Coup d’Etat, hold-up, haute trahison, au propre comme au figuré, aucune expression ne semble être de trop ou du moins exagérée pour qualifier le flou artistique savamment orchestré et qui a conduit à la cession de l’huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) au Groupe Tomota qui n’existait pas à l’époque. En dépit de la gravité de cette situation soumise à l’appréciation des députés depuis le 13 décembre 2010, aucune décision n’est prise pour inciter le gouvernement a appliqué les recommandations des limiers du Vegal. Ainsi, une seule question est sur toutes les lèvres, certains camarades de Dioncouda ont-ils eu leur part de gâteau ?
Jadis une société mixte très florissante, l’Huicoma avait pour objet social, la transformation industrielle des graines de coton et d’autres produits oléagineux et la commercialisation des produits de sa fabrication. Filiale de la CMDT jusqu’au moment de la cession de la part majoritaire de l’Etat, l’huicoma traverse aujourd’hui une zone d’ombre sans précédent.
Au delà des 13,53 milliards de FCFA du contribuable volatilisés, le montage artistique savamment orchestré au sommet de l’Etat et qui a abouti à la cession de la société, démontre encore si besoin en était, la putréfaction de l’Administration malienne.
Dans cette affaire, sous d’autres cieux, il y aurait matière à éjecter au sommet de l’Etat. Car, il est difficile d’imaginer un Etat qui prend du plaisir à violer sans aucune urgence, les dispositions de sa loi fixant les principes fondamentaux de la privatisation des entreprises publiques. Sans aucun décret autorisant cette cession des actions de l’Etat, les autorités maliennes se sont permis de signer un protocole d’accord avec le groupe Tomota qui n’existait pas au moment de la soumission des offres. Comme par miracle juridique, c’est donc les documents de graphique industrie qui ont permis au groupe Tomota créé deux mois après l’ouverture des plis. (Graphique industrie soumissionnaire et acquéreur provisoire et le groupe Tomota signataire du protocole d’accord de session de la même offre). Du jamais vue selon les spécialistes des passations de marchés. En plus de cette gymnastique d’acquisition hors du commun, le groupe Tomota servi sur un plateau d’or s’est autorisé une gestion calamiteuse sans tenir compte du protocole d’accord.
LA DIVAGATION DU GROUPE TOMOTA
En droite ligne de la violation des principes fixant la privatisation des entreprises publiques au Mali, l’Etat n’a pas daigné suivre l’application du protocole d’accord prévue pour 3 ans. Profitant de cette aubaine qui est loin d’être gratuite, le Groupe Tomota qui devait initialement négocier, conclure et financer le plan social, s’est inexplicablement déchargé encore une fois sur la vache laitière déjà sacrifiée à plusieurs reprises (Mali) dans cette affaire. Au lieu d’obliger le nouvel acquéreur à s’entendre avec les travailleurs, l’Etat s’est proposé de les abattre à sa place avec la complicité de l’UNTM, qui aurait aussi tiré son épingle de ce jeu macabre avec les travailleurs comme pions.
Dans ce cafouillage monstre entretenu par certains barons de l’Etat, le groupe Tomota a profité pour ne pas réaliser les investissements prévus par le protocole d’accord pour les 3 ans et qui s’élevaient à 6,34 milliards de FCFA. Pour ne rien arranger, malgré les violations motivées de part et d’autres des dispositions de la loi N° 94-041 fixant les principes de la privatisation, le ministère des finances trouvait le moyen d’accorder des avantages injustifiés et non prévus dans le protocole. Dans ce lot, nous pouvons citer entre autres : l’octroi des exonérations des droits et taxes rattachés à l’importation des hydrocarbures destinées à l’usine de Koutiala et à celle de Kita.
Se sentant pousser des ailes sur le dos des maliens, pendant que les travailleurs étaient en train de mourir de misère, le groupe Tomota trouve le moyen de décaisser 2 milliards 295 millions de FCFA pour acheter des camions qui, au finish, ont été utilisés à d’autres fins. A ce sujet, les limiers qui ont décelé ce coup d’état contre le peuple malien, sont formels. Ces véhicules dont le prix aurait pu servir à financer le plan social, ne figurent pas dans le patrimoine de l’Huicoma. Selon une source proche du groupe, ces camions serviraient aujourd’hui sous le label de graphique Industrie en toute impunité.
Dire que toute cette corruption du siècle s’est déroulée sous le règne d’ATT qui se dit Champion dans la lutte contre la corruption au Mali ! Difficile d’imaginer qu’on puisse faire l’impasse sur cette affaire qui aurait pu faire soulever la France.
LA DEMISSION DE DIONCOUDA ET SES CAMARADES
En tant que candidat à l’élection présidentielle, Dioncounda tient là une opportunité de se rapprocher des Maliens surtout après sa mésaventure du code des personnes et de la famille. À défaut, il doit rayer de son programme de campagne, la lutte contre la corruption. Pour beaucoup d’observateurs, Dioncounda serait aussi impliqué dans cette affaire.
Malgré la persévérance du groupe parlementaire Saadi – Parena pour élucider cette affaire qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive sans que le groupe Tomota ne soit inquiété, l’assemblée Nationale semble fuir ses responsabilités de contrôle de l’action gouvernementale.
Pour expliquer cette complicité des pensionnaires de Bagadadji, les observateurs estiment que certains d’entre eux seraient mouillés jusqu’au coup. Pour prétendre à la magistrature suprême du pays, l’actuel président de l’assemblée nationale doit faire ses preuves dans sa gestion actuelle des affaires de l’Etat, surtout en matière de lutte contre la corruption. A défaut, son atterrissage risque d’être brutal en 2012 à N ara.
À suivre…
Lemzo Diallo