Le ministre de l’Agriculture, Agatham Ag Alassane et son collègue porte-parole du gouvernement, Sidiki Nfa Konaté, étaient, vendredi 25 novembre, face aux journalistes. La rencontre, qui a eu lieu dans les locaux de la direction des finances et du matériel du ministère de l’Agriculture, a été l’occasion pour les deux ministres de faire le point de la campagne agricole et annoncer les mesures d’urgence qui s’imposent. Il apparaît qu’à l’instar des autres pays du Sahel, la production agricole de notre pays, bien que moyenne, n’offre pas suffisamment de garantie au regard des poches de sécheresse et de la perméabilité de nos frontières.
Cette rencontre vient à point nommé car beaucoup de nos concitoyens, au regard de l’installation tardive des pluies et leur arrêt précoce, ont commencé à s’alarmer. Conscient de la tension sociale qui pourrait en découler, le gouvernement a donc décidé de donner la bonne information aux journalistes afin de calmer les uns et les autres.
Le ministre de l’Agriculture a commencé par donner les chiffres clés de la campagne agricole. Selon lui, pour la campagne 2010-2011, la production de céréales était estimée à 5.028.000 tonnes. Compte tenu des difficultés rencontrées et surtout, déduction faite des pertes, la production disponible est de 3.907.830 tonnes. L’excédent céréalier de la campagne agricole dernière a permis de mettre de côté un stock résiduel de 731.033 tonnes. Ce qui donne un total disponible de 4.649.163 tonnes de céréales. Quand on sait que les besoins alimentaires de la population malienne, estimée à environ 16 millions d’habitants, sont évalués à 3.538.810 tonnes, il est heureux de constater qu’on dispose d’un excédent céréalier de 1.110.353 tonnes.
Commentant ces chiffres, le ministre Agatham Ag Alassane a déclaré : "Ce léger excédent ne nous met pas à l’abri de certaines difficultés car beaucoup de nos voisins sont dans le besoin et ont commencé à lorgner nos marchés. C’est pourquoi, il est impérieux que le Commissariat à la sécurité alimentaire constitue, au plus vite, les différents stocks en achetant les céréales dans les zones excédentaires pour créer un équilibre avec les zones déficitaires".
Il faut noter que chaque année, ce sont 166 Communes qui enregistrent des déficits céréaliers. Or, cette année, ce sont 104 Communes qui sont exposées au risque de difficultés alimentaires. Au regard de ces chiffres, il faut indiquer que l’inquiétude suscitée par le cas de cette année, est tout simplement du au fait que la pluviométrie s’est installée tardivement et s’est arrêtée précocement.
"Il est donc important pour les consommateurs d’acheter les céréales pour constituer leur propre stock avant que les pays voisins n’inondent nos marchés".
Afin de prévenir toute crise et difficulté alimentaire auxquelles seraient exposées certaines Communes, le gouvernement a initié plusieurs mesures d’urgence. Au nombre de celles-ci, la distribution gratuite dans les zones de déficit pour un montant de 12,4 milliards de FCFA, l’achat d’aliment bétail et de pierre à lécher coûtera 4 milliards de nos francs. Enfin, 3,8 milliards de FCFA serviront à l’achat de semence. Soit un coût global de 20 milliards de FCFA. Ce n’est pas tout, 77,6 autres milliards seront mobilisés pour faire face à la situation agropastorale de décembre 2011 à juin 2012.
Les différentes questions des journalistes ont porté sur la disponibilité de ce fonds, les critères retenus pour la distribution gratuite des céréales etc. En réponse, le ministre de l’Agriculture a été clair : "Le président de la République et le Premier ministre ont donné des instructions au ministre des Finances pour une mise à disposition diligente du fonds. Quant aux critères de distribution des céréales, des commissions seront installées dans les Communes concernées pour ce faire".
Enfin, les deux ministres ont demandé aux journalistes de sensibiliser les producteurs à ne pas brader leurs productions et aux consommateurs de vite reconstituer leur stock avant que les autres n’envahissent nos marchés.
Diakaridia Yossi