Fin de mandat des membres de l’assemblée consulaire de la Ccim : Le Ministre Ahmadou Touré se plante et prépare un coup de force

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Au lieu de se mettre au-dessus de la mêlée, le ministre du commerce, des mines et de l’industrie, Ahmadou Touré est en train de se perdre dans les dédales des antagonismes aux relents d’adversité qui caractérisent les relations entre le Groupement des commerçants du Mali (Gcm) et l’équipe de Bittar qui est aux commandes à la Ccim et dont le mandat tire à sa fin le 28 juillet 2012. En feignant d’ignorer la réalité juridique du moment, il cherche tout simplement à opérer une sorte de coup de force pour placer ses protégés à la tête de la Ccim.

 

Ahmadou Touré, ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie

La bataille que mène le Groupement des commerçants du Mali (Gcm), adversaire malheureux des élections de 2006 qui ont vu la victoire écrasante du groupe dirigé par Jeamille Bittar, a ravivé la tension entre les opérateurs économiques qui se disputent le leadership au sein de cette institution. Le Ministre de tutelle, en l’occurrence celui en charge du commerce, des mines et de l’industrie, Ahmadou Touré a cru bon de résoudre cette crise à la faveur de la fin du mandat de l’Assemblée consulaire de 289 membres, qui se termine le 31 juillet prochain. Face à l’impossibilité d’organiser des élections sur l’ensemble du territoire national, le Ministre Touré a proposé un bureau de consensus pour diriger l’institution durant cette période de transition. En dehors de toute légalité. Jugez-en.

Pour faire passer son plan controversé, le Ministre Touré a eu à organiser plusieurs rencontres entre les deux principaux protagonistes dans cette crise qui secoue le monde des opérateurs économiques depuis quelques années. C’est ainsi qu’il a été proposé aux deux camps, c’est-à-dire le bureau sortant présidé par Jeamille Bittar, et le Groupement des commerçants du Mali présidé par Soya Golfa, de désigner chacun en son sein six représentants pour siéger dans le bureau de transition qui sera mis en place. Le ministre devant, lui-même, désigner un cadre non élu comme président du futur bureau. Une configuration qui ne répond aucunement à la structuration du bureau de la Ccim régie par des dispositions juridiques. Mais passons…

Précisons que, quatre membres de l’actuel bureau de 13 membres appartenant déjà au camp du Gcm, le bureau sortant a proposé de déléguer cinq autres de ses membres (au lieu de six) pour siéger comme conseillers dans le bureau dont le mandat sera prolongé. Ce qui ramerait une parité de neuf membres de chaque côté dans un bureau ramené par ce procédé à 18 membres et règlerait en même temps la question juridique ci-dessus énumérée parce que les textes laissent au bureau de la Ccim la latitude de se doter de conseillers sans en préciser le nombre. C’est laissé à l’appréciation du bureau. Mais le Gcm a rejeté cette option, obligeant ainsi le bureau sortant à demander au Ministre de tutelle qu’il saisisse la Cour suprême pour trancher la question de la gestion de la Chambre après le 28 juillet 2012, date à laquelle prend fin le mandat du bureau actuel de Jeamille Bittar. Ce dernier avait auparavant saisi la haute juridiction afin de guider ses pas, comme l’avait d’ailleurs fait l’Assemblée nationale en son temps. Ce qui a été apprécié comme une démarche responsable de la part du bureau sortant dont le souci est de se ranger, d’après un de ses membres, toujours derrière les textes.

Une grève des commerçants détaillants et des transporteurs n’est plus exclue

La prorogation du mandat de l’Assemblée nationale, du fait de l’impossibilité d’organiser les élections dans la situation actuelle que vit le pays, fait désormais jurisprudence. Raison pour laquelle, la Cédéao a demandé de proroger également celui du Haut conseil des collectivités. Tout cela afin d’avoir une transition apaisée dans un pays où c’est la libération du territoire national qui demeure la priorité. Dans ces conditions, pourquoi le Ministre Ahmadou Touré voudrait-il aller sur un autre terrain qui risque de détourner les Maliens de leur préoccupation majeure ? Le désir qu’il veut afficher, en se présentant comme le faiseur de paix au sein des opérateurs économiques engagés dans cette bataille pour la présidence de la Ccim, au risque de s’embourber et de se retrouver par mégarde ou consciemment dans l’un des camps, risque de le conduire vers un résultat catastrophique.

En effet, selon plusieurs échos qui nous parviennent, une grève des commerçants détaillants (dont le président, Hama Abba Cissé est également 2ème vice-président de la Ccim) et des transporteurs (syndicats des conducteurs de Sotrama, bennes, cars, pirogues, etc.)  serait même en préparation en vue d’amener le Ministre Touré à ranger au placard des oubliettes son projet tant décrié. Surtout qu’il est accusé de partialité par plusieurs syndicalistes proches de la tendance de Jeamille Bittar. C’est pourquoi, au cours de cette grève, ils comptent demander la tête de ce ministre qui, apparemment, a mal appréhendé la crise au sein de la Ccim.

«Ceux qui prétendent que le mandat du bureau est fini depuis 2010 n’ont aucun respect pour les décisions de justice, dans la mesure où la Cour suprême a déjà tranché cette question» a dit un membre du bureau de la Ccim qui a requis l’anonymat. Il fait allusion à l’arrêt rendu par la haute juridiction concernant le Conseil malien des chargeurs où le même problème s’était posé. Les sages de la Cour ont clairement fait comprendre que le mandat court à partir de son début et non à partir de la date d’organisation des élections. Comme quoi, c’est la date d’installation de l’Assemblée consulaire qui marque le début du mandat de l’équipe actuelle de la Ccim qui a attendu presque deux ans avant d’être installée, du fait d’un contentieux électoral qui s’était mué en un véritable feuilleton judiciaire, aussi bien à Bamako que dans les régions.

Aller dans le sens de la prorogation du bureau actuel

Comme on le voit, le Ministre Ahmadou Touré, au lieu de trancher ce litige par la voix du droit pour être à l’abri de toute attaque malveillante, est entré dans les marécages boueux de la guerre de tranchées entre l’équipe Bittar et le Groupement, au point de s’y embourber. Nous ne cesserons jamais de rappeler que sa fonction de notaire rattrape celle du ministre car il ne peut s’empêcher de défendre des amitiés qu’il a tissées dans le milieu des affaires et  de préserver son portefeuille clientèle. Mais jusqu’à ce point ? Il a tout intérêt maintenant à suivre la jurisprudence en cours depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012: prendre une décision de prorogation du mandat de l’actuel bureau jusqu’à ce que les conditions permettent son renouvellement à travers l’élection d’une nouvelle Assemblée consulaire dont le bureau en est l’émanation. Sinon, bonjour les dégâts !

Tout le monde connaît la force de mobilisation de ceux qui ont aujourd’hui la destinée de la Ccim. Un grand meeting, avec la présence des conducteurs de Sotramas et de bennes est prévu cette semaine à la Ccim afin de dégager une position commune. Il sera suivi d’une conférence de presse. C’est dire que la sagesse et la responsabilité doivent pousser le gouvernement de Cheick Modibo Diarra à aller dans le sens de la prorogation du mandat du bureau actuel. Surtout que c’est même manquer de respect aux opérateurs des trois régions du nord du Mali que de se lancer dans un chamboulement du bureau de la Ccim, pendant que, bien que membres à part entière de la même Ccim, ils  sont en train d’attendre du Gouvernement en général et du Ministre de tutelle en particulier, que l’on vienne à leur secours pour les extraire du diktat des groupes islamistes dont Ansar Chéïtan en première ligne. Si le Ministre persiste dans sa logique, c’est parce qu’il aurait décidé tout simplement d’opérer à un coup de force contre le bureau actuel de la Ccim.

Birama FALL

 

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3 COMMENTAIRES

  1. A la place du Ministre, je mets en place une régie pour gérer le fonctionnement de la CCIM; pour toutes les questions qui interpellent les opérateurs économiques, je convoque directement les groupements professionnels. Tous les bureaux de toutes les Chambres consulaires du Mali (Conseil Malien des Chargeurs, Conseil Malien des Transporteurs Routiers, Chambre d’Agriculture…) sont remplis de fossoyeurs de l’économie malienne. Ils se paient grassement sur les ressources publiques qui leur sont allouées au mépris de toute règle. Il faut arrêter cette hémorragie au moment où le Mali a besoin de mobiliser toutes ses ressources pour récupérer le Nord. Monsieur le Premier Ministre, Messieurs les ministres de tutelle des Chambres consulaires (Transport, Commerce, Agriculture, Mines…) si vous n’avez pas encore fait cela c’est que vous ne voulez pas que la gabégie cesse au Mali et que peut-être vos proches sont tous mouillés et n’ont pas attirés votre attention sur cette situation catastrophique. Monsieur le ministre du Budget, vous avez alloués presque 1 milliard FCFA au Conseil Malien des Chargeurs, pour quoi faire? Il n’y a pas meilleure utilisation pour ces ressources en ces périodes de vache maigre? Même un Comité de gestion se partage de l’argent sur ce pactole. Que Dieu aie pitié du Mali.

  2. Les gens qui disent ça n’ont pas honte. Ils vont nous parler encore de situation exceptionnelle aussi à la CCIM. Mais cette fois ci, on fera le nettoyage jusqu’à la racine. Toujours crier pour se faire victime, on en a assez de cette victimisation. Vous avez pillé le pays, ça suffit. Allez vous en.

  3. Ce sont des intérêts personnels et sordides qui ont pris la CCIM en otage, ce sont ces mêmes intérêts qui avaient pris le pays en otage et nous ont amené à la situation du pays qu’on connait. C’est très simple, le ministre dans l’intérêt supérieur de la nation doit prendre ses responsabilités et débarasser la CCIM de ces succeurs du sang de la nation, s’ils ne sont pas d’accord mais c’est clair, il y a les audits de la CCIM, il y a eu beaucoup de malversations et c’est facile à prouver et mettre tous ces voleurs là ils doivent être: à la MEKA de BamakoKOURA! ça sera une salubrité buplique en ce mois benis de RAMADAN!

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