Jusqu’aux élections des listes devant constituer l’Assemblée consulaire, Youssouf Bathily ne voyait pas d’entrave pour rempiler comme président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) car seul candidat déclaré. Mais voilà que s’annonce un duel avec Sanou Sarr, en train de battre campagne, tandis que Boubacar Tandia, cité parfois à tort, n’est pas du tout candidat.
Les membres des trois sections (commerce, industrie et services) devant constituer l’Assemblée consulaire sont actuellement connus, suite aux élections tenues le 17 janvier dernier.
En attendant l’installation officielle de cette assemblée consulaire qui devra ce jour-là élire un Bureau, on peut y voir plus clair sur les intentions des uns et des autres car la campagne est ouverte pour les candidats à la présidence de la Ccim. En même temps, les négociations vont bon train en ce qui concerne les places dans le bureau.
D’ores et déjà, la quiétude de Youssouf Bathily, qui croyait pouvoir succéder à lui-même sans entrave, à travers une liste unique de Bureau consensuel, devra se préparer à un duel avec Sanou Sarr qui est sur le terrain pour battre campagne.
Sanou Sarr qui a pointé le nez en lieu et place de l’éternel perdant, notamment Amadou Guittèye que tout le monde attendait, avec sa candidature prise très au sérieux bouleverse les plans de Youssouf Bathily. Dans les milieux d’affaires, on craint que Sanou Sarr, qui a mené la campagne de Guittèye lors des dernières élections, ne soit adoubé par ce dernier et avec tout le clan. Ce qui fera déjà une bonne base pour Sanou Sarr qui peut se faire rallier des voix de membres consulaires des régions, à l’image de Kayes d’où il est originaire et y a même été membre de l’Assemblée consulaire régionale.
Pour éliminer un mal, il faut le couper à la racine, dit-on. C’est pourquoi ceux qui œuvrent pour un Bureau consensuel, une façon d’ouvrir à Youssouf Bathily un boulevard, mettent la pression sur Kayes où une mission s’est rendue en fin de semaine dernière afin de décrocher, avec l’influence de sa base naturelle, le retrait de Sanou Sarr. Ce qui n’est pas encore fait et il ne sera pas facile de gérer cette situation car même si Sanou devra se retirer de la course, ce sera conditionné à un partage des postes du Bureau pour que lui et de fidèles compagnons puissent y siéger.
Il nous revient d’ailleurs que les projections faites jusque-là excluaient la présence de Sanou Sarr dans le Bureau. Il trouve donc, en sa candidature, l’élan nécessaire pour rebondir car il faudra désormais compter avec lui. Ce qui signifie aussi qu’une négociation pour l’entrée de Sanou Sarr et compagnie dans le Bureau amènerait Youssouf Bathily à revoir ses plans et qui sait, il pourrait être amené à sacrifier des promesses faites à des opérateurs économiques de les faire figurer sur la liste du Bureau consensuel. Est-ce d’ailleurs la raison qui l’a poussé à demander au ministre de tutelle d’augmenter la taille du Bureau ? On se demande maintenant comment le ministre concerné, celui du Commerce et de l’industrie, pourrait-il répondre favorablement à cette requête pressante sans passer par une procédure de refonte des textes.
En attendant de savoir si le duel Youssouf Bathily-Sanou Sarr aura bien lieu, précisons que le nom de Boubacar Tandia, qui revient avec insistance ces derniers jours, relève de l’intox. En clair, Boubacar Tandia n’est pas candidat au poste de président de la Ccim. En effet, très choqué par la division au Conseil national du patronat du Mali où il n’a voulu aller avec aucun des camps, par respect pour l’unité et la cohésion du secteur privé auxquelles il tient tant, Boubacar Tandia souhaite que la Ccim ne marche pas sur les pas du Cnpm. Malgré l’appel insistant d’opérateurs économiques qui veulent le voir déclarer sa candidature, Boubacar Tandia campe sur sa position, notamment celle de ne jamais constituer un catalyseur de la division du secteur privé national, appelé à serrer les rangs et les coudes pour agir ensemble, efficacement, dans l’harmonisation des points de vue sur des questions essentielles qui concernent l’environnement des affaires.
Cette posture de Boubacar Tandia n’est pas nouvelle car il l’avait adoptée depuis les dernières élections de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, il y a cinq ans, lorsque par un scrutin tripatouillé, on l’avait déclaré vaincu. Il pouvait, comme d’autres l’ont souvent fait dans pareils cas, saisir les tribunaux pour ouvrir un contentieux électoral. Mais il avait fait preuve d’une grande sagesse, laquelle avait charmé l’opinion nationale lorsqu’il déclarait : “Je suis persuadé que j’ai gagné les élections, mais que personne ne s’attende à me voir m’engager dans un processus de contestations qui ne fera que diviser le secteur privé qui n’a pas besoin de cela. Que cela soit moi ou un autre, que ça soit dans l’intérêt du secteur privé national. Moi, je tourne la page”. De tels propos sonnent comme une leçon de sagesse dans un milieu où les égos l’emportent parfois sur la raison. De toute façon, cette posture a beaucoup grandi Boubacar Tandia, aussi bien en notoriété qu’en estime des Maliens qui le lui manifestent tous les jours.
Amadou Bamba NIANG