Dans le droit fil des recommandations phares des assises nationales sur le coton, tenues en 2021, la Compagnie Malienne pour le Développement des Textiles (CMDT) annonçait, lors de son 102e conseil d’administration, l’arrêt du processus de privatisation déclenché il y’a plus d’une quinzaine d’années. Suite à son entérinement par l’assemblée des actionnaires, le Président Directeur Général, Mamadou Moustapha DIARRA, apparaissait sur les écrans de la télévision nationale, la semaine derrière, pour expliquer les contours d’une décision historique, qui traduit la volonté des plus hautes autorités à réformer le secteur coton. Et, selon le PDG Diarra, avec désormais 99% du capital social détenu par l’Etat Malien, «nous n’aurons qu’une seule société avec une seul registre de commerce unique», avec notamment l’absorption par la Holding des filiales et de l’OCC. Ça n’est pas tout. En lieu et place des administrateurs de filiale, des directions régionales seront créées et rattachées à la direction générale.
Par-delà la sécurisation des partenaires nationaux de la filière ainsi que la rationalisation du management de la société, avec ce retour aux fondamentaux, avec l’aval des plus hautes autorités, le PDG compte accomplir certaines missions de services publics pouvant impacter les conditions de vie des cotonculteurs.
En attendant la décision du tribunal de commerce pour procéder à la liquidation des filiales et de l’OCC, sur le terrain, l’administration de la CMDT travaille, déjà, sur son nouvel organigramme. Lequel, selon les assurances données par son patron, n’auront de conséquences juridiques ni sur le personnel ni sur les organisations paysannes, notamment les coopératives. Le PDG Diarra relève par ailleurs que «cette nouvelle ère va nous rapprocher davantage des coopératives afin d’augmenter la production et la productivité».
En perspective, selon le PDG, l’arrêt du processus de privatisation est une nouvelle ère pour la CMDT engagé à jouer sa partition dans l’économie nationale en tant que deuxième pourvoyeur de devises pour le Mali et dont l’impact touche plus de 4,5 millions de personnes.
En guise de perspectives, la CMDT, nouvelle version, aux dires du patron de son équipe dirigeante, prévoit d’optimiser l’utilisation des ressources, de sécuriser la production et de développer le marché afin de permettre à la société de générer des ressources pour faire face à sa modernisation. La CMDT va s’attaquer également à l’acidité des sols qui joue énormément sur la productivité et développe des dispositifs d’irrigation pour faire face aux aléas pluviométriques. Le patron de CMDT a annoncé également sa volonté de revoir la mixte énergétique de la boite afin de réduire le coût de l’égrenage et de garantir les bases de durabilité, notamment par une gestion des crises sur le marché mondial.
Enfin l’industrie de filature sera également développée afin de créer des emplois et de la valeur ajoutée au coton vendu jusqu’ici à plus 90% à l’état brut.
Pour rappel, avec la privatisation, l’Etat malien, qui détenait 80% du capital devait renoncer à au moins 65% au profit des privés, avec comme conséquence l’émergence de cinq sociétés rattachées à la holding dont les filiales (Sud, Est, Centre et Ouest) et l’Organisation de Classement du Coton (OCC) avec de statut de société anonyme.
Amidou Keita