La fin de mandat de l’équipe actuelle de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) et les discussions entamées conséquemment par le ministère de tutelle, en vue de procéder à la mise en place d’une équipe transitoire pacifique, ont entraîné certains des ténors de l’équipe sortante dans la surenchère et dans l’agitation, uniquement dans le but de perpétuer l’illégalité et la confusion. A qui profite cette situation?
Le président sortant de la CCIM, jeamille Bittar, et ses acolytes politiques et dans le milieu des détaillants, traqués par la brutalité du changement imposé à eux, suite à la chute du régime d’ATT, sont aujourd’hui dans la logique de la surenchère propagandiste face à la fin annoncée du mandat de l’équipe dirigeante actuelle. Et pour cause. La majorité des opérateurs du pays, dans la perspective de ce nouveau changement, est dans la logique d’interpeller le ministre de la justice afin que la lumière soit sur de nombreux dossiers à scandale révélés au niveau de la CCIM, dont les détournements de fonds ont été mis à jour par le rapport annuel du Bureau de vérificateur et le pôle économique, portant sur des centaines de millions subtilisés dans les caisses de la CCIM.
A l’annonce des négociations entreprises par le département de tutelle, dans la perspective de la mise en place d’un bureau de transition pacifique, suite à la fin du mandat de l’équipe sortante, des manœuvres se multiplient pour torpiller ces discussions. En même temps, des retraits massifs de fonds publics sont signalés à la CCIM. Pourtant, c’est une lettre du président sortant, adressée au ministre du commerce, de l’industrie et des mines, qui indiquait clairement que la fin du mandat du bureau sortant de la CCIM devait être fixée au 28 juillet 2012.
Dans le monde des affaires, on estime que pour éviter que la CCIM ne connaisse de bien mauvaises situations financières, il est impératif pour le ministre de tutelle d’ordonner l’arrêt d’une telle hémorragie, en même temps qu’il s’appliquera à effectuer l’audit des comptes financiers de la structure, depuis l’arrivée de l’équipe actuelle.
Bittar, selon des milieux d’affaires, et ses hommes ont beaucoup profité de l’impunité dont ils bénéficiaient dans le cercle du régime évincé, pour s’imposer dans le monde des affaires.
Malgré les nombreux déboires qu’il traîne sur sa gestion, révélés par les différents rapports du Bureau de vérificateur général, et de la logique qu’il en découle de rendre compte, l’homme continue d’afficher, comme si rien n’était, une attitude de sérénité vis-à-vis du monde des affaires et des pouvoirs publics.
En fait, on apprend, ces derniers temps, qu’il est en séjour en Côte d’Ivoire. Il s’agit, selon des sources concordantes, de pouvoir rencontrer le président ADO sur place et de négocier l’entrée dans le nouveau gouvernement d’un de ses mentors, un de ses jeunes les plus fidèles, au sein de son fameux mouvement qu’il avait lancé pour soutenir sa candidature avortée lors des élections présidentielles mort-nées, et qui fait aujourd’hui une agitation politique agressive au sein du front anti-junte.
Même si ADO, selon certains, en déplacement à l’extérieur, ne semble pas disposé à rencontrer de gens de la réputation de Bittar, il est tout indiqué que ses ouailles, tapis dans l’ombre, seraient décidés d’approcher le président par intérim, de retour au pays, et le Premier ministre de la transition en vue d’imposer Bittar et son équipe, en fin de mandat, aux opérateurs économiques. Ce à quoi ces derniers s’opposent, avec la dernière énergie, au risque d’engager des actions vigoureuses, comme ils l’ont fait dans le temps, pour faire échec à toutes les manœuvres visant à déstabiliser le milieu des affaires. Les opérateurs économiques sont déterminés à réussir la moralisation de leur secteur, car ils sont persuadés que le système de chantage et d’abus de pouvoir, pratiqué par certains pour se maintenir à leurs postes, est désormais révolu dans le pays.
D’ailleurs dans la perspective de ce changement amorcé, le groupement des commerçants, dans l’unité d’action, a jeté son dévolu sur Mamadou Lamine Tounkara, l’ancien patron de la CCIM, comme étant l’homme qui peut incarner aujourd’hui leur confiance à diriger cette nouvelle phase de la transition pacifique de la CCIM. A juste raison, il est considéré, depuis trois décennies, comme celui qui n’a jamais été mêlé à une quelconque situation de fraudes ou de détournement de biens publics liés à des surfacturations diverses.
C’est parce qu’il jouit de ce préjugé favorable au sein du monde des affaires qu’il a été unanimant choisi par ses pairs du groupement des commerçants pour réconcilier le secteur privé avec lui-même et assurer à la CCIM sa crédibilité et sa notoriété perdues. Voilà pourquoi déjà, dans certaines presses, il est vilipendé par certains journalistes à la solde de l’équipe sortante et qui sont en même temps des collaborateurs du président sortant. Un mélange de genre nuisible aux intéressés et à la profession de journaliste contre lequel les opérateurs économiques entendent donner la réplique appropriée.
Pour l’instant, ils se concentrent sur le choix de leur candidat à diriger la phase transitoire de la CCIM qu’ils veulent pacifique et efficace pour l’intérêt du secteur privé. Dans le monde des affaires, on estime que Mamadou Lamine Tounkara n’a aucune de ses entreprises déclarée en faillite, toutes choses vérifiables au tribunal de commerce, contrairement aux allégations mensongères. Les entreprises de l’homme, Mercedes Mali et Tababus qui faisaient la fierté du monde des affaires, ont été plutôt mises en difficulté par des règlements de comptes politiques et les dossiers y afférents sont toujours pendants devant la justice. Cet homme, à cause de son expérience et de son intégrité morale et professionnelle, est aujourd’hui le choix des opérateurs privés pour faire sortir le secteur de l’ornière.
F.M