Bonne croissance macroéconomique au Mali : A qui profite réellement cette embellie financière ?

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Pour les plus hautes autorités du pays et les Institutions de Bretton Woods, l’économie malienne se porte bien, avec un taux annuel de croissance économique estimé en moyenne à 5%. Mais, malgré le fait que les indicateurs soient au vert, le bien-être économique du malien n’est toujours pas au rendez-vous. Et, une frange importante de la population broie du noir avec une paupérisation de plus en plus généralisée. Alors, à qui profite réellement cette embellie ?

Selon les statistiques, l’économie malienne a connu un taux de croissance de 5,3% en 2015,  6% en 2016 et est à 5,5% en 2017. Malgré cela, les populations dans leur grande majorité se plaignent beaucoup de l’absence de ressources, et aussi de la qualité des services publics de base, comme l’eau, la santé, l’électricité et autres. Tandis que chez une infime minorité de cette population, c’est la couler douce. Ainsi, de nos jours, beaucoup de chefs de familles bouclent, très difficilement, sur le plan financier, les fins de mois. Comme en témoigne ce boutiquier au quartier 300 Logements en commune V du District de Bamako, l’un des quartiers résidentiels de Bamako. Il nous indique qu’ici, presque tout se prend à crédit, même le pain. Mais à la fin du mois, beaucoup dans le quartier, qui sont des fonctionnaires n’arrivent très souvent pas à éponger leurs dettes. Il avoue que cela joue négativement sur son commerce, car souligne-t-il, «nous n’arrivons souvent pas à nous approvisionner nécessairement en produits». Il poursuit en indiquant qu’avant, on prenait fréquemment les marchandises à crédit avec les grossistes au grand marché, mais actuellement, beaucoup refusent. Pour lui,  ces grossistes expliquent cet état de fait par la cherté de la vie et surtout par le manque de confiance entre ces commerçants qui souvent n’honorent pas leur engagement.

Quant à cet enseignant M. Amadou Maïga, il indique que «ces chiffres sur la croissance de l’économie malienne, c’est du n’importe quoi». Il ajoute que «quand ces institutions de Brettons Woods t’apprécient, cela veut dire qu’elles ont fini de te sucer».

Pour le jeune Dr. Etienne Fakaba Sissoko, cette pauvreté généralisée s’explique par le fait que l’argent du contribuable n’est pas injecté dans les domaines prioritaires. Pour lui, «au lieu de garder l’argent au prêt, il faut le faire circuler, parce que c’est la circulation de l’argent qui détermine le dynamisme de la croissance et la densité de l’activité économique d’un pays». Il indiquera que cette vitesse de circulation de l’argent dans une économie qui bouge est un indicateur dont on tient compte au niveau international si on veut émettre des obligations pour facilement lever des fonds. Dr. Etienne Fakaba Sissoko ne manque pas de dénoncer le fait qu’une minorité s’accapare de l’essentiel de la croissance nationale. Pour mettre un terme à cela et accentuer les efforts pour une meilleure redistribution de la croissance, il a invité les autorités à aller vers des financements innovants. Pour lui, aujourd’hui, il faut supprimer le système des véhicules 4×4 qui consonnent trop et les bureaux climatisés inoccupés et au même moment, le fonctionnaire, lui n’a pas de quoi payer son loyer et nourrir sa famille. Il faut aussi diminuer considérablement les frais de fonctionnement de l’Etat et savoir rationaliser la dépense publique, tout en tenant compte des priorités.

Du côté du ministère de l’Economie et des Finances, on impute cette cherté de la vie par la mauvaise répartition des dividendes de la croissance macroéconomique du pays. Mais, on signale que des mesures sont prises et d’autres pour renverser cette mauvaise tendance. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation générale des salaires, du SMIG et de la réduction de l’ITS à 8%. Alors, vivement une croissance économique qui profite réellement à tous pour le bonheur et le l’honneur des Maliens.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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4 COMMENTAIRES

  1. En réalité cette croissance ne profite pas au plus grand nombre de maliens du simple fait qu’elle n’est pas inclusive Si vous regardez les trois secteurs plus les impôts indirects qui portent la croissance, vous remarquerez que c’est le secteur tertiaire qui réalise le plus gros pourcentage avec plus de 40%, vient ensuite celui de l’agriculture pour environ 30%, celui du secondaire avec moins de 17% et les impôts indirects qui culminent aux alentours de 10%. Comment voulez-vous qu’un commerce orienté exclusivement vers l’importation de biens et des services de téléphonie détenus par des étrangers puissent permettre une redistribution de la richesse sur le territoire national sachant très bien que leurs sous vont à l’extérieur. Pour qu’un nombre important puisse bénéficier des fruits de l’augmentation de la richesse nationale, il faut que nos produits agricoles puissent avoir de bons débouchés et qu’une partie de ces produits agricoles puissent bénéficier d’une transformation sur place ce qui implique l’implantation d’industries nouvelles donc création d’emplois. De ce fait, les agriculteurs bénéficieront des fruits de leurs efforts et les personnes embauchées dans les industries et autres entreprises pourront avoir des revenus conséquents.

    • Cheval blanc ou Chevalier blanc n’ont jamais embellit le Mali, ni la Macronie snobinarde!

  2. La cherté de la vie,dans une économie libérale,est principalement structurelle.
    Sous la pression des institutions financières internationales les pays sous développés ont fait le choix de laisser le prix fixé par le marché.
    Si des mesures de respect des règles de la concurrence ne sont pas respectées,les prix,au lieu de baisser ou se stabiliser,augmente.
    Le pouvoir Ibk a fait le choix de donner le monopole à certains opérateurs proches du pouvoir qui fixent les prix selon leurs intérêts.
    La règle de la concurrence est violée par ceux là même qui doivent être le garant.
    La deuxième possibilité de la cherté de la vie est le contexte international.
    Certains produits importés ont des prix élevés sur le marché international.
    Un régime corrompu ne peut influer sur le prix qu’ à travers les subventions au prix de la rupture avec les institutions financières internationales.
    C’est ce qu’ a fait MOUSSA TRAORÉ causant un tord immense au trésor public pour sauvegarder son régime.
    Ibk ne peut pas le faire dans un contexte démocratique qui peut lui coûter son deuxième mandat .
    Jouer sur la concurrence est la seule solution à condition de sanctionner ses amis affairistes.
    Apparemment il n’a pas le courage de les affronter.
    Le fruit de la croissance sert l’avenir pas le présent.
    Des investissements dans les secteurs productifs produiront leurs effets après le mandat d’Ibk comme ATT a bénéficié des fruits de la croissance d’ALPHA OUMAR KONARE et Ibk celui d’ATT.
    C’EST LE PIB QUI SE BONIFIE PERMETTANT À NOTRE PAYS DE S’APPROCHER DE LA PHASE DE DÉCOLLAGE ÉCONOMIQUE.
    LA CHERTÉ DE LA VIE est liée au non respect de la règle de concurrence favorisé par un régime corrompu

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