars 2008 de l’ordre de 108,519 milliards. C’est dire que rien ne va à la CMDT et on tente de cacher la situation aux contribuables en organisant à Ségou la réunion statutaire du bilan de la campagne cotonnière 2006-2007 couplée à la réunion préparatoire de commercialisation et d’égrenage de la campagne 2006-2008. A l’ordre du jour de cette rencontre figurant la récompense de meilleurs cotonculteurs du Mali.
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Il n’est un secret pour le commun des Maliens que la campagne 2006-2007 s’est soldée par une baisse notoire de production avec une production globale de 414.965 tonnes. La production nationale prévisionnelle 2007-2008 n’est pas reluisante avec 247,584 tonnes dont 11 884 tonnes pour l’OHVN.
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Depuis plusieurs années, la filière coton est en proie à de multiples difficultés qui sont en train de jouer négativement sur les performances de la CMDT, tout en réduisant de façon continuelle les revenus des producteurs. A l’origine de cette dégringolade interminable les subventions des producteurs de coton d’autres pays, la baisse du cours du dollar. Sous ces influences, il y a eu une chute de 34% entre 1994-1995 et 2006-2007 du dollar. En effet, le cours du dollar est passé par la suite, de 743FCFA en 2001-2002 à 512FCFA en 2006-2007, soit une baise de 31%. Compte tenu de cette situation, il y a eu une très faible lisibilité des efforts de reprise pendant cette période.
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C’est ainsi qu’on a assisté à l’accumulation des résultats déficitaires de la CMDT. C’est donc clair qu’à la CMDT, la situation va depuis, de mal en pis, au point qu’on se demande aujourd’hui ce qui adviendra avec la privatisation annoncée de la société. On se rappelle qu’il y a quelques mois, le PDG de la Compagnie, Ousmane Amion Guindo avait fait un tapage médiatique sur les antennes de l’ORTM. En cette circonstance, que n’a-t-il pas dit ? Il a, en effet, tenté de mettre les autorités, les partenaires, les producteurs et l’opinion publique en confiance en usant de tout son talent en la matière. Ainsi, avait-il laissé croire que la situation de la CMDT ne cessait de s’améliorer et qu’il existerait des motifs d’espoir, surtout que, par rapport aux créances, avait-il souligné, la société aurait beaucoup fait.
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Aujourd’hui, le constat est amer, puisque la CMDT ne fait que s’enliser. La preuve, le dernier conseil d’administration extraordinaire du 15 novembre s’est tenu dans la discrétion totale. Même à l’issue de cet évènement majeur, les comptes rendus habituels n’ont pas été faits à la télévision ou à travers d’autres médias pour édifier l’opinion publique sur l’évolution de la situation à la CMDT ? C’est pourquoi il y a lieu de se demander si les responsables actuels de la société n’ont pas l’intention de cacher la réalité accablante à l’opinion publique nationale. Dans tous les cas, il ressort un état de fait très peu encourageant de ce conseil d’administration.
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En effet, le déficit de la CMDT entre 1999 et 2006 est de 172,635 milliards de FCFA. Consécutivement à ce déficit, le niveau des capitaux de la CMDT jure avec les normes de l’OHADA. Cette situation paraît difficile à comprendre quand on sait que la société a bénéficié deux fois de l’augmentation de son capital : la première, d’un montant de 6,113 milliards a été une souscription de l’Etat malien en 2004 de même que la seconde à l’issue des résultats de l’exercice 2005, s’élève à 35,732 milliards de FCFA. Pour autant, la situation financière de la société ne s’est pas améliorée, étant donné que les résultats de l’exercice 2006 ont également été négatifs avec un déficit 27,992 milliards. La situation de la trésorerie de la CMDT se caractérise donc par une extrême précarité. Ainsi, le déficit de la société, sans considération de la campagne 2008-2009 en fin mars 2008, est de 108,519 milliards de FCFA. Ce déficit serait ramené à 85,805 milliards de FCFA toutefois si la société parvenait à se faire rembourser les créances de 22,714 milliards de FCFA de Huicoma pour 19,5 milliards, de la FAMAB, 2,7 milliards et de Fitina-SA 0,514 milliards. En raison de ces créances, la CMDT est aujourd’hui incapable d’honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires. Pire, aucun de ces partenaires n’est prêt à laisser augmenter ses engagements. On pourrait donc dire que la CMDT est dans l’impasse la plus totale.
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Au regard de l’ampleur des problèmes, des mesures de sauvetage sont envisagées afin de permettre non seulement à la société d’être en conformité avec les normes de l’OHADA mais aussi et surtout pour la pérennisation des activités.
rnDans ce sens, les mesures urgentes visant à la résolution des problèmes de trésorerie, doivent être prises. Dans ce volet, il faudra aller vers la réduction des charges et le gel des engagements qui portent sur 26,302 milliards de FCFA. Il s’agit de la réduction du coût des consommables.
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Malgré ces efforts, les actionnaires doivent mettre la main à la poche pour réussir 82,217 milliards de FCFA. Ainsi, il y a un besoin de recapitalisation de la société pour 27,992 milliards de FCFA. En plus, l’Etat et le groupe Dagris sont sollicités pour des apports en comptes courants ou d’être cautions de près d’un montant de 54 225 milliards de FCFA. Au-delà de ces aspects, plusieurs autres mesures d’accompagnements sont envisagées, mais qui peut garantir que l’Etat et Dagris accepteront encore d’injecter autant de milliards dans la CMDT, sans être sûrs que la situation sera pérenne ?
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Rappelons que le schéma de privatisation prévoit de démembrer la CMDT en quatre filiales dont les capitaux seraient repartis à hauteur de 61% pour l’opérateur privé, 20% pour les producteurs, 17% pour l’Etat et 2% pour les producteurs, 17% pour l’Etat et 2% pour les travailleurs. En cessation de paiement, le directeur de la CMDT doit faire face en ce moment aux graves problèmes de trésorerie que la société traverse. Un déficit qui hypothèque le maintien de la société dans la mesure ou aucun bailleur ne veut plus voir augmenter ses engagements sur la CMDT. Les travailleurs subiront à l’instar des autres sociétés et entreprises d’Etat dissoutes, les affres d’une mauvaise gestion dont il faille pourtant situer les responsabilités.
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Le ministre Tiémoko Sangaré va-t-il s’assumer et tenter de redorer le blason de cette grande compagnie qui, jusqu’à une date récente, a comblé les attentes des millions de producteurs ? Bref la vache laitière se meurt petit à petit. Face à la mauvaise gestion, ne saurait-il avoir de sursaut ? C’est dommage !
rnTiémoko TRAORÉ
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