Si les responsables des services concernés s’abstiennent de livrer les chiffres pour la période indiquée, ils n’ont cependant fait le moindre secret quant à la baisse drastique des taux de recouvrement. Un déficit oscillant entre 30 et 40 % par rapport à la même période pendant les autres années, nous précise-t-on.
On imagine aisément les conséquences de cette carence étant entendu que ce sont recettes fiscales qui servent à payer la masse salariale des fonctionnaires de l’Etat. Et plus encore
On n’en est, pour l’instant, pas à un retard encore moins à une cessation de payement, mais au rythme où vont les choses, il y a lieu de craindre le pire dans un proche avenir. Gageons que les nouveaux directeurs de la Douane et des Impôts sauront relever le défi.
En attendant, de nombreux acteurs et observateurs expliquent le phénomène par les récents bouleversements intervenus dans la haute administration. Il s’agit en l’occurrence du limogeage des DAF suivi du blocage ou presque, de l’appareil financier du fait du ralentissement des affaires.
En clair, les changements intervenus ont eu un impact négatif sur les affaires des contribuables et des opérateurs économiques au point d’inciter ceux-ci à la méfiance et, dans certains cas, dans l’incapacité de s’acquitter du payement de leurs taxes et impôts.
La destitution des directeurs des Impôts et de la Douane serait en outre, à l’origine de la chute sévère des recettes. Et pour cause. A en croire, certains acteurs, les décisions administratives du président de la République, quand bien même politiquement légitimes, ont été assimilées à des sanctions et ont, conséquent, suscité craintes et incertitudes dans les rangs du personnel des services de recouvrement. En somme, le moral ne serait plus à la tâche.
Enfin, nous rapporte-t-on, les grands changements auraient également suscité des oppositions politiques contre le régime en place. Assimilés à tort ou à raison à des «amis» de l’ancien premier Modibo Sidibé, limogé dans des conditions inaccoutumées, certains cadres dont la carrière professionnelle fut stoppée net, n’entendent pas faciliter la vie au régime sortant désormais considéré comme la cible à abattre. Bien imprégnés des réalités de leurs administrations respectives, ces cadres se défendent de toute initiative de nature à consolider la position des nouveaux élus. N’espérant plus grand-chose de l’actuel régime, ils se sont, pour la plupart, positionnés dans d’autres sphères politiques.
Ces différentes prises de positions des acteurs, pour le moins motivées par la méfiance, la crainte, l’abstention voire l’indifférence, auraient pour conséquences cette baisse drastique des recettes fiscales… Et la perspective des lendemains difficiles.
B.S. Diarra