– Une centaine de millions FCFA déjà investis dans la campagne
Suite à l’avis de la Cour Suprême empêchant le président sortant du Collège Transitoire, Mamadou Tiény Konaté, d’être candidat à la présidence de la CCIM, c’est le pétrolier Youssouf Bathily qui a pris le relais. Depuis la semaine dernière, ce dernier et le candidat du Groupement des commerçants maliens (GCM), Ousmane Guitteye, sont en train de sillonner le pays, de Kayes à Gao – à l’exclusion de Kidal pour des raisons évidentes de sécurité. Ils sont, en effet, en train d’investir le terrain en se rendant de région en région à la quête des voix des 294 membres consulaires. C’est, en effet, les votes de ceux-ci qui vont départager, le 14 septembre prochain, les trois candidats en lice. Même s’il ne fait pas autant de bruit que les deux autres précités, l’industriel Tahirou Sy est lui-aussi en pleine campagne.
Selon toute vraisemblance, ce sont ces trois grosses pointures qui vont s’aligner dans le starting-block de l’élection du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, prévue le14 septembre prochain. Cela faisant suite à une décision du ministre du Commerce et de l’Industrie, Abdel Karim Konaté. Celui-ci a, en effet, fait de la réussite du processus électoral de la CCIM un défi à relever. Au vu de ce à quoi ces élections ont ressemblé dans un passé récent, il y a de quoi être satisfait aujourd’hui.
Après la phase de l’élection des membres consulaires sur toute l’étendue du territoire national, dans la paix et la transparence le 26 juillet dernier, il sera procédé, le 7 septembre prochain, à l’élection des présidents des Délégations régionales et du District de Bamako.
Cette élection sera suivie dans une semaine par celle du président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. Une fonction de pure représentation mais qui, depuis un certain temps, fait l’objet de toutes les convoitises. En 2006, par exemple, où Jeamille Bittar et Ousmane Guitteye avaient eu à croiser le fer autour du prestigieux poste, ce sont des centaines de millions FCFA qui sont allés uniquement dans les poches des avocats qui avaient eu à plaider la cause de l’un et de l’autre devant la Cour Suprême. Et dire que le contentieux avait trainé deux longues années avant d’être vidé au profit du premier susmentionné. Cela au grand dam du Groupement des commerçants maliens qui avait dénoncé une mascarade électorale.
Voilà une situation qui avait, en son temps, créé de lourdes incompréhensions voire de profondes divergences entre les opérateurs économiques de notre pays. Avec comme conséquences, entre autres, le boycott par le Groupement des commerçants maliens de toutes les activités organisées par le bureau de la CCIM dirigé par Jeamille Bittar. Ce qui allait, naturellement, peser sur l’audience de cette institution mais aussi sur sa crédibilité et sa notoriété à l’extérieur de notre pays et dans le concert des chambres de commerce de la sous-région notamment.
A la fin du mandat de Jeamille Bittar en 2012 – et suite à sa lettre attirant l’attention du département de tutelle sur ce fait -le ministère du Commerce et de l’Industrie a créé, en novembre 2012, un Collège Transitoire de 13 membres – y compris son président – avec à sa tête Mamadou Tiény Konaté, tous nommés en octobre de la même année.
C’est donc pour mettre fin à cette transition qui n’en finissait pas, que l’autorité de tutelle a démarré le vaste chantier électoral qui connaîtra son apogée et son épilogue le 14 septembre.
Une campagne électorale très onéreuse
Si, pour le moment, l’on n’a pas connaissance d’une descente sur le terrain du candidat Tahirou Sy, cela ne voudra absolument pas dire qu’il ne s’y est pas rendu. Cela, dans la mesure où ce sont les voix des délégués des régions qui comptent le plus, Bamako ne dénombrant que 88 sur les 294 membres consulaires que compte la CCIM. Pour tout candidat qui compte gagner la bataille lors de ce scrutin, les voix des ” Régionaux ” sont donc plus qu’indispensables. Raison pour laquelle les sieurs Ousmane Guitteye et Youssouf Bathily – ce dernier désormais mis en selle après le désaveu de la Haute juridiction concernant la candidature de Mamadou Tiény Konaté- ont entrepris de sillonner toutes les régions – à part Kidal qui échappe encore à la souveraineté du Mali – à la quête des voix des membres consulaires devant départager les trois candidats déclarés à cette élection.
D’autre part, au rythme où vont les choses, il n’est point exclu que cette élection du président de la Chambre soit l’une des plus coûteuses sinon la plus coûteuse de l’histoire de cette institution plus que centenaire. De purement symbolique ou simplement représentatif, le poste de président de la CCIM est devenu, ces derniers temps, très intéressant voire lucratif avec les marchés – parfois controversés – qu’il octroie. Sinon comment comprendre ce regain d’intérêt pour un poste qui est censé appauvrir son titulaire plutôt que de l’enrichir s’il ne devait compter que sur ses propres ressources pour satisfaire les multiples et diverses sollicitations dont il est l’objet au quotidien. De la part principalement de ceux-là qui ont voté en sa faveur.
Si, aux yeux du commun des mortels, la CCIM est une boîte à sous tel est loin d’être la réalité. Mais c’est vrai aussi que certains de ses dirigeants ont essayé de faire d’elle une véritable pompe à sous. Parfois même son patrimoine – y compris foncier ou immobilier -est spolié à la faveur de compromis douteux et boiteux et cela dans le plus grand silence. Alors même qu’elle demeure un Etablissement Public où le Vérificateur Général peut à tout moment venir fouiner dans les comptes sans que personne ne l’invite pour ce faire. Avec tout ce que cela pourrait avoir comme conséquence en cas de mauvaise gestion avérée. Les temps ayant changé, il serait aujourd’hui très hasardeux voire suicidaire pour tout délinquant à col blanc de vouloir compter sur IBK pour être à l’abri d’une éventuelle poursuite engagée par la justice.
La campagne étant désormais lancée, l’opinion observe que ce sont des sommes colossales qui sont injectées dans cette bataille électorale qui ne prendra fin, d’ailleurs que le 14 septembre prochain,quand le nouveau président de la Chambre sera connu. Selon des sources concordantes, c’est une centaine de millions FCFA qui aurait été déjà investi. Et dire qu’il reste encore deux semaines avant le jour J, qui est considéré par les initiés comme le plus dépensier en débauche d’argent et d’énergie.
Youssouf CAMARA
Mopti (la ville de Guittèye) Gao et Tombouctou accordent leur soutien à Youssouf Bathily
Après les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou et Tombouctou où il a déjà conquis l’adhésion de la plupart des délégués consulaires à sa cause, le candidat à la présidence de la CCIM, Youssouf Bathily qui se positionne désormais comme le principal favori à cette élection, était le weekend dernier dans les régions du nord. Accompagné de plusieurs ténors du monde des affaires, comme le président du collège transitoire de la CCIM, Mamadou Tiény Konaté, Mamadou Baba Sylla, Abdoul Aziz Mariko, les représentants de Madiou Simpara et de Babou Yara, M. Bathily a exposé un ambitieux programme aux délégués consulaires de ces régions. Ceux-ci ont bien apprécié sa démarche et lui ont promis leur soutien sans faille.
La campagne pour la mise en place du président de la CCIM, le 14 septembre prochain a atteint sa vitesse de croisière. C’est dans cette perspective, que le candidat Youssouf Bathily s’est rendu ce weekend dans les régions du nord, une première pour un candidat à cette élection. En acceptant de se rendre dans cette partie du pays qui traverse une situation sécuritaire particulière, le candidat Youssouf Bathily manifeste ainsi sa détermination à apporter son soutien à tous les acteurs économiques de cette partie du pays.
C’est aussi une manière pour lui de souligner que le Mali reste un et indivisible et que le secteur privé, partout où il se trouve, et quelque soit les conditions, doit compter sur le soutien de ses responsables. C’est la ville de Mopti qui a été la première à accueillir la forte délégation qui accompagne le candidat Bathily. Malgré le fait que c’est la ville natale de son principal adversaire,Ousmane Guitteye, les délégués consulaires sont sortis massivement pour accueillir, écouter et apporter leur soutien à la délégation condute par Bathily. Ils étaient 27 sur les 30 délégués consulaires présents à la cérémonie. A Gao (le samedi) tous les 24 délégués consulaires ainsi que les 16 élus de Tombouctou (hier dimanche) ont unanimement promis leur soutien à cette candidature. Ce soutien a été acquis sur la base d’un ambitieux programme proposé par l’hôte du jour.
En effet, 2ème vice-président du collège transitoire de la CCIM chargé des investissements et des infrastructures, Youssouf Bathily était fier de présenter le bilan éloquent réalisé de cet organisme. Habitué désormais de la gestion de la boîte, il place son mandat sous la consolidation de ces acquis. Selon le candidat Bathily, en trois ans, le collège transitoire a investi plus de 9 milliards de FCFA, contre 500 millions de FCFA réalisés par les précédents bureaux depuis la création de cette institution consulaire. Pour son mandat, Youssouf Bathiy entend poursuivre la réalisation des délégations consulaires dans les régions de Tombouctou, Gao et Bamako. Les fonds nécessaires à ces travaux sont déjà acquis et sont logés à la BMS-SA. Il entend achever les travaux du chantier de l’école de maintenance de la CCIM aujourd’hui réalisés à 40%.
Outre les sièges, le candidat compte doter les délégations régionales des budgets autonomes alloués sur la base d’un programme en fonction des spécificités de chaque région. Chaque président de délégation régionale et le secrétaire général seront dotés de matériels roulant. Aussi, il entend donner une nouvelle vision à la CCIM, celle d’une institution où les décisions seront prises en fonction des préoccupations et de la participation des acteurs économiques.
Autre ambition de M. Bathily, c’est valoriser la qualité de délégué consulaire en établissant un fichier biométrique et des cartes consulaires devant leur permettre d’accorder à certains privilèges. Toujours dans le cadre de ses projets, le candidat compte accentuer la participation de la CCIM au capital social de certains établissements financiers de la place come c’est le cas à la BDM-SA. En tout cas, dans chacune des régions, les délégués consulaires ont été très réceptifs à ce programme qui leur donne de bons espoirs pour que la CCIM soit une chambre plus soucieuse et plus près du monde des affaires.
Youssouf CAMARA