Entre nous : D’épais brouillards !

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La situation sociopolitique du Mali s’apprécie différemment selon les positions des uns et des autres. Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI) a largement apprécié la situation économique du pays.  L’accord pour la paix et la réconciliation est presque dans une impasse avec le cas de Kidal qui oppose les Ifoghas et les Imghads. La communauté internationale s’impatiente des retards accusés dans la mise en œuvre de l’accord d’Alger. Les partis politiques et autres candidats indépendants s’activent pour constituer des listes électorales dans la perspective des élections communales du 20 novembre 2016 avant la date limite du dépôt des dossiers de candidature fixée au 06 octobre prochain. D’épais brouillards à l’horizon ?

À l’état actuel des choses, il est impossible pour le gouvernement du Premier ministre Modibo Kéïta d’organiser les élections communales sur l’ensemble du territoire national à la date indiquée dans le décret convoquant le collège électoral. L’autre aspect de la problématique est relatif au pèlerinage chrétien à Kita.

La marche de l’opposition républicaine et démocratique et de la société civile du samedi dernier accentue davantage la pression sur le Président de la République et son gouvernement, lesquels ne sont pas prêts à s’engager dans l’aventure des concertations nationales. Contrairement à ce que l’on veut faire croire, cette opposition qui investit la rue ou qui tient des conférences de presse, n’a pas de velléités putschistes ou déstabilisatrices. Le problème du Président de la République est le malaise qui frappe la majorité présidentielle dont la locomotive est grippée par des guerres de clocher. En effet, le Rassemblement pour le Mali (RPM) ressemble plutôt à « une garnison de chercheurs de places » pour reprendre l’expression d’un éléphant de la forêt politique malienne.

Le Président Ibrahim peut se réjouir d’avoir des « opposants civilisés » qui n’effectuent pas jusque-là un vrai travail politique à la base qui les ferait apparaître comme des alternatives crédibles à la gouvernance actuelle du Mali.

Du côté de l’opposition comme de la majorité, l’analyse des relations laisse penser que ce sont des considérations purement personnelles qui rendent difficiles certains rapprochements. Et la situation dans laquelle se trouve le Mali aurait dû inciter les uns et les autres à mettre leur égo en veilleuse.

Le blocage dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation et les récriminations faites contre le gouvernement par une partie de la communauté internationale mettent le Président Ibrahim dans une position délicate. Il doit ménager en même temps une opinion publique toujours passionnée par la situation au nord, et ses soutiens internationaux. Ceux-ci estiment à tort ou à raison que son équipe ne fait pas assez pour avancer dans la mise en œuvre de l’accord dont un éventuel échec peut embraser l’ensemble du Sahel. La sortie de l’Ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Mali, Paul Folmsbee, le 27 septembre dernier, est une opinion largement partagée dans les grandes chancelleries occidentales.

Les actions menées actuellement pour débarrasser la ville libyenne de Syrte de ses derniers combattants islamistes pourraient infester des pays comme le Mali et le Niger. En proie à la secte islamiste Boko-Harm, le Président nigérien, Issouffi Mahamane, est assis sur une véritable poudrière et n’est certainement pas à l’abri d’une nouvelle rébellion.

Le Gouvernement d’IBK dispose donc d’arguments sérieux pour obliger la communauté internationale à faire en sorte que le blocus de Kidal soit levé pour avancer dans la mise en œuvre de l’accord. Pour l’apaisement du climat politique, le chef de l’Etat doit aller au-delà des concertations qu’il a commencées avec les chefs politiques. Il est possible pour le gouvernement, notamment le chef de l’Etat, de décaler la date des élections d’une semaine. Et le Président de la République peut même recevoir la communauté catholique dans ce cadre.

Chiaka Doumbia

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