Les institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international) volent au secours du Mali en lui octroyant une Facilité de crédit rapide de 120 millions de dollars, soit plus de 70 milliards de F CFA, pour aider à combattre les effets dévastateurs de chocs économiques externes, notamment l’inflation due à des conflits internationaux et des blocus maritimes. Avec l’octroi de cette aide financière, la glace se brise entre le Mali et ces deux institutions financières internationales.
Depuis deux ans et demi, le Mali n’était plus en odeur de sainteté avec la communauté internationale et les institutions financières internationales (Banque mondiale et Fonds monétaire international). En raison de deux coups d’Etat militaires que le Mali a connus, la Banque mondiale et le FMI avaient suspendu leurs aides et programmes de développement.
Mais depuis un certain temps, l’économie malienne traverse des difficultés énormes et le gouvernement de Transition fait face à des difficultés au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa) pour financer sur les marchés sa dette publique.
C’est dans ce contexte que le ministre de l’Economie et des Finances, Alousseni Sanou, a conduit une délégation malienne à Washington en avril 2024, dans le cadre des Assemblées générales du FMI et de la Banque mondiale pour des discussions cruciales. Ces discussions ont porté largement sur les défis économiques et sociaux auxquels le Mali fait face et sur les réformes envisagées pour y répondre.
Au cours des discussions, le FMI, dans le cadre du guichet pour les chocs exogènes, qui lui permet d’accorder rapidement des financements aux Etats dont les économies sont particulièrement touchées par les chocs mondiaux, a décidé de débloquer en urgence 120 millions de dollars pour le Mali. Ledit l’accord doit encore être validé par le conseil d’administration du Fonds, décision qui devrait intervenir selon plusieurs sources cette semaine ou la semaine prochaine.
En plus du FMI, la Banque mondiale apporte aussi son soutien au Mali en décaissant 60 millions de dollars pour faire face à la crise énergétique qui continue de toucher de plein fouet les populations maliennes dans leur grande majorité. Cependant, avec l’octroi de cette aide financière par le FMI et la Banque mondiale, le Mali signe-t-il son retour au auprès des Institutions de Bretton Woods ?
Certains commentateurs pensent qu’avec l’octroi de cette aide financière, le Mali signe son retour dans les girons des Institutions de Bretton Woods. Pour d’autres, ce retour ne correspond pas aux choix stratégiques édictés par les autorités de la Transition en termes de souveraineté économique.
“Vous savez, le pragmatisme économique prime souvent sur les principes politiques dans les relations internationales. Le Mali, durant deux ans, a su montrer que, malgré les crises, il est un acteur incontournable qui mérite respect et coopération, surtout de la part de ceux qui l’avaient confiné dans cet isolement diplomatique et économique. Mais la conviction du Mali en ses propres capacités et sa détermination à maintenir son intégrité souveraine lui ont permis de redéfinir aujourd’hui ses relations avec le monde, prouvant ainsi que le respect mutuel et l’intérêt partagé sont les véritables fondements d’une collaboration internationale réussie”, analyse un ancien diplomate malien.
Ousmane Mahamane