À qui profite la mort des unités industrielles installées au Mali pour la fabrication d’huiles végétales ? La question taraude les esprits depuis que s’installer un bras de fer entre la Compagnie Malienne de Développement des Textile (Cmdt) et la Fédération Nationale des Producteurs d’Huile et d’Aliment Bétails, autour du prix de la graine de coton.
À la faveur d’une assemblée générale organisée au siège du patronat, hier, les promoteurs d’huileries ont dénoncé la politique de gestion entretenue par Salif Abdoulaye Sissoko, Pdg de la Cmdt. Politique qui vise tout simplement à “assassiner” leurs unités de production et, du coup, augmenter le nombre de chômeurs dans le pays.
Selon les membres de la fédération réunis à la faveur de cette Assemblée Générale, ce sont 53 huileries qui sont en activités au Mali et qui sont officiellement reconnues par l’État. 48 de ces unités de production sont affiliées à cette fédération qui a été créée en 2009, à la suite de son congrès constitutif tenu à Koutiala la même année- là.
Il faut dire que toutes ces unités, pour leurs productions, font recours essentiellement à la graine de coton que commercialise la Cmdt. Même si, pour mieux faire tourner leurs usines, les promoteurs sont obligés de se rabattre sur les pays voisins en vue d’importer la matière première qui leur est nécessaire.
Ceci est d’autant vrai que, compte tenu de l’ampleur du besoin de ces unités de production, le Gouvernement du Mali a été contraint d’écrire officiellement au directeur de la Cmdt pour faire interdiction à ce dernier d’exporter de la graine de coton et, en même temps, lui faire injonction de vendre aux différentes unités de production d’huile implantées au Mali ce dont il dispose en matière de graine de coton.
La Compagnie Malienne de Développement des Textile (Cmdt), faut-il le rappeler, cède à un prix d’or la graine de coton aux promoteurs d’huilerie: 103.000 Fcfa/ la tonne.
Il faut dire que la graine de coton se vendait à 12.000 Fcfa/la tonne avant que les promoteurs d’huileries n’en fassent la matière première de leur production. Dès lors que la Cmdt s’est retrouvée avec une forte demande de tourteau de la part des promoteurs d’huileries, elle a aussitôt monté les enchères pour se retrouver aujourd’hui à 103.000 Fcfa/la tonne.
Après avoir donné de la valeur à la graine de coton, les promoteurs d’huilerie au Mali survivent au prix d’énormes sacrifices, et la Cmdt paraît insensible à cette situation, ne visant que son seul intérêt. Et dire que par le passé, la graine de coton était simplement brûlée et le résidu issu de la combustion était utilisé comme engrais dans les champs.
La graine de coton ne représente que 10% du chiffre d’affaires de la Cmdt, indique-t-on du côté des promoteurs qui payent un lourd tribut du fait de la surenchère. C’est ce qui explique l’étonnement chez les membres de la fédération qui accusent la direction de la Cmdt de s’employer à décapiter leur regroupement, à travers des démarches visant à briser l’élan et la cohésion qui a toujours régné au sein de cette organisation.
Le point d’achoppement entre la fédération et la direction de la Cmdt tourne autour du prix de la tonne de la matière première fixé maintenant à 100.000 Fcfa. Devant cette proposition, la fédération a fait une contre-proposition. Elle souhaiterait que la tonne de la graine de coton soit cédée à 60.000 Fcfa. Depuis, c’est un dialogue de sourds entre les deux parties.
Autre problème soulevé par les promoteurs d’huileries: la Cmdt a unilatéralement fixé le prix de la graine de coton à un moment crucial pour les unités industrielles, confrontées à la pression des banques auprès desquelles des dettes ont été contractées.
La fédération s’est élevée contre ce comportement de la direction de la Cmdt en interpellant les autorités, afin que celles-ci leur évite de mettre la clé sous le paillasson.
À cause de cette politique de mauvais aloi, les responsables d’usines réunis hier au patronat ont dénoncé la direction de la Cmdt qui, selon eux, peut être responsable de la mort de leurs unités industrielles. Le Pdg de la Cmdt Salif Abdoulaye Sissoko est donc interpellé.
Laya DIARRA