Rien ne va dans la gestion de l’autorité pour la promotion de la recherche pétrolière au Mali. Et pour cause, de graves irrégularités sont décelées dans cette structure, entrainant une perte financière de plus de 3 milliards de FCFA. C’est ce qui ressort du dernier rapport du Bureau du Vérificateur général.
En effet, la gestion financière de l’autorité pour la promotion de la recherche pétrolière au Mali, est entachée de graves irrégularités qui entravent le processus même de la recherche pétrolière. Ainsi, selon le dernier rapport du Végal, l’AUREP a irrégulièrement perçu d’importantes sommes d’argent auprès de certaines sociétés pour un montant de 6,84 milliards de francs CFA.
En outre, les recouvrements ont été effectués sans délivrance de titres de perception par le Chef du service financier. De plus, des payements ont été effectués en dehors des délais et, les pénalités de retard dues n’ont pas été appliquées, pour 90,46 millions de francs CFA.
C’est ainsi que certaines sociétés se sont retirées sans pour autant s’acquitter des sommes correspondant à leur période d’activité. Le montant total non recouvré est selon le rapport du Végal estimé à 2,56 milliards de francs CFA.
Aussi, il faut ajouter le paiement des salaires et indemnités au personnel de la structure à partir du compte d’affectation spéciale de l’AUREP sans disposer d’une dérogation, à hauteur de 501,77 millions de francs CFA.
Egalement, contrairement aux dispositions des textes en vigueur, la Paierie Générale du Trésor a payé sur le compte d’affectation spéciale des dépenses effectuées par l’AUREP en (2010) au-delà des recettes disponibles, et le montant du dépassement se chiffre à 140,28 millions de francs CFA.
Ironie du sort, l’AUREP n’a même pas pu présenter les pièces justificatives de l’année 2008, relatives au paiement des salaires et primes du personnel.
Cette autorité a par ailleurs, effectué des dépenses d’un montant total de 7,99 millions de francs CFA sur des véhicules ne faisant pas partie de son patrimoine.
Entravant la recherche pétrolière, le profil du personnel de l’AUREP n’est pas conforme à son cadre organique. Car, il ressort des travaux de vérification qu’au service juridique, un diplômé en Lettres occupe un poste destiné à un diplômé en Droit et au service Géologie, un poste prévu pour un Ingénieur est occupé par un Technicien.
Des achats fictifs
La mission a constaté aussi que le Régisseur de l’AUREP a effectué, entre autres, des dépenses de carburant, de fournitures de bureau et d’alimentation pour lesquelles il n’a pu fournir aucune pièce justificative. Il n’a pas non plus prouvé l’utilisation de ces achats à l’AUREP. Le montant total de ces achats fictifs s’élève à 66,64 millions de francs CFA qui restent dénoncer au pouvoir judiciaire pour recouvrement.
Les obligations financières et techniques ignorées
En vertu de textes, le service financier est chargé d’assurer le calcul et l’analyse des coûts recouvrables par les sociétés pétrolières. Il ressort des travaux de vérification que le chef du service financier n’a pas effectué le calcul, ni l’analyse des coûts recouvrables sur les blocs pétroliers. Et aussi, en violation des dispositions, l’AUREP a admis que les sociétés pétrolières prennent en charge des dépenses de formation qui sont directement déduites des recettes que celles-ci doivent à l’Etat pour un montant qui s’élèverait à 149,83 millions de francs CFA.
L’AUREP a réalisé des missions de suivi sur l’ensemble des blocs opérationnels dans les bassins du pays sur la période 2008-2012, sans disposer de programme préétabli de suivi et de contrôle des activités des sociétés pétrolières et a cédé à 1 226 200 dollars des données sismiques dont le coût d’acquisition s’élève à 18 997 126 dollars, soit un prix de cession 15 fois inférieur au coût réel. Ce dysfonctionnement résulte d’une absence de mécanisme de détermination des prix de vente des informations relatives aux données sismiques.
Comme quoi, il faut un grand balayage dans cette structure, au risque d’hypothéquer la recherche pétrolière au Mali.
Dieudonné Tembely