De tous temps et chez tous les leaders en Afrique, la pathologie existentielle semble être « Communiquer avec la base est un complexe de supériorité. » Flirter avec les « grands » médias européens est la pommade la plus sollicitée et à coup de centaines de millions de nos francs. Quand comprendront –ils que cette posture est loin d’être suffisante pour atteindre les objectifs du millénaire pour le Développement (OMD), booster la croissance ou fédérer les économies locales pour le développement de l’Afrique ?
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Le Président de la BAD, Donald Kaberuka a compris et entend inverser davantage cette attitude en ouvrant les portes de son institution aux journalistes .Pour une première, il a rompu la glace en invitant les journalistes des télévisions du Burkina, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali et du Niger. Le président Kaberuka brise donc la glace.
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Dans le format–débat de 90 mn radiotélévisée, le président de la Banque Africaine pour le Développement a, dans un langage simple et clair, répondu sans détours à la soixantaine de questions des cinq confrères du Mali, du Niger, de la Côte d’ivoire, du Burkina et de la Guinée. L’exercice déployé sans fioritures a revisité l’histoire de l’institution panafricaine, ses atouts, ses acquis et défis, sa vision globale de développement de ses 53 Etats membres, au sortir des assises du 11ème FAD, ici même à Bamako en fin septembre dernier.
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Introduisant le débat, l’animateur principal, Pascal AkaBrou (RTI) a émis une doléance au président afin qu’il ramène son discours au niveau du commun des africains. Kaberuka a répondu : « Je ferai l’effort pour me faire comprendre ».
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Oui ! L’anglophone qu’il a paru jaillissait pourtant brillamment en français sur les questions, sans les dégager à la touche. Ses réponses étaient claires et nettes.
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Ainsi, Kaberuka reconnaît que la BAD a fait et fait beaucoup, mais il reste cependant beaucoup à faire encore pour bouter la pauvreté hors d’Afrique malgré la croissance économique engrangée chez certains Etats.
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Lui qui a porté le portefeuille de financement destiné au secteur privé de 250 Millions de dollars à 1milliard, admet que les privés méritent mieux. A ce sujet, dira-t-il, la réflexion est en cours pour l’accès facile au crédit à un taux intéressant.
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Sa banque est loin d’être menacée par la présence des capitaux des non résidents (40°/°). Plutôt la présence de ces 24 pays est une chance. « Ils pouvaient ne pas être là volontairement, mais ils sont venus».
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Les O.M.D, pour Donald Kaberuka, sont loin d’être atteints, mais il ne faut pas désespérer car « il reste encore huit années » pour le deadline. D’ici là, les partenaires doivent chacun remplir son contrat, «ses engagements».
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En ce sens, les Etats devront fouetter le rythme du développement (éducation pour tous, accès aux soins de santé, bonne gouvernance etc.).
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L’ancien ministre des finances du Rwanda croit en l’Afrique. En citant l’exemple de la Chine et de l’Inde, il partage la conviction que la première richesse sur laquelle l’Afrique doit miser, c’est sur ses hommes. En Afrique, nous sommes moins du milliard. Il faut valoriser le capital humain en s’opposant à la fuite des cerveaux, a souligné avec force Donald Kaberuka. Mieux indique t-il, l’Afrique est tenue de briser ses frontières en créant un espace unique viable et fort .We must be United (Nous devons être unis).
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Aussi, à la base de la pyramide de cette union, chaque Etat est appelé à réunir ses forces vitales : exploiter les ressources humaines, équilibrer son développement et asseoir une bonne gouvernance. L’aide extérieure étant entendue comme un appoint. En référence, le président cite volontiers les cas de réussite du Mozambique et du Rwanda. Des exemples à suivre.
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La BAD n’a ni projets pharaoniques ni ambitions chimériques.
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De l’aéroport Mohamed Vde Casablanca au Maroc à celui de Praia au Cap-Vert, au barrage du Seuil de Talo au Mali, la BAD a accompagné les Etats dans leur marche vers le progrès, sans se substituer à eux. Ses ambitions : poser des actes et des ouvrages dont les retombées vont horizontalement à plusieurs pays à la fois.
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Pour le futur, a laissé entendre le patron de la BAD, les actions seront orientées aux projets majeurs régionaux tels que la connexion à internet (55 milliards de dollars), l’interconnexion du réseau électrique, l’hydraulique rurale, le développement des routes transnationales en densifiant l’apport des migrants, reconnu comme une soupape d’égale valeur à l’aide publique dans certains Etats.
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« Notre Institution commune ne peut tout faire et être partout », a averti Kaberuka. Le cinquième président de la BAD admet que des efforts sont à faire à leur niveau pour raccourcir les délais de décaissement en donnant plus de responsabilités aux représentations nationales des pouvoirs de décisions pour une plus grande fluidité des opérations.
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Donald Kaberuka n’exclut pas le retour, pour très bientôt, de la banque à son siège à Abidjan (RCI) quand les meilleures conditions seront réunies pour un travail dans la sérénité.
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La BAD avec Kaberuka innove par cette première, en parlant à un groupe de télévisions africaines, après 43 ans d’opérationnalités. Seulement, que la première ne soit pas la dernière.
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