Modibo Mao Makalou aborde, dans sa chronique économique hebdomadaire du 22 Août 2021, dans l’émission «On refait l’actualité», sur Renouveau TV, le 50ème anniversaire de la fin de la convertibilité du dollar américain en or. Il s’est également intéressé à la monnaie numérique dans les banques centrales dans le monde, plus précisément en Afrique.
« Le 15 août 1971 le système monétaire international a subi un changement majeur », rappelle l’économiste Modibo Mao Makalou. Il nous fait part aussi de ce qui a caractérisé les échanges internationaux, surtout la monnaie de réserve internationale par excellence, le dollar.
En effet, détaille-t-il, la nouvelle architecture financière internationale a été mise en place par les accords de Breton-Wood, une petite bourgade qui se trouve au Nord-Est des Etats-Unis, où le 20 juillet 1944, 44 gouvernements se sont retrouvés afin d’organiser le système monétaire international avec la création du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et plus tard de la banque des règlements internationaux.
Mais ce système monétaire a été surtout organisé autour du dollar américain. Car comme nous le savons, c’était vers la fin de la deuxième guerre mondiale, où les Etats-Unis d’Amérique, en cette époque, étaient la plus grande puissance économique, politique et militaire étaient.
Ainsi, à travers ces accords de Breton-Wood, le dollar devenait la seule monnaie convertible en or au monde et on appelle ça l’étalon-or. En effet, ajoute-t-il, c’est une loi du 02 avril 1792 qui faisait que le dollar américain valait 1,6 gramme d’or ou 24 grammes d’argent.
C’est donc, explique-t-il, suite à une dévaluation, à une dépression en 1934 qu’il a été fait en sorte que cela soit changé, donc qu’il y ait une dévaluation. Donc, le dollar a été dévalué de 46%. Mais, poursuit-il, tout cela va changer le 15 août 1971 lorsque le président des Etats-Unis, Richard Nixon, a suspendu unilatéralement et provisoirement ces accords d’étalon-or c’est-à-dire ce système de change fixe où le dollar était au centre de l’économie et était convertible en or. C’était supposé provisoire mais cela a été permanent par la suite, mettant ainsi fin au régime d’échanges fixe au niveau international pour entamer plus tard un régime d’échanges flottant. La fin de l’étalon-or a, selon M. Modibo, mis fin à ce qu’on appelait la fin de la notion de monnaie réelle qui est un bien ayant une valeur réelle car l’or équivalait à 10 dollars et vice-versa.
Parlant de la monnaie numérique ou virtuelle, l’économiste affirme que la révolution technologique n’affecte pas que les autres secteurs mais qu’elle affecte aussi l’économie et la finance de nos jours. Il explique que les statistiques sont assez édifiantes quant à la monnaie des banques centrales. En 2019 déjà, 41% des banques centrales faisaient déjà des tests exploratoires pour comment émettre cette monnaie.
Et en 2020, ajoute M. Makalou, «nous étions déjà à 60% mais en 2021, 80% des banques centrales dans le monde sont en train d’expérimenter une monnaie digitale émise par une banque centrale». Selon l’économiste, tout dépend, en réalité, de la plateforme technologique qui sera choisie mais aussi la législation de même que la réglementation. Parce que, poursuit-il, avec le numérique, les enjeux sont énormes de même que les avantages et les défis.
Mais déjà, en avril 2020, précise-t-il, il y a eu quand même un évènement important, c’est que 4 banques centrales majeures dans le monde avaient déjà un projet pilote de test de monnaie numérique, y compris la banque centrale de la Chine. Pas plus tard que la semaine dernière, révèle-t-il, le Ghana a annoncé la mise en œuvre d’un projet en septembre 2021 ; rejoignant les pays qui sont à la pointe de cet exercice, comme les banques centrales du Maroc, de l’Egypte, du Kenya, du Nigéria et de l’Afrique du Sud.
Il a également fait savoir que la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est aussi en train d’explorer les voies et moyens pour pouvoir émettre cette monnaie mais aussi les parlementaires de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont familiarisés récemment avec le sujet. Donc, à travers ce projet pilote, la mise en œuvre effective sera décidée.
La monnaie numérique a des avantages parce qu’une monnaie numérique, c’est en fait un billet de monnaie ou une pièce de monnaie mais qui est sous forme électronique, qui est dématérialisée. Donc cela veut dire que c’est émis par la banque centrale et que ce n’est pas anonyme, c’est réglementé et sans risque. L’un des avantages est, selon M. Modibo Makalou, qu’on pourrait faire des payements internationaux de manière beaucoup plus importante parce qu’il y aura très peu d’entraves aux transactions transfrontalières. Mais il y aurait aussi une plus grande inclusion financière car nous savons, en réalité, qu’il y a 2 milliards et demi de personnes qui n’ont pas un compte bancaire sur les 7 milliards et 700 millions de personnes que nous sommes sur notre planète.
Un autre avantage de la monnaie numérique est le fait que nous pourrions faire des transactions en temps réel c’est-à-dire de manière instantanée et sans frais ; cela pourrait contribuer à accroître la stabilité du système financier international.
Cependant, selon l’économiste, des défis sont à relever comme le défi des données personnelles. Où seront stockées les données personnelles servant à utiliser cette monnaie, connaissant le défi de la cybercriminalité et la cyber-sécurité ? Comment faire pour que les données personnelles soient bien sauvegardées ?
Un autre défi se situe au niveau de la politique fiscale, du fait qu’il n’y aurait pas de transactions en numéraire en matière fiscale, il va être difficile de détecter certaines transactions.
Fadiala N. Dembélé/Stagiaire