Les élections consulaires se déroulent en deux étapes. D’abord le scrutin de listes pour élire les membres de l’Assemblée consulaire. Ensuite, l’élection du Président et la mise en place du Bureau.
La première phase est d’ailleurs plus importante que la première, en ce sens qu’elle définit la configuration de l’Assemblée consulaire pour faciliter l’élection à la présidence de la Ccim, de l’un des candidats déclarés. C’est une élection de liste qui ne souffre d’aucun panachage au nom d’une quelconque proportionnelle. Cela veut dire que la liste élue remporte tous les sièges en jeu au niveau de la section considérée. Rappelons qu’il y a trois sections : commerce, industrie et services.
Une innovation de taille a été introduite dans le scrutin cette année. Il s’agit de la mise en place d’un collège électoral pour les opérateurs économiques assujettis au régime de l’impôt forfaitaire. Ils constituent le gros lot des électeurs, mais au niveau de l’éligibilité, ils ne peuvent constituer plus de 10% des membres consulaires. C’est pourquoi, au nombre de 549 inscrits, les électeurs assujettis au régime fiscal du forfait, ne voteront que pour élire six (6) membres consulaires inscrits sur deux listes distinctes pour chacun des deux camps opposés : une liste de 3 titulaires et une autre de 3 suppléants. Pour les électeurs inscrits au titre de ceux qui paient l’impôt en régime dit réel, au niveau de la section commerce, ils sont au nombre de 154, pour élire 38 membres consulaires (19 titulaires et 19 suppléants).
Au niveau de la section industrie, il n’y a pas d’inscrits au titre du forfait. Tous les électeurs, au nombre de 57, sont du régime réel. Ils devront élire 26 membres consulaires (13» titulaires et autant de suppléants).
Pour les services, il y a 166 inscrits au total, dont 67 qui votent pour le deuxième collège précité. Seuls 99 devront élire 26 membres consulaires (13 titulaires et 13 suppléants).
D’ores et déjà, les grandes manœuvres ont commencé par différents candidats, chacun étant conscient qu’il faut parvenir à faire passer sa liste pour pouvoir ensuite prétendre au fauteuil présidentiel.
Seulement, même s’il y a quatre candidats déclarés, trois d’entre eux, n’étant pas en mesure chacun de parrainer une liste complète de candidats au niveau de toutes les sections, ont préféré se mettre ensemble sur une seule liste conduite par Soya Golfa, derrière lequel ils se sont cachés, sous le prétexte d’une démarche unitaire impulsée par le Groupement des commerçants que Soya préside.
En effet, Mamadou Konaté, Tahirou Sy et Ousmane Djittèye sont des candidats déclarés ou pressentis, pour avoir mené une campagne en ce sens. Ils figurent sur la même liste pilotée par Soya Golfa, avec un certain Youssouf Bathily que des caciques du même Groupement ont voulu présenter comme le candidat de leur organisation. Mamadou Baba Sylla, qui avait mordu la poussière face à Bittar en 2002, n’est pas sans ambition et s’est fait remarquer avant-hier lors de la conférence de presse qu’il animait avec Tahirou Sy, Ousmane Djittèye et Mamadou Konaté, l’actuel président du Collège transitoire. C’est dire qu’il y a embouteillage au niveau de cette liste où un véritable jeu de dupes est en train de se dérouler, l’essentiel, pour chacun, étant de pouvoir s’appuyer sur les autres pour franchir le cap de la première phase.
C’est tout le contraire de Boubacar Tandia. Lui et son staff ont pu confectionner des listes complètes de candidature au niveau de toutes les sections et ils ont inscrit le plus grand nombre d’électeurs. Ce qui a d’ailleurs provoqué une peur bleue chez les autres qui ont voulu l’embarquer dans une histoire de liste unitaire afin de récupérer son électorat pour l’éjecter après, par une combine déjà annoncée (voir dans ce même numéro du journal notre article : «Une alliance contre nature».
Mais ce serait une injustice des urnes qu’une combine –pas une alliance en réalité !- puisse éliminer de la course celui qui se trouve être le plus mobilisateur au niveau des inscriptions et qui présente, sur ses listes de candidatures, des opérateurs qui constituent du sang neuf, ses adversaires n’ayant présenté en majorité que des habitués de l’environnement de la Ccim qui tentent de prendre l’institution consulaire en otage.
C’est pour dire que l’élection du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali se joue beaucoup plus au niveau de la première phase qui est une sorte de choix de grands électeurs, chargés ensuite de désigner le président de la Ccim et les membres du Bureau devant l’accompagner.
Nouhoum DICKO