Cadrage budgétaire à moyen terme 2016-2018 : Comment le gouvernement compte asphyxier ?

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Mamadou Igor Diarra, ministre de l'Economie et des finances
Mamadou Igor Diarra, ministre de l’Economie et des finances

Le gouvernement n’est pas allé par milles chemins pour faire aboutir sa volonté de renflouer ses caisses. Une décision importante a été prise dans ce sens avec la communication écrite relative au Cadrage budgétaire à moyen terme (CBMT 2016-2018).

Pour se justifier, le gouvernement explique de façon simpliste que le Cadrage budgétaire à moyen terme (CBMT 2016-2018) s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté 2012-2017, du Programme d’actions du gouvernement 2013-2018 et de la Déclaration de politique générale du Premier ministre. Ce qui veut dire que la mesure n’a rien à voir avec la situation actuelle du pays, alors que tout le monde a vu les tergiversations du locataire de l’hôtel des finances qui tente d’expliquer  que les signaux sont au vert.

Pourtant, la nouvelle réglementation est faite de telle sorte qu’elle évalue le niveau global des recettes attendues de l’Etat par de grandes catégories d’impôts et de taxes et les dépenses budgétaires par de grandes catégories de dépenses pour la période indiquée.

Pis, il est établi sur la base d’une prévision de croissance réelle du produit intérieur brut de 5,5% en 2016, de 5,6% en 2017 et de 5,7% en 2018.

Dans sa justification peu convaincante, le gouvernement précisera que le cadrage budgétaire a pour objectif de renforcer les finances publiques et d’accompagner la reprise économique pour un solde budgétaire de base hors PPTE en moyenne de moins 0,8% contre moins 0,7% en 2015 et un solde budgétaire global autour de moins 3,9% du PIB contre moins 5,0% en 2015.

Il dégage un écart de financement de 95,3 milliards en 2016, 147,2 milliards en 2017 et de 187,7 milliards en 2018 consécutif, notamment, à la prise en charge de l’incidence financière de l’accord avec l’Untm, à la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire, à la mise en œuvre de l’objectif d’allocation de 15% du budget d’Etat au secteur du développement rural et à l’organisation des élections en 2018.

Il permet aux autorités nationales chargées des arbitrages et de la politique budgétaire d’opérer les choix stratégiques pour l’élaboration de la loi de finances.

Si pour le moment, rares sont nos compatriotes qui perçoivent la portée de cette mesure impopulaire, il faut craindre que son application ne suscite d’autres remous sociaux dans un pays qui sort difficilement des années de crise.

Harouna COULIBALY

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