BCS-SA : Les dossiers noirs de l’ex –futur directeur général

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Rien ne va plus entre les travailleurs de la Banque Commerciale du Sahel (BCS-SA) et leur patron libyen. Mais aussi, entre ce dernier et les autorités maliennes qui assistent, impuissantes, à la décadence de l’un des fleurons de la coopération libyo- malienne. Révélations.

Relevé de ses fonctions, le 16 septembre 2009, Ibrahim Aboujafar, le désormais « ex-futur » directeur général de la Banque Commerciale du Sahel (BCS-SA) est à couteaux tirés avec les travailleurs de la banque. Après avoir torpillé l’arrivée de son successeur à la tête de la BCS-SA, Aboujafar règles ses comptes avec les cadres de la banque : humiliations, chantage, licenciements arbitraires, violations des droits syndicaux… sont, entre autres, devenus leur lot quotidien.

 

Prévue, le 26 mai dernier mais reportée à une date ultérieure grâce à l’intervention de Mr Ousmane Thiam, président de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) et du ministre de l’Economie et des Finances, la grève des travailleurs avait pour but de protester contre ces humiliations, dont les cadres font l’objet.

Pour eux, plus question de se taire sur les maux qui minent leur banque. Au premier rang de ceux –ci, la gabegie de leur ex-futur directeur général.

 

20 millions CFA de frais de voyage par an

A en croire un haut cadre de la banque qui a requis l’anonymat, les frais de voyage de Ibrahim Aboujafar et de sa famille sont exhorbitants.

Supportés par la banque, ils sont estimés entre 18 et 20 millions CFA par an. « Un aller –retour simple, entre Bamako et Tripoli, ne dépasse guère 750.000 CFA. Même en classe affaires. Mais son billet d’avion est facturé à 3 millions CFA ; celui de sa femme à 3 millions CFA et ceux de ses enfants à 2 millions CFA, chacun », explique t –il en nous montrant des factures. Et de conclure, avec un sourire malicieux aux lèvres : « Souvent même, sa famille n’effectue aucun voyage au Mali. Mais les frais de voyage tombent, quand même, dans son compte bancaire ».

 

S’y ajoute son salaire, considéré comme le gros de la place. A en croire une source proche de la direction générale, Ibrahim Aboujafar est lié à

la BCS-SA par une convention de la BCEAO. Convention selon laquelle son salaire ne devrait pas dépasser 4 millions CFA. Mais comme par miracle, l’ex-futur directeur général de la BCS-SA s’est retrouvé avec un salaire de plus de 10 millions CFA par mois. « C’est le directeur de banque le mieux payé de la place, alors que son niveau ne dépasse guère celui du CAP, c’est-à-dire DEF+2 », ajoute notre interlocuteur.

 

Fruit de

la Coopération Libyo-malienne, la banque Commerciale du Sahel a été créée en 1983. Son capital est estimé à 7,5 milliards CFA. Il est détenu à 96 % par la Libye. Les 4 % restants sont repartis entre l’Etat malien et quelques privés.

Les bilans de la BCS-SA ont, toujours, été excédentaires. Mais le mépris affiché par l’ex-futur directeur général, vis-à-vis des travailleurs, a fini par plomber les résultats d’exploitation de la banque. Avant de susciter l’ire du comité syndical ; lequel voit, chaque jour qui passe, ses revendications fondre comme beurre sous le soleil de Kidal. Il s’agit, notamment, de la hausse des salaires et des primes de rendement, la dotation des chefs de département en véhicules de fonction etc…

 

Après huit ans de négociations, entre Ibrahim Aboujafar et le comité syndical de la banque, aucune revendication n’a obtenu satisfaction.

Mais c’est la nomination d’un aide –comptable au poste de chef de section qui a suscité la colère des travailleurs.

Réputé comme « l’homme de main du patron », l’heureux bénéficiaire n’est même pas détenteur du Brevet de Technicien. A plus forte raison le niveau de la maîtrise que requiert ce poste. Mais face à la protestation générale, l’heureux ou le malheureux bénéficiaire de cette « promo » aurait, sur les conseils de son mentor, porté plainte contre la banque. Avant de réclamer 52 millions CFA, en guise de dommages et intérêts. « Pour faire condamner la banque, Aboujafar ne s’est pas attaché les services d’un avocat. Mais il a fallu qu’il voit rouge, pour le faire », fait remarquer un cadre, rencontré dans les couloirs mal éclairés du deuxième étage, non loin du bureau du directeur général. L’Affaire est, toujours, pendante devant la justice.

 

Autres griefs formulés contre Aboujafar : son mépris vis-à-vis des autorités maliennes. Notamment, le ministre de l’Economie et des Finances.

 

 

Aboujafar brûle la politesse aux autorités maliennes.

Appelé, par Mr Sanoussi Touré, à s’expliquer sur le différend qui l’oppose, depuis plus de huit ans, aux travailleurs de la banque, Ibrahim Aboujafar aurait apposé un niet à la demande du ministre. Colère de Ousmane Thiam, président de l’APBEF. Colère, aussi, de Marimanthia Diarra, Président du Conseil d’Administration de la banque, qui voit son autorité bafouer.

Pour l’heure, Ibrahim Aboujafar campe sur sa position : il n’a de compte à rendre à personne. Pas même, au ministre malien de l’Economie et des Finances.

 

D’où l’immixtion de la présidence de

la République dans cette affaire.

Pour recouper nos informations, nous avions tenté pour la seconde fois de rencontrer le célébrissime Aboujafar.

C’était le 27 mai dernier, aux environs de 9h 45mn. « Le directeur général est en séance de travail ! », nous répond son secrétaire, les yeux lourds de sommeil. Avant de tourner les talons, nous lui laissons nos coordonnées pour un rendez –vous. Peine perdue.

Pour le comité syndical de la banque, le refus du directeur général de rencontrer le ministre de l’Economie et des Finances traduit, d’une part, son mépris vis –à –vis des autorités maliennes. Et, d’autre part, son refus d’ouvrir le dialogue avec le syndicat.

« Nous avons levé le mot d’ordre de grève grâce à l’intervention du président de l’APBEF et du ministère de l’Economie et des Finances. Si rien de concret ne sort de leurs discussions, nous prendrons la décision qui s’impose », avertit Alioune Badra Dieng, secrétaire général du comité syndical de la banque.

Affaire à suivre, donc !

Le Mollah Omar

 

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