Le FMI, malade du manque d’argent : L’Institution financière, obligée de vendre ses bijoux de famille

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« La cigale, ayant chanté tout l’été, se trouva fort démunie lorsque… ». Cette fable de la Fontaine sied bien à la crise qui frappe l’une des institutions financières les plus mythiques de la planète : le Fonds Monétaire International. Une crise, si alarmante que le FMI a dû lancer un SOS à des experts internationaux. Qui l’eut cru ?…

En effet, qui aurait pensé, que l’un des plus grands donneurs de leçon en matière de gestion financière aurait, un jour, péché par là même où, il prêche les autres ? En particulier ses débiteurs, en majorité des pays africains, dont les prêts se réduisent d’année en année comme peau de chagrin. C’est l’occasion, pour les pays emprunteurs, de lancer, à la face de l’institution : « Tu nous faisais chanter ! Eh bien, danse maintenant ! »…


Dessin de Mad Diarra

La Part des Lions

On a toujours pensé –et à juste raison –que le FMI est la chasse gardée des pays dits développés. Même si certains s’évertuent à croire que « l’aide au Tiers Monde est souvent l’aide des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres ». Une assertion qui vaut son pesant de vérité… Mais au sein du FMI, la composition du Conseil d’Administration donne, déjà, une idée des pouvoirs à l’intérieur de cette institution. Sur les 24 sièges de ce Conseil, ce sont les pays dits du G.8 qui détiennent les rênes de l’institution, avec un siège pour chacun : les Etats-Unis, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Russie, la chine, le Japon et l’Arabie Saoudite. Les 16 sièges restants sont repartis entre les 27 pays de l’Union Européenne et… 2 sièges pour l’Afrique subsaharienne. De 45 au début, le nombre des pays membres a atteint 185. Et bien que le Directeur général ait toujours été un européen, c’est bien le pays de l’oncle Sam qui détient le droit de veto, en ce qui concerne les prises de décision (à la majorité de 85 %) au sein de l’institution : 17 % des droits de vote ! Les 27 pays de l’UE détiennent 32 % des droits de vote. Et les 53 pays africains –qui représentent pourtant 30 % des pays membres –n’ont droit qu’à… 2 % des droits de vote.

Au secours !

De nos jours, le FMI ne dispose plus que de 35 pays emprunteurs, soit le quart de son porte -feuille. Sans le prêt de la Turquie (6,9 milliards de DTS) l’institution aurait sombré, depuis belle lurette. Car les emprunts des 18 pays africains –dont 2 millions et 8 millions de DTS pour le Bénin et le Cameroun –ne peuvent la sauver du gouffre. Au 1er Février 2007, les encours de ses prêts ont chuté jusqu’à 9,1 milliards de DTS (l’unité de compte du FMI qui vaut 1,5 dollar), contre 71,9 milliards en 2003. En 2006, son budget se chiffrait à 930 millions de dollars, dont les 72 % étaient affectés à ses… 2716 salariés. Mais l’exercice 2007 connaîtra un trou de 69 millions de DTS. Et les déficits à venir seront plus lourds : 124 millions de DTS en 2008 et 245 millions en 2010. Qui dit mieux ?

Certainement des pays comme l’Algérie, l’Argentine, le Brésil, la Bulgarie et l’Uruguay, qui ont déjà remboursé leurs créances avant terme. Ou des pays qui se sont embrouillés depuis avec l’institution, tels que l’Ethiopie, l’Equateur, l’Indonésie, la Malaisie, la Turquie, le Zimbabwe… Si bien que le FMI est contraint de faire appel à d’éminentes personnalités de la finance, pour redresser ses comptes meurtris. Aussi, le Directeur général, Rodrigo De Rato, a –t –il sollicité les compétences de sept experts, triés sur le volet. Un comité dirigé par Andrew Crockett, ex –DG de la BRI (Banque des Règlements Internationaux) et Président de JP Morgan Chase International, et composé de : Alan Greenspan, Consultant et ex –Président de la Réserve fédérale américaine, Jean –Claude Trichet, Président de la Banque Centrale européenne, Mohamed El-Erian, PDG de la Harvard Management Company, Guillermo Ortiz, gouverneur de la Banque Centrale du Mexique, Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque Centrale d’Afrique du Sud, et Hamad Al Sayari, gouverneur de l’Agence monétaire saoudienne.

La Racine du Mal

Ces sauveurs, appelés au chevet de la « grande malade » ont trouvé la racine du mal, qui rongeait le « médecin financier » du monde. Dans leur rapport, ils constatent que : « Le FMI vit au dessus de ses moyens, comme les pays, dont il stigmatise la gestion : il dépense plus qu’il ne gagne ». Pour échapper à une mort financière certaine et économiser 100 millions de dollars par an, l’institution est tenue de diminuer ses charges, et surtout, de renvoyer une bonne partie de son personnel. Mieux, elle doit trouver des ressources autres que les intérêts, dont elle vit et survit jusqu’à présent : ceux des pays auxquels elle prête de l’oseille. Aussi, elle doit brader comme qui dirait, ses « bijoux de famille ».

Soit 403 tonnes d’or, sur les 3217 tonnes qu’elle a amassées durant toutes ces années… Cette déconfiture financière est le résultat, du laxisme, de l’inconscience, du manque de prévoyance et de l’esprit de routine des patrons du FMI. A cause du pléthore de personnel, ces économistes du FMI, pourtant chevronnés, passent leur temps à se ronger les pouces. A quoi sont –ils employés au sein de l’institution, s’ils ne sont plus capables de trouver des formules pour juguler cette crise ? Les comptables du FMI se seraient –ils transformés, depuis, en … « cons –derrière la table » ?…

Par le Viator

(Source : jeune Afrique)

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