Chambre des mines du Mali : L’encadrement et le développement de l’orpaillage au cœur des préoccupations

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Depuis quelques temps, Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines du Mali et son équipe ont élaboré un ambitieux programme d’un montant de plus de 35 milliards de F CFA pour réorganiser le secteur de l’orpaillage dans notre pays. Voici les grandes lignes de cette vision patriotique et salutaire.

 

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Abdoulaye Pona, président de la Chambre des mines

Comment cadrer l’orpaillage afin qu’il contribue au développement socio-économique du pays?

C’est à cette lancinante question que la Chambre des mines Mali attend donner une réponse adéquate, à travers l’élaboration de la présente feuille de route. Au Mali la population des orpailleurs est estimée dans les trois régions minières actives (Kayes, Sikasso et Koulikoro) à plus d’un million de personnes. La production artisanale d’or dans ces trois régions est évaluée à environ 10 tonnes.

 

Si l’orpaillage est une activité séculaire dans lesdites régions, sa pratique actuelle est source de nombreuses difficultés à cause de la grande ruée des populations vers l’activité, due à la pauvreté généralisée dans le pays d’une part et à l’envolée du cours mondial de l’or d’autre part.

 

L’insuffisance des textes qui régissent le domaine, l’absence d’organisation et le mauvais encadrement des orpailleurs ont conduit à : L’envahissement des permis miniers des particuliers et des sociétés ; La destruction de l’environnement (galeries, déboisement, utilisation non maitrisée de produits chimiques nocifs comme le mercure et le cyanure) ; L’émergence d’activités illicites sur les sites (prostitution et trafic de stupéfiants).

 

Qu’en est-il alors de ce programme?

I- OBJECTIFS DU PROGRAMME

C’est en vue de remédier à ces problèmes et d’anticiper leurs conséquences que la Chambre des Mines du Mali, en collaboration avec les services de l’Etat, certains partenaires et tous les acteurs de la filière, a pensé et élaboré le présent programme. Il vise à promouvoir un nouveau système d’exploitation artisanal d’or au Mali, en vue d’améliorer sa contribution à l’économie du pays et d’exercer l’activité dans un contexte de développement durable. Il s’agit plus spécifiquement de: Organiser les orpailleurs du Mali ; les Former ; les Doter en équipements de travail adéquats.

 

II- STRATEGIE DU PROGRAMME

En fait, le programme tourne essentiellement autour de l’organisation, de l’équipement et de l’accompagnement des orpailleurs.

 

Le processus d’organisation prévoit, de prime abord, de structurer les orpailleurs en sociétés coopératives; la forme Société Coopérative étant reconnue dans le monde entier pour être à même d’aider les groupes de personnes à faibles revenus à se développer dans l’union et la solidarité.

 

2-1– ORGANISATION DES ORPAILLEURS

2-2Les orpailleurs seront assistés pour se constituer en des sociétés coopératives de base, en unions de sociétés coopératives et plus tard en fédération de sociétés coopératives des exploitants miniers artisanaux.

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Chaque société coopérative de base sera constituée par cent (100) adhérents au maximum. Chaque union sera constituée de dix (10) coopératives de base et la fédération réunira l’ensemble des unions des sociétés coopératives créées dans le secteur.

 

Ainsi, il est prévu au départ, pour chacune des trois régions minières actives, à savoir Kayes, Koulikoro et Sikasso, 300 sociétés coopératives de base, 30 unions de sociétés coopératives, soit 90 unions au total détaillées, comme suit :

 

KAYES : 300 Sociétés coopératives de base ; 30 Unions de Sociétés coopératives ; 30 000 adhérents.

 

KOULIKORO : 300 Sociétés coopératives de base ; 30 Unions de Sociétés coopératives ; 30 000 adhérents.

 

SIKASSO : 300 Sociétés coopératives de base ; 30 Unions de Sociétés coopératives ; 30 000 adhérents.

 

TOTAL REGIONS: 900 Sociétés coopératives de base ; 90 Unions de Sociétés coopératives ; 90 000 adhérents.

 

En somme, le programme mettra en place 900 sociétés coopératives de base, 90 unions de sociétés coopératives qui compteront 90 000 adhérents, soit 9% de l’effectif actuel estimé des orpailleurs au Mali.

 

2-2- DELIMITATION DU CADRE D’OPERATION DES ORPAILLEURS

Après la création des coopératives, il sera procédé à la délimitation des couloirs d’orpaillage sur lesquels les unions de sociétés coopératives seront installées pour mener leurs activités.

 

Pour créer les couloirs, il sera procédé avec le concours des services techniques compétents au recensement de tous les permis détenus par des opérateurs nationaux n’ayant pas pu les mettre en valeur. Ces propriétés seront constituées en couloirs d’orpaillage et les dits opérateurs détiendront des parts sociales dans les unions de sociétés coopératives qui exploiteront leurs domaines. Le taux de ces parts sera déterminé et standardisé au moment de la mise en œuvre du programme.

 

2-3- EQUIPEMENT DES ORPAILLEURS

Ensuite suivra la dotation des unions en équipements.Les équipements fournis dans le cadre de l’accompagnement des orpailleurs sont ajustés à chaque couloir, coopérative, type de sol et besoin du site.

Les équipements prévus pour le programme sont des équipements d’exploitation artisanale mécanisée.

 

Il reste entendu que le programme dans sa pratique ne supprimera pas la valeur cardinale traditionnelle de l’orpaillage, malgré la présence des équipements mécanisés, c’est à dire le travail manuel des orpailleurs.

 

Les équipements prévus dans le cadre de ce programme sont modulés en kit constitué de: 4 containers; 4 Concasseurs- broyeurs de type HPC10 d’une capacité de1tonne/ heure chacun;

 

2      Laveries comprenant une pré-séparation (récolte du concentré) et une finition (traitement du concentré) ; 2 Tractopelles 1300 ; 2 Dumpers de 9MT ; 1 Compresseur à air; 1groupe électrogène de 120 KVA ; 1 tracteur agricole ; 1 Pick-up 4X4 double cabine de liaison ; 2 motos Sanili de liaison.

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v  De même, chaque union de sociétés coopératives sera dotée de la ressource humaine requise pour bien mener ses activités. Plus précisément, il s’agira de : Un Ingénieur géologue; Un Technicien supérieur en géologie; Un administrateur ; Un gestionnaire; Un agent de santé; Un mécanicien formé pour l’entretien et éventuellement la réparation des équipements ; Un chauffeur pour les liaisons.

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III- DUREE ET COUT DU PROGRAMME

Pour une durée de 5 ans, le coût global du programme est estimé à 35 976 410 000 F CFA.

IV- LES PARTENAIRES DU PROGRAMMELES

Pour la mise en œuvre de ce programme, la CMM a comme partenaires notamment:La Société SBC (Swiss Bullion Company) pour l’ensemble du processus et dans toutes les 3 régions;La coopération Suisse à travers la Direction du Développement et de la Coopération (DDC)

V- CONTRAINTES/DIFFICULTES

La mise en œuvre de ce programme reste tributaire d’un certain nombre de contraintes/difficultés, à savoir:La difficulté de regroupement des orpailleurs (autochtones et allogènes de diverses provenances);La difficulté d’accès des orpailleurs aux sources de financement;La non prise en compte de l’activité d’orpaillage par les services techniques dans la délimitation des espaces miniers (absence de couloirs d’orpaillage).

VI- RECOMMANDATIONS

v  Aux contraintes/difficultés évoquées, nous préconisons les solutions suivantes:Inciter les orpailleurs à se regrouper en sociétés coopératives;Mettre en place des lignes de financement en faveur des orpailleurs;Délimiter suffisamment des couloirs d’orpaillage.

A.BD

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