Une mission d’évaluation du Fonds monétaire international (FMI) a récemment séjourné dans notre pays. Au terme de cette mission elle a animé conjointement vendredi, avec le ministre délégué chargé du Budget, Madani Touré, une conférence de presse sur les conclusions de cette évaluation du programme commun entre notre pays et l’institution financière internationale. C’était en présence du représentant résident du FMI, Alain Feler et des experts du département de l’Economie et des Finances.
Le Mali est engagé depuis bientôt trois décennies dans un vaste programme de réformes macroéconomiques visant à maintenir un environnement économique stable afin de promouvoir le développement et la croissance, avec l’assistance des institutions de Bretton Woods, dont le Fond monétaire international.
Cependant, la crise politico-sécuritaire qui sévissait dans notre pays depuis le 22 mars 2012 avait mis coup d’arrêt à cette coopération. Avec la libération des régions du Nord et l’organisation réussie de l’élection présidentielle, de nouvelles perspectives s’ouvrent à notre pays. La vision des nouvelles autorités du pays de relancer la croissance et le développement sera accompagnée par les partenaires techniques et financiers parmi lesquels le Fonds.
Le chef de la mission d’experts du FMI, Christian Josz dans un exposé liminaire, a fait une analyse synthétique de la politique économique du pays. Il retenu la très bonne relation de coopération entre l’institution financière et notre pays. Cette relation s’est, selon lui, davantage consolidée depuis l’organisation réussie de l’élection présidentielle qui marqué le retour du Mali dans le concert des nations démocratiques.
Christian Josz a dit que le Mali a respecté ses engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international dans le cadre du programme commun. Ces engagements portaient notamment sur la bonne tenue du budget et la mobilisation des recettes qui ont même dépassé les prévisions inscrites dans le programme.
UNE CROISSANCE DE PLUS DE 5%. « L’année 2013, a marqué un tournant pour le Mali. Les jalons les plus remarquables ont été la libération du Nord, l’organisation réussie d’une conférence des bailleurs de fonds, le déploiement d’une force de sécurité des Nations Unies pour faciliter le processus de réconciliation et la tenue d’une élection présidentielle transparente et crédible. Ces événements favorables sur le plan politique et sécuritaire ont des retombées positives sur le plan économique : le PIB qui s’était contracté à 0,4 % en 2012, devrait afficher une croissance de 5,1 % en 2013.
Grâce à de bonnes récoltes, le secteur primaire devrait connaître une croissance de 6 % en 2013, le secteur secondaire, quant à lui se montre stable, le repli minier étant compensé par la croissance d’autres activités.
Il convient surtout de souligner que le secteur tertiaire connaît un redressement vigoureux de près de 7 %. Il est prévu que l’effet de l’aide convenue lors de la conférence des bailleurs de fonds se fasse pleinement sentir en 2014 et que la croissance soit donc encore meilleure durant cette année-là.
L’inflation moyenne pour 2013 descendra à près de zéro. L’exécution efficace du budget et la gestion es dépenses ont été satisfaisantes », analyse l’expert du FMI qui reconnaît que le gouvernement de la transition a fait beaucoup d’efforts dans la mobilisation des recettes et la gestion des finances publiques par exemple par la mise en place d’une banque de données pour bien mesurer le niveau de la dette intérieure.
Ainsi pour combler les besoins de financement urgents de notre pays, la prochaine assemblée générale du Fonds monétaire international qui se tiendra la semaine prochaine à Washington statuera sur la mise à la disposition du Mali d’un montant conséquent de près de 30 milliards de Fcfa.
Le chef de la mission a également rappelé que le gouvernement a enregistré de bons résultats dans le cadre de son programme appuyé par la facilité de crédit rapide (FCR) du FMI. « On a observé que la plupart des indicateurs liés au budget rectificatif de 2013 a continué à faire des progrès dans l’amélioration de la gestion des finances publiques. La loi de finances de 2014, sur le point d’être déposée à l’Assemblée nationale, traduit les grands axes du Plan pour la relance durable du Mali (Pred) et tient notamment compte des coûts du processus de réconciliation et de développement du Nord », révèle le conférencier en ajoutant que le Fonds a commencé une réflexion avec le gouvernement sur le désengagement graduel de l’Etat du secteur énergétique et suggéré d’affecter ces ressources à d’autres secteurs comme la santé, l’éducation et les infrastructures de développement.
Pour ce qui est de l’amélioration de l’environnement des affaires, la mission a insisté sur la nécessité de circonscrire les difficultés ayant trait à l’accès au financement et à l’insuffisance d’infrastructures de base. Reconnaissant les progrès réalisés par l’économie nationale malgré les chocs exogènes, Christian Josz a réaffirmé l’engagement du FMI aux côtés de notre pays pour atteindre les objectifs de développement.
Le ministre délégué chargé du Budget, Madani Touré, a remercié les experts du Fonds monétaire international pour la pertinence de leurs analyses et s’est réjoui de la qualité du partenariat dynamique existant entre les deux parties. Il a reconnu la justesse des recommandations de la mission du Fonds. En relevant, les efforts faits par le pays dans le cadre des reformes macro et micro-économiques notamment en matière de développement des infrastructures, dans la relance des secteurs productifs, la poursuite et la consolidation des réformes structurelles et le renforcement des secteurs sociaux, Madani Touré rappellera que les priorités du gouvernement sont la relance de la croissance et du développement.
La Loi de finances de 2014 qui a été adoptée vendredi en Conseil des ministres (voir communiqué du Conseil en page 3) s’appuie sur des prévisions prudentes de recettes. « Ce budget servira de base à un nouveau programme triennal pour lequel le gouvernement a demandé l’appui de la facilité élargie de crédit (FEC). Les reformes qui sous-tendent le programme ont pour principaux objectifs d’accroitre le recouvrement des impôts, d’amélioration du climat des affaires notamment grâce à un accès plus aisé au financement du secteur bancaire et un meilleur approvisionnement en électricité », a-t-il indiqué, tout a réitérant l’engagement de notre pays à amorcer rapidement ces reformes afin de relancer le chantier du développement.
D. DJIRE