” L’augmentation des frais de dédouanement de la pomme de terre au Mali ne vise pas à protéger les producteurs locaux, mais à protéger les intérêts de l’opérateur économique Modibo Kéïta patron du groupe Gdcm “. C’est en substance le point de vue des membres de l’Association des importateurs de produits agro-alimentaire du Mali, exprimé au cours d’un point de presse le week-end dernier, dans la salle de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali.
La conférence était animée par Broulaye Ballo, secrétaire général de l’Association des importateurs de produits agro-alimentaires du Mali (Aipaam). Il avait à ses côtés Mme Lah Kadiatou Lah, vice-présidente, et Alimatou Bamba.
D’entrée de jeu, les conférenciers ont exprimé leur inquiétude par rapport à la hausse vertigineuse des frais de dédouanement dans notre pays qui s’avère, sans motif, le plus élevé de la sous-région.
Ainsi, le secrétaire général de l’Aipaam, a-t-il rappelé qu’au moment où la douane malienne applique le tarif de 200 Fcfa au 1 kg de pomme de terre, les autres pays le font à des prix plus souples : 66 Fcfa au Niger, 76 Fcfa au Sénégal, 40 Fcfa au Burkina Faso ce qui est le taux le plus bas.
“Cependant, le gouvernement justifie cette hausse par l’application des textes de la Cedeao dans le domaine du dédouanement. Et il s’avère que malgré l’application de ce texte, le Niger est à 66 Fcfa. Ce qui nous amène donc à nous poser la question : pourquoi cette hausse injustifiée” s’interroge M. Berthé.
Aussi, pour le secrétaire de l’Aipaam, ils n’ont nullement l’intention de décourager la production locale dans la mesure où ils ont eu à signer des conventions avec l’Etat de n’autoriser l’importation qu’après l’épuisement de la production locale.
En tout cas, le secrétaire général de l’Aipaam a été catégorique : l’importation est impérative car la production locale ne pourra pas, elle seule, répondre à la demande des consommateurs.
Pour les dirigeants de l’Aipaam, ce sont la douane et quelques autorités qui veulent coute que coute les décourager afin de donner le monopole du secteur au groupe Gdcm, qui ne parvient même pas, à les croire à satisfaire leur commande et en plus, selon eux, les produits coûtent chers plus que la pomme de terre importée. “Le ministre du Commerce a mis récemment un chèque de 200 millions Fcfa sur la table en guise de garantie pour que Gdcm nous donne la marchandise, il en a été incapable “, a regretté un intervenant lors de la conférence. Pour les membres de cette association, tant que les frais de dédouanement ne seront pas baissés, les consommateurs continueront à acheter la pomme de terre à un prix fort. En tout cas, les membres de l’Aipaam ont invité le président de la République à baisser les frais de dédouanement. Et ils n’excluent pas de marcher s’ils ne trouvent pas une réponse satisfaisante à leur requête.
Le Groupe GDCM réfute les accusations de l’Aipaam
Le groupe Gdcm de l’opérateur économique, Modibo Kéïta, à travers le responsable de la filière pomme de terre, Soumaïla Coulibaly, s’est aussi entretenu le même week-end avec une dizaine de journalistes pour réfuter les accusations de l’Aipaam. “Nous n’avons rien contre l’importation de la pomme de terre au Mali. L’année dernière tout près, lorsque nous avons su que notre stock allait s’épuiser, nous avons aussitôt informé les autorités afin qu’elles puissent faciliter l’importation pour que le marché soit bien fourni “ a introduit M. Coulibaly.
Selon lui, l’Aipaam veut dicter sa loi à leur groupe, chose qu’ils ne vont pas accepter. ” Pour la simple raison que cette association veut qu’on lui donne la pomme de terre pour la vente et veut aussi nous retourner les invendus. Chose que nous ne pouvons pas accepter car la pomme de terre est constituée à 90% d’eau et nécessite des moyens pour son conditionnement ” a précisé M. Coulibaly. Sinon, selon lui, dire que leurs produits sont de mauvaise qualité et coûte chère est un faux procès car ils ont vendu cette année le kg au prix le plus bas sur le marché, variant entre 210 à 325 Fcfa.
“Une chose est sûre, c’est que les autorités nous soutiennent ou pas, nous pensons que le peuple doit nous soutenir dans cette démarche d’encourager la production locale car c’est frustrant pour tout bon Malien d’entendre qu’on importe du piment, des oignons, de la pomme de terre dans un pays agricole comme le Mali. C’est pourquoi nous avons investi dans la production de la pomme de terre avec la construction de 10 chambres froides pour le conditionnement. 8 autres chambres froides sont en construction “ a souligné M. Coulibaly.
K.THERA
VIVE MODIBO KEITA l’agriculteur. Le commerce n’a jamais developpé un pays. C’est l’agriculture et l’industrie. Au lieu qu’ils investissent dans la production ces importateurs ne font que déséquilibrer la balance commerciale du Mali ( qui est le plus grand pays importateur de l’uemoa); de plus ils ne payent même pas correctement les impôts. ça suffit comme ça, soit vous vous adapter en allant revendre les pommes de terre de Modibo, soit vous disparaissez. Le Mali change. La structure de notre économie ne peut être dominée par les commerçants. C’est plutôt les agriculteurs. Ce que nous faisons dans le coton, si nous réalisons la même chose dans l’oignon, la pomme de terre, le riz, le maïs, on aura plus besoin de pétrole ou autre chose de merde.
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