Campagne agricole 2011-2012 : Un train de mesures pour juguler une éventuelle crise

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Pour mettre l’opinion nationale et internationale au courant des différentes actions envisagées afin de juguler les effets d’une campagne agricole passable, le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, et son homologue de la Communication, Sidiki Nfa Konaté, ont animé un point de presse. C’était le vendredi 25 novembre à la Direction du Matériel et des Finances du ministère.

Sur l’un des documents distribués à la presse, on pouvait lire ceci: «En terme de pluviométrie, les hauteurs enregistrées sont dans l’ensemble inférieures à celle de l’année dernière… La crue a été caractérisée par un faible niveau sur tous les cours d’eau, occasionnant des pertes de superficies au niveau des systèmes de riziculture de submersion contrôlée, libre et certains bas-fonds».

Plus loin, le document précise que les superficies perdues en céréales sont de 576 258 ha, soit un taux de 11,8%, contre 85 231 ha en 2010. En résumé, ce sont environ 5 028 000 tonnes de céréales qui seront récoltées pour cette campagne agricole. Le besoin des quelque 16 millions de Maliens étant, quant à lui, de 3 538 810 tonnes. Et c’est cette marge infime de 1 110 353 tonnes qui a poussé le gouvernement à entreprendre une série d’actions.

A court terme, il est prévu d’approvisionner les producteurs en semences de contre-saison pour le riz irrigué (Tombouctou et Gao) et les cultures maraichères (dans toutes les régions), de doter les producteurs en petits équipements agricoles pour faciliter l’exécution des activités maraichères et de sensibiliser les producteurs pour le stockage et la vente des produits agricoles à de meilleurs prix… A ce sujet, le ministre Aghatam Ag Alhassane a souligné que «dans chaque village, il y a un grenier familial. Nous devons en faire autant dans nos maisons en ville. Il faudra renforcer les stocks de proximité pour éviter l’inflation». Il n’a pas manqué d’annoncer que le gouvernement s’apprête à débloquer environ 20 milliards de FCFA pour l’achat de céréales et le renforcement du Stock national de sécurité. S’y ajoutent les distributions alimentaires gratuites (DAG), les ventes à prix modérés de l’OPAM ou encore l’achat des pierres à lécher pour le bétail.

Dans ce chapitre, il sied de noter 400 communes dans le Sahel sont en déficit notoire de pâturage, 104 en difficulté alimentaire et 55 en difficulté économique. A long terme, notamment pour la campagne agricole à venir, les techniciens veilleront sur le respect des dates de semis des différentes cultures, en tenant compte du phénomène des changements climatiques et des prévisions météorologiques. D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture, Aghatam Ag Alhassane n’est pas non plus passé par quatre chemins pour répondre à une question posée par une consœur: «De toute les façons, il faudra continuer à dire qu’il faut semer à cette date ou ne pas semer à telle période. Il n’y a pas d’autres solutions, car si vos messages envers les paysans changent à chaque fois, ils ne voudront plus vous écouter. On devra se fier aux prévisions des techniciens». D’autres chantiers concernent la production de fumure organique et sa diffusion à grande échelle, le maintien de la subvention des intrants agricoles et le renforcement du dispositif d’appui-conseil, à travers le recrutement des cadres et agents…

Pendant la conférence de presse, plusieurs autres questions ont été abordées comme la culture de coton, qui prendrait le dessus sur les cultures vivrières. Sur ce point, le ministre estime que «les zones cotonnières sont devenues, depuis quelques années, celles qui produisent les cultures de rente par excellence». Un autre point, et non des moindres, a concerné l’extension des exploitations agricoles. Un sujet qui irrite toujours Aghatam Ag Alhassane. Et il ne s’en cache pas: «pendant qu’on continue à nous encourager dans le système des exploitations, les pays développés ont déjà vendu toutes leurs terres. Chez nous, le gouvernement ne vend, d’ailleurs, pas la terre. A l’Office du Niger, je mets au défi celui ou celle qui peut nous donner la preuve que le gouvernement du Mali a vendu un seul mètre carré. On finance certaines associations afin qu’elles soulèvent les Maliens contre leur gouvernement. Nous sommes, en 2011, seize millions. Dans cinquante autres années, nous serons peut être 40 millions. Pensez-vous que c’est avec la daba qu’on pourra nourrir cette population? Je crois que non. Il faut évoluer vers une agriculture commerciale. Ceux qui veulent nous tromper y sont déjà» a conclu le ministre de l’Agriculture.

Paul Mben

 

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