Les travailleurs de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali (Bicim) ont tenu un sit-in devant le siège de l’établissement financier sis au quartier du fleuve, hier lundi 18 août 2014. A travers ce sit-in, le syndicat de la Bicim et les travailleurs de la banque ont voulu protester contre l’arrestation de leur collègue Hamadoun Boré, directeur commercial entreprise adjoint de la Bicim. Une arrestation que les travailleurs de la banque jugent illégale et arbitraire et se sentent tous concernés par l’affaire. En solidarité avec les agents de la Bicim, d’autres banques et des représentants du Syndicat National des Banques, Assurances et Établissements Financiers et Commerces (Synabef) ont pris part à ce sit-in.
CE QU’ON REPPROCHE A M. HAMADOUN BORÉ
Selon les explications du secrétaire aux revendications du syndicat de la Bicim, M. Hamadoun Bah, un certain Mohamed Cissé est venu ouvrir un compte au nom de son entreprise “Cissé Technologies à la Bicim. Quand il ouvrait son compte, dit-il, il a présenté son comptable au directeur commercial entreprise adjoint, M. Boré, en lui notifiant que c’est celui-là qui fait ses opérations. Effectivement, poursuit M. Hamadoun Bah. Depuis l’ouverture du compte, c’est le comptable qui faisait les opérations. Et un beau jour Mohamed Cissé est venu déclarer qu’on a volé 800 millions de Fcfa dans son compte. Que son comptable lui aurait volé cette somme. “Il a appelé notre directeur commercial entreprise adjoint comme témoin à la justice. Celui-ci s’est présenté régulièrement à la justice. Après on vient nous dire que notre collègue n’est plus témoin et qu’il est inculpé de complicité d’abus de confiance. Qu’il est le complice du comptable”, a expliqué M. Bah.
POURQUOI MOHAMED CISSÉ A FAIT EMPRISONNER L’AGENT DE BANQUE HAMADOUN BORÉ ?
Dans l’entendement du secrétaire aux revendications du syndicat de la Bicim, Mohamed Cissé a impliqué leur collègue dans cette affaire juste pour faire la pression sur la banque pour avoir son argent. “Mais que la justice se prête à ce jeu, c’est ça qui nous étonne. Depuis le 14 juillet dernier, notre collègue est en prison et nous avons tout mis en oeuvre pour obtenir sa liberté provisoire en entendant son jugement, sans succès. La direction de la banque a aussi tout fait, en vain”.
“ La direction de la banque a même déclaré à la justice qu’elle ne reproche rien à son agent Hamadoun Boré et que celui-ci a fait son travail en bonne et du forme. Tous les éléments pour payer un chèque sont réunis et le directeur commercial n’a rien à voir avec le chèque. On dit pourquoi il n’a pas appelé, cela n’est même pas une obligation d’appeler un client pour lui dire que quelqu’un s’est présenté avec un chèque. Mais pour garder les relations, on peut souvent appeler le client. Mais cela n’est pas une obligation. Notre collègue a même appelé pour vérifier la conformité du chèque sachant bien qu’il était conforme. Malgré toutes ces preuves on arrive pas à obtenir sa liberté provisoire. C’est cela qui nous révolte”, a ajouté le syndicaliste.
POURQUOI LE SIT-IN ?
Les travailleurs ont organisé le sit-in devant la banque pour dire à qui veut l’entendre que leur collègue n’a rien à voir dans cette affaire et qu’on le laisse tranquille. À en croire les travailleurs de la Bicim toutes les autres banques sont au parfum de cette affaire et sont toutes unanimes à dire que Hamadoun Boré est innocent.
Ce qui étonne le plus les syndicalistes de la Bicim est le fait que la justice prenne au sérieux une plainte déposée contre leur collègue par un homme qui a une ardoise de plus de 800 millions de Fcfa à la Bcs, qu’il n’a pas payé. Sur cette somme, précisé M. Bah, la justice a reconnu 400 millions de Fcfa de créance. Aussi à la Bms, le sieur Mohamed Cissé devrait plus d’un (1) milliard de Fcfa d’ardoise comme créance. A la Bdm-Sa, Mohamed Cissé traînerait une créance dont-il ne connaît même pas le montant financier. “Un seul client qui est en contentieux avec 4 banques, qu’on le prenne au sérieux jusqu’au point d’arrêter un innocent ?”, s’étonne Hamadoun Bah.
LE TRIBUNAL DE LA COMMUNE V S’OCCUPE DE L’AFFAIRE
Aux dires du secrétaire aux revendications de la Bicim, d’autres manifestations de soutien national à travers le Syndicat National des Banques, Assurances et Établissements Financiers et Commerces suivront ce sit-in si les travailleurs de la Bicim n’ont pas gain de cause. “C’est un ras-le-bol général, car ce n’est pas que l’affaire Boré. On a déjà connu plusieurs cas de ce genre. Et à force de garder le silence finalement ça retombe sur nous-mêmes. Dans toutes les banques, il y a eu des affaires similaires et au lieu de s’attaquer à la banque on s’attaque au personnel. Et ça devient comme une prise d’otages qui devient un hold-up légalisé”, s’est indigné le secrétaire aux revendications du syndicat de la Bicim.
Au delà du sit-in, les syndicalistes comptent saisir le Ministre de la Justice et son homologue de l’Économie pour leur exposer ce qui tient à coeur les travailleurs des banques. “Cela y va de notre protection, car nous nous sentons aujourd’hui en insécurité. Le cas échéant nous ne comptons pas travailler dans ces conditions. Donc c’est une action d’envergure nationale qui est en gestation et qui se fera dans les règles de l’art. Nous ne voulons pas créer de trouble à l’ordre public, nous agirons en responsable pour nous faire entendre”, a déclaré M. Bah.
Le message du sit-in d’hier des travailleurs de la Bicim est clair : obtenir la liberté provisoire pour leur collègue en attendant son jugement.
Modibo KONÉ