Chambre de Commerce et d’industrie : Une transition dispendieuse et inutile

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Avec l’élection d’un président de la République, le collège transitoire de la Ccim tirerait-il vers sa fin ? On ne le dirait pas, au vu de certaines décisions qui sont en train d’être prises et de certaines pratiques peu orthodoxes dans l’institution consulaire.

 

 

Mamadou T Konaté, président collège transitoire  CCIM
Mamadou T Konaté, président collège transitoire CCIM

Dirigé par Mamadou Tiéni Konaté, un collège transitoire a été installé à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim) depuis la mi-novembre 2012 en remplacement du bureau légitimement élu mais dont le mandat était arrivé à terme. Après avoir vainement essayé de se maintenir en place jusqu’à la fin de la transition politique, à l’instar d’autres institutions, le bureau légitime de la Ccim a dû se retirer, laissant la place à un collège mis en place par le gouvernement. Aujourd’hui, on tire vers la fin de la transition avec l’élection d’un président de la République légitime sans que pour autant le collège transitoire de la Ccim ait atteint son principal objectif d’organiser des élections consulaires propres après avoir réconcilié les opérateurs économiques.

 

 

Au contraire, de novembre à aujourd’hui, on a  l’impression que le bureau dirigé par Mamadou Tiéni Konaté s’est plutôt préoccupé, au lieu de ramener la paix dans l’institution consulaire, de gérer des intérêts privés et personnels, sur fond de copinage, affairisme et népotisme dans la gestion des affaires de la Ccim.

 

 

Très mal connu dans le paysage économique malien, M T Konaté avait déjà été très mal accueilli par les opérateurs économiques et les travailleurs de la Ccim. Selon ces travailleurs, son impopularité a grandi au fil du temps, certains le trouvant « amorphe, sans charisme, opportuniste, aux ambitions démesurées, ne posant aucun acte justifiant sa nomination à ce poste… » Pour preuve, tous les grands opérateurs économiques le décrient et ne participent plus aux activités de la Ccim. Or, MT Konaté ne peut rien faire sans ces opérateurs car il est même incapable de voyager, par exemple sur la France, par faute de visa. En effet, selon certaines indiscrétions, le président de la Ccim ne serait pas un opérateur économique digne de ce nom, ne dispose d’aucun document commercial notifiant sa fonction ou ses relevés de compte bancaire, n’a pas de patente.

 

 

Mais si l’homme est tant décrié par ses camarades opérateurs économiques, ce n’est pas seulement parce qu’il a été nommé dans des conditions obscures et troubles, c’est parce que, depuis sa nomination et surtout depuis le départ d’Abdel Karim Konaté du département de l’industrie  et du commerce, il serait tombé dans certains travers comme l’octroi de marchés de gré à gré. Ainsi, il aurait donné un marché de 288 millions de F cfa à une de ses collègues du collège transitoire pour l’achat d’une parcelle sur laquelle on doit construire l’école de formation de la Ccim.

De la même manière, trois véhicules 4X4 (dont deux livrés) auraient été achetés à Dubaï pour la somme de 210 millions de F cfa (70 millions l’unité) alors que chez le concessionnaire Toyota Diama à Bamako, le même modèle de véhicule coûterait moins de 50 millions de F cfa l’unité.

Enfin, un groupe électrogène aurait également été acheté, toujours à Dubaï, pour la somme faramineuse de 24 millions de F Cfa alors que sur le marché local, il coûterait beaucoup moins cher. Auparavant, la Ccim louait un groupe électrogène défectueux qui ne parvenait même pas à prendre en charge toutes les installations.

 

 

Ces différents achats exorbitants, selon des travailleurs de la Ccim, s’expliqueraient par la volonté de certains membres du collège transitoire de percevoir le maximum de commissions ou de dividendes de même que sur les prestations de service de nettoyage et de gardiennage. Raison pour laquelle, les anciens gardiens qui étaient là depuis des années ont été remplacés par les agents d’une société de gardiennage.

 

 

Les griefs nourris contre MT Konaté et son équipe sont également d’un autre ordre. Ainsi, pour renforcer l’assise de son parti politique (Fare), il aurait également octroyé des subventions à des groupements de femmes militantes et à des ordres religieux ou à des associations agissant sous des prête-noms.

 

 

Le concernant directement, MT Konaté ne calculerait pas ses frais de mission sur les taux de la Chambre mais selon son bon vouloir et sans jamais apporter les justificatifs, pièces comptables.

Juste après leur installation, les membres du bureau du collège transitoire de la Ccim avaient exigé certains avantages auprès du ministre de tutelle de l’époque, Abdel Karim Konaté qui aurait refusé de les cautionner. Mais après le départ d’Empe aux finances, les « saigneurs » de la Ccim s’en sont donnés à cœur joie.

 

 

Ainsi, sous la houlette du tout puissant deuxième vice-président Youssouf Bathily, le « tout-terrain » de la Chambre, ses collègues du bureau ont exigé une augmentation des frais de téléphone de 75 000 à 200 000 F Cfa par mois ; une augmentation de 50% de la dotation en carburant, soit de 300 000 à 450 000 F cfa.

La Ccim reste une institution consulaire même si sa nouvelle version est éclaboussée par les jeux d’intérêts dirigés par les deux complices dictateurs Konaté et Bathily. D’où cette question : où est passé l’Etat ?

 

Il est pourtant bien là, représenté essentiellement à trois niveaux : la comptabilité, le contrôle financier et le secrétariat général. Mais il se trouve que le comptable et le contrôleur financier sont sous la responsabilité d’un secrétaire général, semble-t-il, sans aucune responsabilité, ne sachant même pas pourquoi il est là, tout heureux enfin d’avoir un poste de responsabilité, même de façade.

Cheick TANDINA

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