L’Etat exonère, les populations payent le prix fort pour payer le même produit tandis que les opérateurs véreux et leurs complices dans les ministères et à la douane font fortune aux dépens des consommateurs et du Trésor public. Voilà résumé l’effet de la politique d’exonération au Mali. Celle-ci n’a presque aucun effet sur le prix de vente des produits qui bénéficient de ce sacrifice fiscal du gouvernement.
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C’est hier qu’a pris fin la prolongation de la période d’exonération sur certaines denrées de base comme le riz, le lait en poudre, l’huile d’arachide raffinée, l’huile de palme raffinée et l’huile de coton raffinée. Une mesure prise par le ministère de l’Economie et des Finances en vue de permettre aux fidèles musulmans de passer dans les bonnes conditions le ramadan. Le gouvernement malien avait pris, en juillet dernier, des mesures exceptionnelles pour juguler la crise née de la période précoce de soudure constatée cette année au Mali, en début du mois de juin.
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Les autorités maliennes avaient accordé à l’époque une exonération de la TVA, représentant 18 % de la facture fiscale, pendant deux mois (juillet-août) aux importateurs de lait en poudre en vrac et d’huile alimentaire en vrac, alors que d”un autre côté, par arrêté interministériel, il a été suspendu pendant la même durée l’exportation des denrées alimentaires comme le riz, les céréales sèches, le lait, le sucre, l’huile alimentaire et la farine de froment.
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Quel a été l’impact réel de cette prolongation ? En tout cas, peu de consommateurs l’ont vu puisqu’ils ont continué à payer le prix fort pour avoir ces produits qu’on peut considérer comme subventionnés par l’Etat.
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Et pourtant, malgré ces échecs au point de vue impact positif sur la consommation, le gouvernement continue à exonérer à tour de bras. Il est normal que la franchise diplomatique s’applique aux biens importés à l”intention du personnel diplomatique et des organismes internationaux. Les effets et objets personnels sont ainsi exonérés de droit de douane. De même, certains projets peuvent bénéficier de cette exonération.
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Mais, le Mali accorde des exonérations de droits de douane aux entreprises agréées sous le code minier, des exonérations de fiscalité intérieure aux entreprises touristiques et hôtelières, aux entreprises réalisant des logements économiques… sans trop souvent se demander quelles en sont les retombées socioéconomiques.
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Cette politique d’exo cache un profond malaise. Depuis des décennies, le Mali est en crise d’adaptation aux principaux courants de transformation sociétale. Ce qui se traduit par une crise d’adaptation à la mondialisation dont le principal effet pervers est le basculement de plus en plus des citoyens dans la grande pauvreté, un phénomène accentué par la baisse de compétitivité des principaux produits d’exportation, à part bien sûr l’or qui est en train de battre tous les records sur le marché international.
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Face à cette conjoncture économique et monétaire se traduisant par une inflation volontaire, l’Etat s’efforce de renoncer à ses recettes fiscales pour juguler les prix. Malheureusement, ces mesures n’atteignent jamais les objectifs recherchés. Parce que des fonctionnaires corrompus et des opérateurs économiques les confisquent dans leurs seuls intérêts. Et là où le bât blesse, c’est que l’Etat ne fait rien pour punir ces sangsues qui s’enrichissent aux dépens des Maliens et du Trésor public. Et c’est vraiment dommage !
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Moussa Bolly
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