A l’entame de ses propos, le Président Directeur Général de la CMDT- Holding, le Pr Baba Berthé a expliqué le contexte de sa visite tout en rappelant qu’il se sent à la l’aise avec les travailleurs à l’intérieur que lorsqu’il est à Bamako. « Avec vous, c’est du concret. Les linges sales se lavent en famille », a dit le Pr Baba. Son intervention a porté sur trois points essentiels.
Le PDG de la CMDT a entretenu l’assistance sur la production cotonnière de la filiale Centre de la campagne qui vient de s’achever et qui se chiffre à 108.000 tonnes de coton presque égrenées, couplées à 320.000 de production céréalières. A l’entendre : « Vous avez tenu un engagement. Un, vous vous êtes engagés à produire plus. Deuxièment, vous vous êtes engagés à égrener. Vous avez gagné les deux paris. Toutes mes félicitations, parce vous vous êtes engagés à faire ce que vous devez faire. Il n’y a pas plusieurs manières de vous féliciter. Je vous dis tout simplement chapeau ». Cependant, il évoqué des éléments qui constituent des tâches noires dont la résolution n’est au-dessus des moyens.
A cet effet, Baba Berthé a pointé du doigt la question du rendement. Il dira ceci : « Je sais que ce n’est pas ce que vous aurez souhaité. On est à moins d’une tonne à l’hectare. Cela dépend en partie de vous et des producteurs, parce qu’il y a la qualité du sol qui est en jeu. Tous ceux qui doivent intervenir sur la structure du sol se fondent sur vos conseils, mais c’est également à l’initiative des producteurs. Le rendement n’est pas bon . Il faut le noter comme un autre défi que nous devrions relever dans les campagnes à venir. Il y a des réflexions en cours. Il faut amender les sols. Ce sont des sols qui sont aujourd’hui acides. Toute la zone cotonnière enregistre un taux d’acidité qui est supérieur à la normale. Vous êtes des agronomes et vous avez avec quoi, il faut amender ces sols. Ce qui a été testé aujourd’hui, c’est l’utilisation de la chaux agricole. C’est une réflexion qui est en cours. La CMDT a même acquis une certaine quantité de chaux agricole qui n’est pas utilisée aujourd’hui par les producteurs. Parce que les prix semblent être prohibitif et trop cher aux yoeux des producteurs. Nous allons soumettre la question au gouvernement pour que l’on puisse savoir exactement ce qui peut être fait pour rendre cet intrant accessible pour les producteurs agricoles. Le gouvernement va examiner la question et le faire revenir vers les producteurs par notre entremise. On leur donnera la réponse que le gouvernement a apportée sur la question des structures des sols ».
En ce qui concerne le volet de la qualité, le constitutionnaliste Baba a indiqué : « que le pourcentage de grades de tête était vraiment très bas. Nous sommes à 54%. Ça nous met en difficulté sur le marché international. C’est un appel. En réalité, ce que les gens ne savent pas, c’est qu’une partie de la production qui n’est pas encore semée est déjà vendue. Ça veut dire qu’on a déjà vendu la campagne 2017-2018. Quand j’arrivais en octobre, les 80% du coton que vous êtes en train d’égrener étaient déjà vendus avant même production. Nous avons un dispositif qui permet, à la direction commercial d’observer en permanence à temps réel le cours du coton sur le marché international. Lorsqu’il y a un bond, le directeur commercial m’alerte et je lui ordonne de mettre une certaine de production sur le marché de vente. Malheureusement souvent le prix chute. En ce moment, on arrête la vente. Les gens qui achètent le coton le font en fonction de la qualité du coton. Nous sommes obligés d’être réalistes dans l’évaluation de nos objectifs sans abandonner notre option volontariste. Le problème va revenir. Je vais vous donner des exemples. Vous avez Beleco qui a 28,8% de grades de tête, sur un objectif de 63%. De la même façon, pour une prévision de 79,3%, le secteur de Dioila a réalisé 41, 2% de grades de tête. Le secteur de Fana, pour une prévision de 67%, on est à 38, 5%. Coût de chapeau pour Markacoungo qui affiche la plus belle performance de la filiale. Pour 75,1%, Markacoungo, est à 79,2 %. Pour le secteur de Massigui, pour une prévision de 77,8 %, on a réalisé un taux de 43%. Pour ce qui est de Konobougou, 65% comme prévision, nous sommes à 52,9 %. A Fana, sur une prévision de 71%, on est à 43%. La partie OHVN, pour une prévision de 80, 8 %, on a réalisé 76,9%. En moyenne, la filiale a fait une performance de 54,18%. C’est pourquoi, j’ai dit que ce n’est pas ce qu’on peut espérer. Quand, vous le comparez à la filiale de Kita, qui pour une prévision de 92% de grades de tête, elle a fait une réalisation de 94%. Je ne suis pas persuadé que ce soit la cadence des usines qui détruit la qualité du coton. On aura du mal à me convaincre sur ce point. Kita a fait une belle performance. Jamais, la filiale Ouest n’a égrené autant de coton. Ça veut dire que la qualité de la fibre n’est pas détruite par les industries. Elle n’est pas détruite par la cadence des unités industrielles. La bonne partie des qualités du coton, c’est dans les champs qu’il faut chercher. Ce n’est pas seulement vous, mais c’est aussi les producteurs. Sans vous accabler, je voudrais que vous vous donniez la main. S’il y a une bonne entente et une bonne collaboration entre l’encadrement et les producteurs, on peut améliorer la qualité de notre coton de façon significative. C’est ce travail que je veux. Je vous le demande, par ce que la CMDT a besoin de ça. Samedi, j’ai dit ma part de vérité aux producteurs. Si la CMDT gagne, c’est les producteurs qui gagnent. Ce sont les grades de tête qui se vendent plus chers. Produisez beaucoup, mais aussi avec la qualité. C’est ce qu’on va vous demander ».
Le Patron de la CMDT, a indiqué que : «L’accord d’établissement ne me semble pas satisfaisant. Il y a une rémunération qui est accrochée au poste occupé. Nous allons faire en sorte que la rémunération soit liée au niveau de qualification. Il faut que cela soit su dès le moment du recrutement. En ce moment donc que la CMDT ouvre à chacun la possibilité d’avancer, de se former et d’accéder à la catégorie A. Pour cela, j’aurai absolument besoin de votre soutien et de celui des syndicats. Il y a un besoin d’égalité. C’est incompréhensible de mettre un ingénieur sous les ordres d’une personne qui a le CAP. Vous ne pouvez pas quitter de la catégorie B à A sans la formation. On travaille pour aller de l’avant. Si mon intérêt devrait rentrer en contradiction avec ceux de la C MDT, je trancherais en faveur de la CMDT. Si je ne parvenais pas à trancher, il y a une façon radicale de résoudre la contradiction, c’est de rendre ma démission. Chez vous c’est la même chose. C’est des millions de personnes qui sont adossées à la CMDT ».
Parlant de la gestion des intrants agricoles, le PDG a fait savoir : « Les chercheurs de l’IER nous ont dit qu’il faut aller au chaulage. Je n’ai aucun fournisseur de chaux. Je ne les connais pas. Je souhaite qu’on ait la chaud et qu’on la rende accessible. La réponse n’appartient pas à la CMDT. La réponse ne peut pas venir de la CMDT seule, par ce qu’elle n’a pas les moyens. Nous, on a seulement à soumettre le problème à l’autorité compétente, qui est le gouvernement. Notre devoir, c’est de faire remonter les préoccupations au niveau qu’il faut. En ce qui concerne la gestion des intrants, il y a une part de responsabilité de l’encadrement. Je ne parle pas des industriels. On a des problèmes pour gérer les intrants. Cette année, on a des stocks d’ un niveau jamais égalé. Désormais, il faut faire un recensement exhaustif des besoins à la base, au niveau de la zone de production agricole. Un recensement exhaustif permet de savoir depuis la holding, la quantité d’intrants qu’il faut pour une zone de production agricole. A l’instant, nous avons plus d’une dizaine de milliards de FCFA de stocks dans nos magasins. La CMDT s’est endettée pour acheter ces intrants qui ne sont pas utilisées, mais sur lesquels, nous payons des taux d’intérêts. Faites très attention. Je ne souhaite pas que cette année soit comme les autres années en matière de gestion d’intrants. Si les chefs des coopératives parviennent à faire des choses, c’est certainement avec la complicité de l’encadrement. Soyez très vigilants, par ce que c’est sur vous que j’ai une petite autorité. Je n’ai pas d’autorité sur les paysans pour porter plainte devant le juge. Sur le plan administratif, je dispose d’une panoplie de mesures contre vous. Au niveau local, c’est assurer un suivi rigoureux de mise en place des intrants. Il faut également des cahiers, des bordereaux pour suivre le mouvement des stocks. A ceci, il faut rationnaliser et moraliser la subvention des intrants. Peut-être, il faudra penser à subventionner les produits ».
Le crachoir a été mis à la disposition des agents pour faire part de leurs préoccupations et donner leur point de vue à l’occasion de cette séance du donner et du recevoir. Après une longue écoute, le Pr d’insister sur la qualité du travail et celui du produit destiné à la vente.
Au sortir de cette visite empreinte de franchise et de courtoisie, nous osons croire que chaque travailleur a perçu le message fort du premier responsable du groupe CMDT. Aussi, si l’agriculture est l’espoir du Mali, il faut dire que le coton est le moteur de notre développement économique et social.
Tiémoko Traoré