Développement rural : L’irrigation comme parent pauvre du secteur agricole au Mali

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Notre pays est l’une des Nations favorisées par la nature à travers l’existence d’une grande potentialité agricole. Malheureusement, par manque de volonté politique, nos pouvoirs publics peinent à mettre aujourd’hui en valeur cette énorme potentialité qui pourrait faire de lui, l’un des  pays les plus enviés au monde.

 

Selon les chiffres officiels, notre pays possède 2 200 000 ha de terres aptes à la culture irriguée et suffisamment de ressources en eau qui peuvent être mobilisées pour faire de l’irrigation, un moteur de développement agricole.

 

 

Une possibilité qui fait de lui d’ailleurs, l’un des pays de  l’Afrique de l’Ouest et même de l’Afrique toute entière, les plus pourvus en potentiel hydro-agricole. Malheureusement,   suivant les chiffres officiels, à ce jour, seulement 370 000 ha environ, soit 16,8% des terres aptes à la culture, seraient sous contrôle de l’eau. Et vraisemblablement, les raisons de cette contre-performance seraient dues, entre autres, à des problèmes institutionnels  ou de gouvernance tout court.

 

 

 

En effet, selon les constats,  l’irrigation se trouve aujourd’hui noyée et même étouffée dans un ministère de l’Agriculture ou du Développement rural dont les principaux gestionnaires sont des agronomes et des vétérinaires. Cependant, il est  rare de voir un agronome désigné  (par simple raison de regroupement du corps des ingénieurs d’agriculture et de celui des ingénieurs du Génie rural) sous le vocable d’ingénieur d’agriculture et du Génie,  diriger un projet de maîtrise de l’eau.

 

 

 

Les vrais spécialistes de l’irrigation qui devraient prendre les choses en main, sont mis à l’écart ou sous employés. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nombre d’entre eux sont contraints  de quitter la fonction publique et d’aller monnayer leurs talents dans les bureaux d’études privés ou dans les Ong et, ceux  qui le peuvent, s’expatrient pour des Institutions internationales. Le peu de cadres qui restent en fonction sous le joug des agronomes et des vétérinaires, s’en remettent à Dieu, en attendant un lendemain meilleur.

 

 

 

En conséquence, les initiatives étant  étouffées et  la vision prospective  limitée, l’irrigation qui renvoie l’image d’un secteur délaissé,  est très   mal administrée  au Mali.

 

 

C’est pourquoi, il serait bon  de créer un ministère (soit ministère délégué)  ou un secrétariat d’Etat auprès du ministère en charge de l’Agriculture ou rattaché à la Primature. Ce qui donnera une grande visibilité à  l’irrigation et une bonne vision stratégique de la maîtrise de l’eau,   contribuant ainsi  fortement à  la sécurité alimentaire tout en renforçant la résilience des populations rurales dans le contexte du changement climatique.

 

 

En tout cas, les grandes Nations de l’irrigation en Afrique et de par le monde, ont toujours eu dans leur architecture gouvernementale, un département dédié à  l’irrigation. Le nôtre pourrait être dénommé ministère de l’Irrigation et de l’Equipement rural (pour prendre en charge la mécanisation agricole et les pistes rurales).

 

 

Ceci étant, le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta peut bien profiter du prochain  remaniement ministériel  pour créer un département dédié à l’irrigation.

 

 

Zakariyaou FOMBA

 

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