Jeudi dernier, la section administrative de la Cour suprême a enfin rendu son délibéré suite à la requête du camp Guittèye dont la demande en annulation de l’élection consulaire du 1er octobre 2006 a été rejetée par le Tribunal administratif. Confirmation du premier jugement, cette décision de la Cour suprême ne semble pas non plus satisfaire ceux qui avaient pourtant clamé haut et fort qu’ils ont confiance à la Justice. Pourquoi veulent-ils donc à tout prix imposer leur suprématie sur la CCIM ?
L’instinct de protection
Le Mali regorge d’analphabètes notamment dans le monde des affaires. On y vient sans formation, à l’exception de quelques rares diplômés venus de l’extérieur ou formés tout dernièrement dans nos écoles privées. Pis, ces analphabètes ne dressent jamais une oreille attentive auprès des conseillers juridiques ou financiers, au cas où ils en ont. La stratégie est connue. Pour eux, l’argent peut tout faire car ils ont en face des agents pauvres d’une administration corrompue. Pour eux, que ce soit à la Douane, à la Justice et à la Police, c’est l’argent qui parle. Multimilliardaires qu’ils sont – et ils savent comment ils ont eu ces milliards – ce verdict sonne pour eux comme la fin d’un règne : celle de la corruption. Or tout était entrepris pour éviter cette issue dangereuse pour les dinosaures du milieu des hydrocarbures et les fossoyeurs du Trésor public.
Au nom de l’accalmie tant recherchée par les autorités et tous les dignes fils de ce pays, nous tairons pour l’instant les noms que nous avions d’ailleurs cités dans nos précédentes parutions. Mais les dossiers sont à l’examen, et nous y reviendrons à temps opportun. Déjà, l’opinion publique sait à quoi s’en tenir, l’une des raisons fondamentales de la fronde contre le Président Jeamille est celle de croire qu’il a livré les opérateurs économiques malpropre au pouvoir. On oublis que Bittar lui-même est opérateur économique d’une part et un citoyen malien comme tous les autres d’autre part, à lui donc s’applique la loi. S’opposer à la loi et aux autorités, pour des raisons inavouées, n’amène nulle part, surtout lorsqu’on est milliardaire. Que faire désormais lorsqu’on ne sait que s’asseoir dans son bureau climatisé et convoquer les agents à amasser des sous sur le dos de l’Etat ?
Aujourd’hui, le compte à rebours a commencé, l’instinct de survie est à rude épreuve. Les commerçants véreux n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Ils ont tout donné à certains agents, rien à l’Etat malien qui a perdu tant de milliards, l’avenir est en danger. Et ils en tiennent Bittar pour responsable. Mais les opérateurs économiques dignes de ce nom resteront avec Bittar, ceux qui ont été trompés par les dinosaures finiront par le rejoindre. L’Etat n’a plus le choix, en tant que contre-pouvoir, nous assumerons notre rôle en le tenant à l’œil. Il faut que tout Président élu exerce sa fonction dans ce pays et que les brebis galeuses soient clouées à leurs attaches. Tout pays a besoin d’ordre et de discipline. Que ceux qui hurlent nous disent ce qu’ils ont fait pour ce pays pour se croire tout permis.
La honte bue
Comment regarder le jeune Jeamille Bittar en face ? Après mille et une injures, après tant d’activisme, de médisance, de méchanceté et de trahison. Comme dit l’autre, l’ambition conduit la vertu par des moyens et à des fins qui sont souvent indignes d’elle. Nous sommes ainsi en face d’une situation qui force à accepter que la CCIM ne saurait être confiée à ceux qui n’ont de rêves que de la soumettre à leur joug par n’importe quels moyens. Oui, les esprits faux sont insupportables, et les cœurs faux sont en horreur. Les opérateurs économiques devaient être les premiers à soutenir le rayonnement de la Chambre, certains d’entre eux sont en train de nous prouver tout le contraire en précisant qu’ils sont les derniers à soutenir toute action merveilleuse qui n’est pas à leur seul profit.
Ceux qui ont toujours pensé que la CCIM est leur chasse gardée, que le Mali ne serait rien sans eux, quand bien même ils ne vivent que du vol et de la corruption, devraient prendre la bonne mesure des choses. Il est certes difficile pour eux de regarder Bittar dans les yeux après tous les torts qu’ils lui ont causés. Mais ils feront œuvre utile en limitant leurs exactions au temps de campagne et à la période antérieure au verdict. A compter de maintenant, outre Bittar, ils ont désormais affaire avec les autorités du pays au nom desquelles le verdict est rendu. C’est toute la Nation qui les observe, autant tout le monde est à l’écoute du Président de la République qui a jugé bon d’intervenir dans le conflit et qui n’a pas droit à l’erreur après la décision de justice. Ainsi en va-t-il de la séparation des pouvoirs. Un Président n’a pas tous les pouvoirs, il connaît ses prérogatives. Et personne n’a droit à le pousser dans l’erreur, à moins d’être un opposant aveuglé par la conquête du pouvoir.
Manipulation politique
Nous sommes à quelques encablures des élections générales. Tous les schémas sont à l’étude pour se faire une place au soleil. D’aucuns pensent que la meilleure façon est de maintenir l’épée de Damoclès sur la tête du Président. La menace est claire : « on ne votera pour lui, on rejoindra les opposants ». Allez donc savoir si le camp Guittèye ne creuserait pas sa tombe en adoptant une telle stratégie ? L’un des élus consulaires appartenant au camp Guittèye se nomme Amadaou Sylla. Un des éminents avocats du camp Guittèye s’appelle Me Kassim Tapo. La liste des éternels alliés de Att – qui n’ont pas le choix – n’est pas exhaustive.
C’est vrai que l’opposition a tout intérêt à inciter les opérateurs économiques à faire croire à un boycott vis-à-vis de Att. Mais l’on sait qui est qui dans ce pays, et beaucoup de gens sont ce qu’ils sont aujourd’hui grâce à Att, et non le contraire. Ceux qui veulent ignorer cette réalité peuvent tenter l’indélicatesse de blesser Att dans son amour propre, mais le jour « j » viendra, celui de se regarder dans les yeux après les élections. Aller avec l’opposition, surtout qu’un des milliardaires a donné le nom de IBK à son fils, cela donne l’avantage à Att de connaître ses vrais amis. Il en saura davantage sur le compte de ses alliés en activisme dans le camp Guittèye. Pour une simple question de gestion de la Chambre de commerce, l’on n’a pas besoin de tomber si bas.
Contre le cours de l’histoire
Certains opérateurs économiques ont tendance à se faire passer pour des acteurs de la révolution du 26 mars 1991. Selon eux, les détaillants ont été d’un apport inestimable dans la chute de l’ancien régime. Cette tentative de vouloir refaire l’histoire politique du Mali ne marche pas. Ceux qui hurlent aujourd’hui ne sont que les contre-marcheurs d’hier, opposés à l’ouverture politque en tant que suppôts du Général Moussa Traoré. Aucun d’eux ne connaissait le chemin de la Bourse du Travail, ni celui de la Maison des Jeunes de Bamako. Et d’ailleurs, non seulement ils n’étaient pas parmi les marcheurs, ils n’ont rien fait pour ces derniers qui se retrouvaient majoritairement au sein de l’AJP, et dans une certaine mesure au CNID, à l’UFD et à l’Adéma. Que cela soit clair, les commerçants maliens sont toujours dans les souliers du pouvoir, et leurs dossiers sulfureux ne militent pas en faveur d’une adhésion à l’opposition. Déjà, à travers son parti l’Urd, le bouillant Cheickna Hamala Bathily n’a-t-il pas donné sa voix à l’éventuel candidat ? Qui veut nous faire croire au Père Noël ?
Le vin est tiré, il faut le boire. On ne saurait attribuer une victoire qu’au vainqueur. Ainsi se referme-t-il le contentieux de la CCIM.
Mamadou DABO
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