Ciment au Mali : l’amorce d’une production nationale

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APA Bamako (Mali) L’ovation soulevée par la récente promesse du président malien Amadou Toumani Touré de rouvrir la cimenterie de la défunte Socima (Société des ciments du Mali) en dit long sur les attentes de la population malienne par rapport à un ciment « made in Mali ».

A défaut de pouvoir couvrir toute la demande actuelle du pays le redémarrage des activités de la cimenterie pourrait au moins, pense-t-on, contribuer à une stabilisation des prix sur le marché.

Faute d’une production nationale, le Mali importe actuellement, selon les données officielles, près de 1,5 millions de tonnes de ciment par an en provenance de la Côte d’Ivoire, sa voisine du sud et du Sénégal, son voisin de l’ouest.

Les prix ont doublé en dix ans tandis que la qualité baissait, estiment les consommateurs qui se plaignent par ailleurs des pénuries qui coïncident tous les ans avec le début des campagnes cacaoyères en Côte d’Ivoire.

Lorsque débutent ces campagnes qui, en plus d’être lucratives, permettent une plus grande rotation des véhicules, les camionneurs se détournent du transport du ciment de la Côte d’Ivoire vers le Mali, explique Baba Traoré, un détaillant de ciment de la capitale malienne.

Or, ajoute le grossiste Baba Bathily, la forte demande intérieure du Mali est appelée à croître au cours des prochaines années du fait du rythme rapide d’urbanisation et des grands travaux envisagés parmi lesquels la construction d’un troisième pont sur le fleuve Niger à Bamako.

Les besoins futurs du pays pourraient, selon lui, être partiellement comblés avec une « petite cimenterie » du genre de celle de Diamou dont la réouverture prochaine a été annoncée par le président Touré alors en campagne électorale dans la région de Kayes, à l’ouest du pays.

Créée sous la 1ère République (1960-1968) avec des investissements et équipements soviétiques, la cimenterie de Diamou a d’abord été exploitée par la Socima, une entreprise de l’Etat malien qui l’a, au bout d’une vingtaine d’années d’exploitation, cédée à des particuliers maliens.

Elle dispose d’ateliers de concassage, de broyage, d’homogénéisation, de cuisson, de maintenance ainsi que de centrales électriques qui, selon un cabinet d’expertise, sont restés dans « un parfait état de fonctionnement » parce- que n’ayant pas été « beaucoup sollicités pendant la durée de vie de l’usine ».

De 25.960 tonnes de clinker pour 36.345 tonnes de ciment en 1970, la cimenterie de Diamou est passée à 11.057 tonnes de clinker pour 15.480 tonnes de ciment en 1996, sa dernière année de production.

Une évolution qui, de l’avis du cabinet d’expertise, montre que les équipements sont « sur-dimensionnés » et que le potentiel installé (50.000 tonnes/an) a été « sous-exploité pour diverses raisons ».

« Le remplacement des pièces d’usure et de quelques équipements auxiliaires permettra de restaurer entièrement la capacité initiale de la cimenterie » en vue d’une production de ciment « made in Mali », conclut le cabinet d’expertise.

Une possibilité en laquelle croit l’expert indépendant Mamadou Goumané à condition, a-t-il confié à APA, que l’Etat malien consente, au préalable, à investir au moins un milliard de francs CFA pour localiser les matières premières (calcaire, argile, oxyde de fer) dont regorge la région.

Nul particulier n’acceptera, a-t-il ajouté, de prendre de tels risques à la place de l’Etat qui dispose là d’occasion de faire montre d’une réelle « volonté politique » de doter le pays de sa propre unité de production.

AT/mn/APA
23-04-2007
 

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