Les comptes attestent que l’activité économique a été sujette à de nombreuses perturbations du fait des crises politique, institutionnelle et sécuritaire survenues en 2012.
L’hôtel Radisson Blu a abrité hier la journée annuelle de diffusion des comptes extérieurs du Mali. Il s’agit de la 6è édition du genre. La cérémonie d’ouverture des travaux était présidée par le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, qui avait à son côté le directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré. Cette journée avait comme thème : le « solde courant de la balance des paiements : analyse des principales évolutions et propositions de mesures pour la résorption de ses déséquilibres ». Selon ses organisateurs, l’événement devait permettre d’étendre les discussions à l’évolution des prix à la consommation en 2013 en mettant en exergue les origines internes et externes de l’inflation.
Expliquant le sens et l’utilité de cet exercice, le ministre de l’Economie a expliqué qu’il permet de familiariser les acteurs de la vie économique nationale avec les concepts de balance des paiements et de renforcer le dialogue entre les secteurs public et privé dans le cadre de l’analyse économique et de la définition des politiques économiques. Cette analyse apporte un éclairage sur les déséquilibres internes notamment au niveau des finances publiques. En effet, a précisé le ministre, le solde courant des paiements extérieurs d’une économie est le reflet du déséquilibre entre l’épargne et l’investissement. Un déficit du compte courant peut être interprété comme un excès de la demande globale par rapport à l’offre globale. Lorsque cet excès de la demande est localisé au niveau du budget de l’Etat, cela se traduit par un déficit. Le déficit courant de la balance des paiements correspond au besoin de financement exprimé par une économie dans le cadre de ses transactions courantes avec l’extérieur et constitue la principale source d’accumulation de dette extérieure.
Pour atteindre ses objectifs de réduction de la pauvreté et de croissance économique, a poursuivi Mme Bouaré Fily Sissoko, le Mali a entrepris des projets d’investissements qui nécessitent l’importation de biens d’équipements et intermédiaires ainsi que la consommation de services extérieurs. A ces besoins s’ajoutent les dépenses induites par l’envolée des prix des produits pétroliers et alimentaires ces dernières années. Pour la patronne de l’hôtel des Finances, cet accroissement des besoins de financement, s’il n’est pas suivi de près pourrait compromettre la validité du déficit courant. Les réflexions doivent par conséquent être menées afin de proposer des mesures de politique économique visant à résorber les déséquilibres du déficit courant.
L’élaboration de la balance des paiements des pays membres de l’UEMOA a été confiée à la BCEAO aux termes des dispositions du Traité de l’Union et des textes réglementant les relations financières extérieures des Etats. Dans ce cadre, la Banque centrale s’est dotée d’un dispositif d’élaboration des comptes extérieurs, régulièrement révisé pour l’adapter à l’environnement des pays de l’Union et aux normes internationales, a indiqué le directeur national de la BCEAO, en notant que la balance des paiements est un précieux outil pour la politique économique. « Ses rubriques et ses soldes et le signe des montants qu’ils enregistrent informent à la fois sur la participation d’une économie aux flux d’échanges internationaux et sur la structure conjoncturelle de cette économie. Etant donné que cette balance résulte de la compilation des données fournies par l’ensemble des acteurs économiques, il est donc indiqué que la Banque centrale revienne vers eux pour présenter les résultats du travail effectué grâce à leur concours », a expliqué Konzo Traoré.
Les comptes diffusés établissent que l’activité économique du pays a été sujette à de nombreuses perturbations du fait des crises politique, institutionnelle et sécuritaire survenues en mars 2012. Ces crises ont entraîné la suspension de la coopération avec les principaux partenaires techniques et financiers, se traduisant par le gel des financements extérieurs. Du coup, le taux de croissance a baissé, ressortant à -0,4% contre 2,7% en 2011. Cette contraction de l’activité économique est surtout imputable aux secteurs secondaire et tertiaire dont les valeurs ajoutées ont connu respectivement une régression de 2,8% et 7,9%, après une hausse de 8% et 3% en 2011.
Le taux d’inflation a culminé à 5,3% en moyenne annuelle contre 3% en 2011. En outre, le déficit global des finances publiques, base engagements et hors dons, s’est amélioré, atteignant 1,5% du PIB contre 7,6% en 2011, dans un contexte de révision à la baisse des objectifs de recettes et d’effort de maîtrise des dépenses publiques, induits par la crise.
Les transactions économiques et financières entre le Mali et le reste du monde pendant l’année 2012 font état d’une amélioration du profil des échanges extérieurs. Le compte des transactions courantes est ressorti déficitaire de 139,2 milliards de Fcfa, en amélioration par rapport aux 170 milliards de déficit en 2011. Rapporté au PIB, le déficit du compte courant, hors transferts officiels, est ressorti à 3,2% en 2012, après avoir atteint 7,8% du PIB en 2011. Cette évolution s’explique par une forte amélioration de 214 milliards de Fcfa de la balance commerciale, qui s’avère excédentaire pour la première fois depuis 5 ans. Elle est cependant atténuée par les échanges de services et de revenu primaire qui sont soldés par des déficits de 367,2 milliards et 234,8 milliards respectivement, en détérioration de 28,6 milliards et 16,9 milliards par rapport à 2011.
Quant au compte de capital, son solde excédentaire s’est établi à 53,3 milliard en 2012, en détérioration de 130,9 milliards par rapport à son niveau de 2011, du fait de la suspension de l’aide extérieure par les partenaires techniques et financiers, en raison de la crise sociopolitique.
Le compte financier affiche, lui, un solde de 97,4 milliards après 150,986 milliards en 2011. Ce montant correspondant à 103,8 milliards d’acquisition nette d’actifs financiers et 201,2 milliards d’accroissement net des passifs.
Résultant des diverses évolutions citées ci-dessus, les avoirs extérieurs nets de la Banque centrale se sont contractés de 43,8 milliards en fin 2012 tandis que ceux des autres institutions de dépôts se sont consolidés de 44.943 millions, conduisant ainsi à un excédent global de la balance des paiements de 1.118 millions.
La position extérieure globale s’est chiffrée à 1.915.252 millions, après -1.820.558 millions un an plus tôt, en raison de l’augmentation plus rapide du stock de passifs financiers envers les non-résidents.
F. NAPHO