Imbroglio à la CCIM :rnLégalité oui, reconnaissance de Bittar non !

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Tout en se proclamant légalistes pour le respect de la décision rendue dans l”affaire de la CCIM, Ousmane Guittèye et ses camarades en ont cependant appelé à Dieu pour le triomphe de la vérité. Ce qui, en d”autres termes, signifie qu”ils dénient toute légitimité à Jeamille Bittar.

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La Chambre de commerce et d”industrie du Mali (CCIM) est dans l”épreuve. Point focal du secteur privé national dont l”apport au budget d”Etat est considérable, l”institution que dirige encore Jeamille Bittar risque en effet de sombrer dans une paralysie mortelle. Au grand dam, on s”en doute, de la République qui verrait les initiatives nationales bloquées dans leur élan de création de richesses et d”emplois. Les deux camps, qui se disputent le contrôle de la CCIM, sont, de toute évidence, engagés dans un duel qui laisse peu de place au compromis, surtout que toutes les voies de recours judiciaires sont désormais épuisées.

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Le verdict récemment prononcé en faveur du camp de Bittar a trouvé ses limites dans la réaction du camp Guittèye. En effet, les opérateurs économiques, réunis sous la bannière d”Ousmane Guittèye, apparemment conseillés par des hommes avisés et d”expérience, ont choisi la voie de la légalité pour combattre leur adversaire. Pour eux, le verdict prononcé par la Cour suprême étant sans appel, il convient, en citoyens soucieux du respect des lois de la République, de le reconnaître sans toutefois renoncer au combat contre ce qu”ils estiment relever de la fraude évidente. C”est ce qui a filtré de leur conférence de presse de la semaine dernière. « Nous sommes des légalistes, nous respectons la loi, mais nous ne travaillerons jamais avec Bittar. Que Dieu soutienne la vérité », telle a été leur conclusion.

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En somme, ils retirent au clan Bittar la légitimité sur laquelle est nécessairement basé le pouvoir du président et du bureau de la CCIM. Mais incarnent-ils eux-mêmes la légitimité au détriment de Jeamille ? Le bataillon dont dispose le camp d”Ousmane Guittèye tend à l”affirmer.

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D”abord à cause du fait majoritaire qui est prouvé dans les documents du résultat du vote. Les votes exprimés en faveur de Guittèye doublent, en effet, ceux de Bittar ; seuls les votes par procuration ont manifestement joué pour ce dernier. Ensuite en raison de l”importance des personnalités qui sont avec Guittèye, et de la considération et de l”audience dont celles-ci jouissent dans le pays. Majoritairement et par section, ils sont nombreux les opérateurs économiques qui se sont désolidarisés de Bittar.

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Gros calibres contre Bittar

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Du groupement des commerçants, on peut citer outre Malamine Tounkara qui apparaît dans la situation comme la plaque incontournable du secteur privé, Cheickna Hamalla Bathily, Tidjane Tambadou, Babou Yara, Mandjou Simpara, Ousmane Guittèye, Amadou Djigué, Karamoko Oulalé, Soya Golfa, Tidjane Kouma, Baba Sylla, Ba Seydou Sylla, Alou Tomota, l”honorable Mme Haidara Chatou, etc.

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La section services n”est pas moins nantie avec Youssouf Traoré de Bani Transport, Mamadou Sinsi Coulibaly, Djita Dème (présidente de l”Ordre des pharmaciens), Lalaïcha Ascofaré et tous les transitaires et banquiers que compte le pays.

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La section industries présente tout autant de gros calibres comme l”honorable Hamadaou Sylla, Adama Koly Coulibaly, Mamadou Sidibé (Somapile), Souleymane Koné (imprimeur), Bilai Coullibaly, Mamadou Ndiaye.

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Et, last but not least, cinq des huit vice-présidents du bureau de Jeamille Bittar sont avec Ousmane Guittèye. Ce sont : Mamadou Ndiaye, Kolly Coulibaly, Baba Sylla, Madjou Simpara et le trésorier général Youssouf Bathily. Il faut ajouter à tout ce monde la redoutable Aïché Malinké, présidente des femmes commerçantes.

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Sans doute, dans l”histoire de la CCIM, c”est la première fois qu”un président de l”institution a contre son mandat autant d”opérateurs économiques en vue et qui ont les moyens de leur refus d”accepter un leadership, quel qu”il soit. Ce qui, au plan national et international jette sur la CCIM un discrédit sans précédent préjudiciable à l”institution elle-même et à ses dirigeants contestés. Mais qu”a donc fait Jeamille Bittar pour voir se liguer contre sa personne autant de collaborateurs immédiats et d”adhérents à la CCIM à travers tout le pays ?

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Griefs nombreux

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Les griefs sont nombreux. Ils tiennent en partie à l”appétit glouton qu”on lui prête et à la fraude électorale. Tout semble remonter aux préparatifs de la Can (Coupe d”Afrique des nations) que notre pays a abritée en 2002. C”est aussi l”année où Bittar a été porté à la tête de la CCIM par ceux-là mêmes dont bon nombre le contestent aujourd”hui. Le prédécesseur de Jeamille, l”ancien président Malamine Tounkara, avait judicieusement et avec esprit de suite mis à profit l”événement de la Can-2002 pour insuffler une nouvelle dynamique aux affaires des opérateurs économiques nationaux face aux convoitises des argentiers étrangers qui accouraient chez nous.

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Il avait, notamment, déployé auprès de l”administration des efforts immenses pour l”obtention des titres fonciers et d”un crédit-relais auprès de la BHM au profit des opérateurs économiques afin d”achever dans les délais impartis les cités Can dont la construction leur avait été dévolue dans les cinq régions qui ont abrité le tournoi continental (Bamako, Ségou, Kayes, Sikasso et Mopti). Ces cités Can, soulignons-le, ont été d”un apport important pour l”organisation des compétitions dans les régions et la simple logique devait mettre au crédit de Malamine Tounkara au moins la reconnaissance des adhérents de la CCIM et de la nation.

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Mais, entre-temps, Bittar arrive à la tête de la Chambre. Il est aussitôt le seul, ou l”un des rares, à bénéficier des financements pour l”achat des cars en vue de la Can sous forme de garantie de l”Etat à la Somafi (Société malienne de financement) pour plus d”un milliard de F CFA. Appétit glouton ? Qu”à cela ne tienne ! Il s”est engagé dans un combat frontal tous azimuts contre ses électeurs quant aux marchés qui s”offraient opportunément au secteur privé national. La concurrence a toujours tourné en sa seule faveur. Que ce soit les contrats de transport ou de ceux des documents électoraux, ses sociétés à lui ont toujours été adjudicatrices, à l”exclusion absolue de celles des autres opérateurs. Même pour les contrats d”impression, il crée une nouvelle imprimerie pour l”occasion.

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Boulimie

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Voilà qu”il était devenu aisé de constater, qu”au lieu de promouvoir les intérêts de tous les adhérents à la CCIM comme l”ont fait ses prédécesseurs, le président voulait tout accaparer à lui seul. Leur conviction suffisamment établie sur ce point, les opérateurs économiques ont décidé de lâcher Bittar. C”est ce qui explique qu”ils aient tôt fait des groupes et des alliances en initiant une pétition aux fins d”éjecter Bittar de la CCIM avant même la fin de son premier mandat. Cette pétition, qui a circulé dans l”ensemble des régions et a recueilli plus de la majorité des membres de l”Assemblée consulaire pour convoquer une assemblée extraordinaire en vue de démettre Bittar, a été cependant circonscrite par l”intervention des hautes autorités et de l”Amupi.

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Mais les opérateurs économiques ont accepté de retirer la pétition avec l”idée claire que Jeamille Bittar ne bénéficiera plus de leur confiance pour un second mandat. C”est ce qui explique leur mobilisation générale d”octobre 2006 où ils sont allés voter massivement et physiquement contre le président en exercice. Comprenant l”ampleur du désaveu dont il était l”objet, Jeamille a dû recourir à un système de vote massif par procuration que ses adversaires ont combattu de toutes leurs forces, tant l”opération que ses ramifications. Et, dans l”affaire, pour la première fois dans les élections au Mali, les votes par procuration ont été plus nombreux que les votes physiques.

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C”est comme si l”exception remplaçait la règle. D”où les différents épisodes judiciaires, du Tribunal administratif à la Cour suprême. Les élections d”octobre 2006 n”ayant rien changé aux données, l”imbroglio reste total à la CCIM. L”intérêt de l”institution, aujourd”hui comme demain, réside dans le règlement du conflit qui ne peut être envisagé que par une décision non partisane du pouvoir public à reprendre les élections dans les conditions transparentes et crédibles à même d”éviter toute velléité de fraude.

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Seul le verdict qui en sortirait alors pourrait s”imposer aux antagonistes.

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Banzoumana Z. Théra

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(opérateur économique à Médine)

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