Le Conseil national du patronat du Mali (CNPM) et le Groupement des commerçants maliens (GCM) s’étaient donnés la main pour lancer une réconciliation dans le secteur privé. Un secteur dont les principaux acteurs ne soufflaient plus dans la même trompette à cause de tout ce que les élections consulaires de la CCIM d’octobre 2006 ont créé comme déchirures. Pour éviter que l’histoire ne se répète et surtout faire régner l’entente et la paix dans les cœurs et les esprits, le patronat malien et le GCM, le plus vieux syndicat de commerçants au Mali, avaient réussi à faire signer la paix des braves ces derniers temps. A la suite d’une démarche entamée dans ce sens depuis le mois d’avril dernier au siège du patronat, les différents acteurs avaient accepté de se réconcilier en prélude des élections consulaires du 26 juillet 2015. Les autorités en charge du commerce et de l’industrie de notre pays s’étaient réjouies de l’initiative, en ce sens qu’elle serait gage d’élections consulaires apaisées.
La même initiative a conduit le président du GCM, Soya Golfa, à appeler les différents candidats aux postes de membres consulaires des prochaines élections à établir des listes consensuelles. Après plusieurs réunions, un compromis avait été trouvé entre les ténors des 3 sections que sont Mamadou Tiény Konaté (Service), Ousmane Guittèye (Commerce) et Tahirou Sy (industrie). Ces derniers qui sont tous des grossistes ont déposé une liste consensuelle appelée A avec les noms de 4 candidats des différentes têtes de liste. La liste B conduite par Boubacar Tandia, après avoir accepté le compromis a déposé sa propre liste avant de faire faux bond. Lorsque le camp dit du consensus a voulu déposer la liste qu’il croyait vraiment consensuelle, il apprend auprès de la commission électorale qu’il y a déjà une autre liste comportant les mêmes noms. Le président de la commission a alors appelé les deux parties à revoir leurs copies en leur donnant un délai de 48h.
Interpellé par le président du GCM Soya Golfa, le camp Tandia a expliqué que la liste déposée auprès de la commission en son nom était l’œuvre de quelques énergumènes dans leurs rangs. Mais malgré cette explication laconique, la liste qui a pris le nom de « liste de la honte » n’a plus été retirée jusqu’à la clôture du dépôt des candidatures.
Qui a trahi qui ? La question taraude les esprits depuis un certain temps dans le milieu des affaires malien. Hama Abba Cissé, directeur de campagne de la liste B et non moins président de la coordination des commerçants détaillants du Mali, dans une sortie médiatique récente, s’est tiré la couverture. Il a accusé le camp d’en face d’être l’instigateur de la trahison. Selon lui, « c’est parce que nous n’avions pas confiance en nos interlocuteurs que nous sommes allés déposer une autre liste ». M. Cissé a ajouté qu’ils étaient ouverts au dialogue.
Les arguments de Hamma Abba Cissé sont qualifiés de « légers et sans fondements » par Mamadou Baba Sylla, coordinateur de la liste A. Selon lui, le consensus qui avait été accepté par tous a été brisé par la liste B, qui était dès le départ animé par une velléité divisionniste. « Malgré leurs explications alambiquées sur la présence d’une deuxième liste, ils n’ont pas voulu la retirer », a-t-il dit. Avant d’ajouter que « c’est quand ils ont compris qu’ils ont été lâchés par le gotha des commerçants à cause de leur forfaiture qu’ils ont voulu faire marche arrière. Ils ont même essayé d’intimider certains en disant qu’ils ont été envoyés par des autorités de la place ».
Les propos de M. Sylla ont été confirmés par Youssouf Bathily, lui aussi membre de la liste A. A ses dires, ses collègues voyaient déjà midi à leurs portes, ce qui les a conduits à avoir un esprit machiavélique. « Selon moi, l’important est d’être élu d’abord membre consulaire sans lequel nul ne peut être élu membre du bureau de la CCIM », a dit M. Bathily.
Hamma Abba Cissé, par qui le scandale est arrivé n’est pas à son premier coup, car connu dans les milieux d’affaires comme un instigateur à la manœuvre. Aux dires de certains de ses camarades, il est à l’origine de la crise de 2006 en ayant induit Jeamille Bittar en erreur lorsqu’il était directeur de campagne de celui-ci. Il serait dans ses œuvres pour tenter le même coup aux côtés de Boubacar Tandia que certains n’hésitent pas à présenter comme le poulain d’un haut perché du pouvoir.
Youssouf Z Kéita