La 92e session du Conseil d’Administration de la Compagnie malienne pour le Développement du Textile (CMDT) s’est tenue le jeudi 7 janvier à Bamako. Autour du nouveau président directeur général, Nango Dembélé, les administrateurs ont principalement discuté du budget 2021 au sortir d’une campagne déficitaire de plus de 15 milliards de F CFA.
Dans son discours inaugural, le PDG Nango Dembélé a clairement fait savoir que la session se tient dans un contexte de crise aiguë pour la CMDT qui a connu une baisse historique de la production cotonnière pendant la campagne 2020-2021. En effet, d’après les chiffres avancés par Nango Dembélé, la CMDT a enregistré une perte de 562 800 tonnes de cotons entre les deux dernières campagnes. A ses dires, la production de 710 000 tonnes pendant la campagne 2018-2019, se retrouve à 147 200 tonnes pendant la présente campagne.
A en croire le patron de la CMDT, les causes de cette contre-productivité sont multiples. En effet, au-delà du déficit pluviométrique, de l’impact de la pandémie de la Covid-19, le boycott de la culture du coton par les producteurs est la cause principale de cette chute de productivité occasionnant une perte de 562 800 tonnes de cotons entre les deux dernières campagnes. «Le boycott par les producteurs résulte d’une part, de la tension au sein des organisations de producteurs de coton suite au processus de renouvèlement des instances des sociétés coopératives et, d’autre part, d’une baisse des prix d’achat de base du coton suivie d’une hausse des prix de cession des engrais», a expliqué le PDG de la CMDT. Quant à l’impact de la pandémie, Nango Dembélé a fait savoir que son effet sur la filière coton a été la chute des cours, le ralentissement voire l’arrêt des opérations d’évacuation et d’embarquement pendant de longues périodes. A cela, s’ajoute le manque de pluie suffisante dans le bassin de production entre le 15 et le 30 juin 2020.
Confrontée à d’énormes difficultés, la CMDT plie évidemment sous le poids de la crise mais sans pour autant céder à la charge. C’est pourquoi, son premier responsable a indiqué que la compagnie, qui s’attend à une baisse de revenu, sera amenée à consentir des efforts importants de réduction des dépenses sans compromettre les investissements nécessaires au maintien du capital productif et la relance de la production cotonnière pour la campagne à venir.
Ainsi, compte-tenu de toutes les difficultés évoquées pouvant occasionner un déficit prévisionnel de plus de 15 milliards de F CFA, la CMDT a arrêté un budget d’austérité pour l’exercice 2021 qui se chiffre comme suit : 136,44 milliards F CFA contre 297,300 milliards F CFA pour l’exercice précédent (en produits), 152,15 milliards F CFA contre 284, 952 milliards F CFA pour l’exercice 2020 (en charges) et 1, 11 milliard F CFA contre 17, 89 milliards F CFA pour l’exercice passé (en investissement).
Récemment nommé à la tête de la CMDT, l’ancien ministre de l’Agriculture, qui semble être sur terrain connu, se montre optimiste pour la campagne à venir. «Le déficit prévisionnel de 15 milliards F CFA n’est pas trop inquiétant puisque que nous avons de frémissements sur le marché mondial qui semble indiquer une reprise du cours du coton. Nous sommes assez optimistes pour une relance de la production pour la campagne à venir et également notre capacité à maitriser les charges d’exploitation pour réduire davantage le déficit comme il a été demandé par les administrateurs», a laissé entendre Nango Dembélé qui craint néanmoins une 3e vague de Covid-19 en Europe et en Asie. Ce qui aura un impact négatif sur le cours mondial du coton qui commence pourtant à augmenter.
Alassane Cissouma