Décidément, le gouvernement de Moïse a du plomb dans l’aile.
En effet, en marge de la visite de travail effectuée du 16 au 18 juin 2014 au siège de l’institution financière, par Madame Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Économie et des Finances du Mali, le Fonds monétaire international est revenu sur l’achat du nouvel avion présidentiel malien.
« Au cours de ces dernières semaines, les services du FMI et du Ministère de l’économie et des finances de la République du Mali ont tenu des discussions à propos de l’achat récent d’un avion, d’un contrat de fournitures autres que des armes et munitions passé par le Ministère de la défense et des anciens combattants, et de l’octroi d’une garantie par l’Etat lié à ce contrat ainsi que d’autres contrats» note le communiqué à l’issu de la rencontre. Faut-il le rappeler, ces discussions avaient pour objectif de s’assurer que la conduite des finances publiques au Mali est compatible avec les objectifs quantitatifs et les engagements de bonne gouvernance des finances publiques du gouvernement du Mali dans son arrangement au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) que le Conseil d’administration du FMI a approuvé le 18 décembre 2013.
Toujours, selon le communiqué publié par l’institution financière internationale, “les services du FMI et du ministère ont discuté des faiblesses dans la gestion des finances publiques et identifié des mesures concrètes pour y remédier”. Parmi ces mesures, Bamako devra notamment mener un audit sur ces différentes transactions controversées et prendre de nouvelles “directives” sur les passations de marchés publics, a indiqué l’institution. Initialement attendues en juin, les équipes du FMI ne se rendront finalement qu'”en septembre” pour mener leur audit, condition au versement d’une nouvelle tranche d’aide.
Ainsi, gelée depuis, l’aide de l’institution restera bloquée au moins jusqu’en septembre et conditionnée à la mise en œuvre d’un audit sur les différents marchés cités ci-haut.
Ouvertement critiquée par le Fonds monétaire international (FMI) qui s’était dit “préoccupé” en mai dernier, l’affaire de l’achat du jet présidentiel d’Ibrahim Boubacar Keïta et des contrats passés sans appel d’offres entre le gouvernement et des sociétés privées connaît des suites.
Le pays, qui recouvre peu à peu sa stabilité, dépend encore de l’aide internationale. Pour combler les besoins de financement urgents du pays, le FMI avait d’abord débloqué en 2013 deux prêts d’urgence pour un total de quelque 33 millions de dollars.
Signe d’un soutien appuyé, le Fonds a même décidé en décembre 2013 d’accorder au pays une ligne de crédit de 46 millions de dollars sur trois ans, dont les versements successifs sont conditionnés à des réformes visant notamment à “lutter contre la corruption” et à “combattre la pauvreté”.
En janvier, les bailleurs de fonds internationaux, notamment la Banque mondiale, l’UE et la Banque africaine de développement (BAD) se sont engagés à mobiliser 4,4 milliards de dollars pour accompagner la reprise que commence à connaître le pays. Cette affaire vient donc jeter un pavé dans la mare entre le FMI et le Mali et ternir la période d’embellie que la République connaissait auprès des bailleurs de fonds.
Dieudonné Tembely