La justice, saisie du contentieux post-électoral de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), a dit « le droit » en faveur de Jeamille Bittar. Ce jugement, loin d’être une victoire pour Bittar, élargit plutôt le fossé entre opérateurs économiques maliens.
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La Cour suprême vient de clore définitivement le feuilleton judiciaire à la CCIM en cours depuis bientôt un an. Elle a confirmé en son audience du vendredi 19 octobre 2007 les jugements du Tribunal administratif et de la Cour d’appel qui avaient entériné les résultats issus des urnes et qui étaient favorables au président sortant de la CCIM, Jeamille Bittar.
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Ce verdict de la Cour suprême n’a pas surpris les observateurs ayant suivi de bout en bout la débâcle électorale de la CCIM courant octobre 2006. Tout est parti des élections consulaires du district où deux listes s’affrontaient à Bamako. La liste de Jeamille Bittar et celle d’Ousmane Guittèye. Ce dernier était le candidat désigné du Groupement des commerçants du Mali composé de vieux routiers et de grosses pointures du négoce. A chaque élection consulaire, le candidat du Groupement au fauteuil de président de la CCIM passe en roue libre.
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Contre toute attente, Bittar qui était parvenu à introduire le système des procurations avec la complicité de son ami Choguel Kokala Maïga (ministre de l’Industrie et du Commerce d’alors) l’a remporté haut la main. Au décompte final, il a gagné avec plus de procurations que de votes physiques. Pour masquer la mascarade électorale, la presse, qui assistait le jour du vote au scrutin au CICB, a été priée de quitter la salle par le président de bureau de vote, le magistrat Souleymane Coulibaly, procureur près la Cour d’appel. Les résultats n’ont été publiés que 24 h plus tard.
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Légalité et non légitimité
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Les nombreuses irrégularités constatées ce jour-là avaient fait l’objet de plainte devant le Tribunal administratif par le camp Ousmane Guittèye. Des pièces à conviction composées de milliers de vraies fausses procurations saisies le jour du scrutin sur les partisans de Bittar avaient été jointes à la plainte. Tout cela n’aura finalement servi qu’à amuser la galerie. De bout en bout de la machine judiciaire, le verdict des urnes a été la pièce ayant motivé l’intime conviction des juges.
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La légalité confirmée par les tribunaux est cependant loin de conférer la légitimité à Jamille Bittar. La CCIM comme son nom l’indique, est un regroupement de professionnels de commerce et de l’industrie. La personne qui a la chance de présider à ses destinées doit bénéficier de la confiance de l’ensemble de ses membres et jouir d’une crédibilité au-dessus de tout soupçon.
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Il va sans dire que le camp Guittèye comprenant le Groupement des commerçants, les associations de commerçants détaillants comme le Synacodem, le Patronat malien va certes cautionner la légalité mais pas la légitimité. Depuis lundi dernier d’ailleurs, des concertations ont commencé au sein du groupe des sept milliardaires (autre appellation du camp Guittèye) pour adopter la stratégie à suivre.
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De source proche de ce camp, la légalité sera respectée, mais, précise-t-on, il ne sera pas question pour eux de fumer le calumet de la paix avec un Jeamille Bittar dont la victoire, persiflent-ils, est celle conférée par le pouvoir en place.
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Abdrahamane Dicko
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