Avoirs du pétrole sénégalais : Un scandale d’Etat dénoncé à Dakar

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Ce mardi 9 mai, un réceptif hôtelier de la place a hébergé la cérémonie de lancement du Collectif citoyen pour le recouvrement des avoirs pétroliers et miniers du Sénégal. De 10h à 12h heure de Dakar, entre New York et Paris, l’expert-comptable Alioune Guèye, Baba Aïdara, le journaliste d’investigation grâce à qui beaucoup de données circulent sur le pétrole et l’honorable député Mamadou Lamine Diallo, un des fondateurs de ce Collectif, une visioconférence a permis de cerner davantage l’imbroglio sénégalais autour de l’or noir, le brut pétrolier découvert aux larges de nos côtes maritimes.

En présence d’un panel de journalistes reporters, et sous les projecteurs des caméras de télés, c’est Abdourahmane Sow, coordonnateur du Cos M23 qui a fait une présentation succincte de ce Collectif qui se compose d’Ousmane Sonko, auteur d’un livre sur le sujet, Abdoul Mbaye, ex Pm, Malick Gakou du Grand Parti, Y’en a marre, le Cos M23 et d’autres personnalités de la société civile, dont Adama Gaye le journaliste et président du Collectif.  Principalement mis sur pied pour une quête intelligente de l’information cachée, l’exigence de l’ouverture d’une enquête formelle dans la transparence et le respect de l’éthique de justice et des intérêts des générations futures, ce Collectif a déroulé, par la voix de Mamadou Lamine Diallo la chronologie. Si l’on en croit les éléments figurant dans la note introductive distribuée par le Collectif, et d’après ce que l’honorable député et coordonnateur du Front Manko Wàatu Senegal, Mamadou Lamine Diallo, le pétrole sénégalais est une véritable bombe noire. Comment tout cela est arrivé pour qu’on se mette tous à subitement parler de pétrole et des scandales qui l’entourent ?

Dans sa chronologie des transactions passées, au départ il y avait le 8 décembre 2011, quand une entreprise qui n’avait même encore été créée (19 janvier 2012, création de Pétro Tim Ltd), a reçu une concession d’exploration de deux blocs de sédiments de brut sur une étendue de 17.358 Km². Et c’est Karim Wade qui était ministre de l’Énergie qui signe ce premier protocole d’accord avec M. Wong Joon Kwang, le prétendu directeur général de Pétro Tim. En présence d’Ibrahima Mbodj, directeur général de la compagnie pétrolière de l’État. Ainsi est entré dans la danse un monsieur «Caïman», Frank Timis, sans aucune expérience d’activité de prospection pétrolière antérieure, se faisant passé pour un spécialiste se moque du Code pétrolier sénégalais (datant de 1998) qui exige aux bénéficiaires de contrats d’exploration de pétrole et de gaz une riche expérience dans le domaine spécifié. Et qui plus est, sa société Pétro Tim n’était pas encore créée, et va ensuite se démultiplier comme des poupées russes en mille parts et morceaux pour porter nuisance aux intérêts du Sénégal. Ce qui ne passe déjà pas.

Puis les frères Sall entrent en scène, et l’un avalise le 19 juin 2012 la signature par Wade le 12 janvier 2012 des contrats de partage et de production avec Pétro Tim pour un délai de deux ans lui spécifiant divers droits et obligations. Donc sept (7) jours avant la création de ladite société par Eddie Wong dans les îles Caïmans sous le numéro 265741, le 19 janvier 2012, le sort du pétrole sénégalais était scellé avec pour objet unique spécifié à cette société, l’exploration des blocs Cayar offshore profond et Saint-Louis offshore profond.

Dans la foulée, la société-mère de Pétro-Tim se crée Petro Asia Resources Limited à Hong Kong sous le numéro 1713823. Le 29 juin 2012, sous Macky Sall, Petro Asia se recrée dans les îles Caïmans Petro Asia Resources Limited sous le numéro 270031. Cinq jours plus tard, alors que son frère est devenu président, le journaliste Aliou Sall crée au Sénégal Petro Tim Sénégal, Sau, comme filiale de Petro Tim Ltd à l’instar de celle créée par Petro Asia Resources Hong Kong aux Îles Caïmans et qui est Petro Asia Resources Limited. La fusion de cet ensemble de montage financier intelligent va donner naissance le 11 juillet 2012 à un holding dénommé Petro Asia Limited, toujours dans les îles Caïmans et sous le numéro 270281, avec 100% des parts de Petro Asia qui semble détenir le tout capital des deux autres filiales d’elle et de Petro. Dès lors il est normal que beaucoup de Sénégalais s’interrogent sur le but de ces sociétés écrans qui fonctionnent en poupées russes encastrées les unes dans les autres pour cacher les parts d’autorités officielles sénégalaises et/ou de leurs proches. Comme pour leur donner raison, le Président Macky Sall nomme le 16 août 2012 un proche membre de sa famille à la tête du Conseil d’administration de Pétrosen.

L’ingénieux ingénieur ne s’arrêtera pas là, nous apprend-t-on, car le 23 août 2013, il signe deux décrets prolongeant au 19 juin 2015 la période initiale de recherche et d’exploration à Petro Tim (expirant le 19 juin 2014), sachant que Petro Tim n’a ni les capacités techniques ni les capacités financières requises pour s’acquitter de ses obligations, d’autant que le rapport classé de l’Ige à ce sujet lui a été remis. Le tour est joué et le tout terminé,  Petro Tim Limited transfert la totalité de ses 90% de capitaux à Timis corporation, donc à Frank Timis lui-même, sans avoir rien versé au Sénégal, pendant qu’il (Frank Timis) maintient  qu’il a payé 10 millions de Dollars US au gouvernement qui dément. Face à cette situation, pour se mettre à l’abri de poursuites judiciaires dans le cadre du Foreign corrupt practices act (Fcpa), que des compagnies pétrolières légales comme Tullow oil qui a été la première à le harceler en le dénonçant au ministre Aly Ngouille Ndiaye, ou encore Kosmos Energy, qui le menace de dénonciation pour blanchiment d’actifs financiers frauduleusement obtenus à la base par Petro Tim, ont voulu lui intenter, 46 jours exactement après ce transfert de Petro tim à Timis corporation, les 90% de parts de Timis vont être à leur tour transférer à Kosmos Energy Ltd, pour 60% de parts acquises et à 400 millions dollars. Là encore, rien n’a été versé au Sénégal.

Une fraude fiscale aggravée par blanchiment de capitaux.

La présentation de la note introductive par l’honorable député Mamadou Lamine Diallo a donc laissé un goût amer quant à l’utilisation mercantiliste qui est en train de s’exercer déjà sur les ressources naturelles découvertes. Une chronologie des transactions de Cayar offshore profond et Saint-Louis offshore profond a permis de considérer les conséquences à terme sur la stabilité du pays. Un citoyen américain et sénégalais, M. Alioune Guèye, expert-comptable à Colombus (Ohio) qui a publié un article intitulé «une analyse des états financiers de Kosmos révèle un paiement à Timis» de 104 millions de dollars Us en espèces, la société civile et l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko, Inspecteur des impôts et domaines fonctionnaire radié, vont tous subir les menaces de Frank Timis et des autorités qui veulent entretenir le plus grand flou artistique là-dessus et un silence complet. L’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption) est mis sous silence, Nafi Ngom est limogée, le Journal officiel est biffé des décrets suspects, N°s 2012-596 et 2012-597. D’où la naissance de ce Collectif, qui répond à un besoin immense de clarté qu’exige le peuple sénégalais pour se constituer groupe de réaction face à la supercherie pétrolifère et gazière, nonobstant l’existence de l’Itie et du cadre de concertation nationale Pétro Gaz. Sa menace est prise au sérieux et le 10 octobre elle est concrétisée par Me El Hadj Diouf contre Adama Gaye, Baba Aïdara, Alioune Guèye et onze figures de l’opposition, tous membres de ce Collectif. Deux jours plus tard, le 12 octobre, l’expert-comptable Alioune Guèye est cambriolé et vandalisé chez lui, son bureau saccagé et son ordinateur emporté. La Revue des contrats pétroliers par Baba Aïdara, notamment sur les conditions d’octroi et de transmission des blocs de Kayar offshore profond et Saint Louis offshore profond à Petrotim Ltd et Timis Corporation Ltd va conduire à découvrir dans les mêmes conditions de totale opacité, comment l’octroi et la transmission des blocs de Sénégal Sud onshore (15.231 Km²) et Saloum onshore (14.290 Km²) à Tender Oil and Gas Casamance, Sarl, filiale de la compagnie Tender Casamance Oil & Gas du roumain Ovidui Tender, sont intervenus. Le contrat de recherche et de partage de production n’ont même pas été publiés décrets. Et Tender oil cédera la totalité de ses actifs (1000 parts, 100% du capital) le 30 avril 2016 à Dat Consultancy FZE, une société émiratie.

Les faits étant dénoncés, le Collectif demande à la justice américaine, à l’union africaine, à l’Onu, à la justice anglaise et la justice australienne, conformément au Fcpa et aux lois appropriées et conventions en vigueur de procéder à l’ouverture d’enquête formelle portant sur les contrats cités en objet. Les acteurs, personnages et intermédiaires sont d’offices attaquables pour faits de concussions, de trafic d’influence, de conflit d’intérêt, de délit d’initié et de fraude fiscale. Face à toutes ces zones d’ombres qui subsistent à cause du refus du gouvernement et des sociétés concernées de publier toutes les informations qui entourent cette affaire, le Collectif, conformément à la Constitution du Sénégal et au Code pétrolier, porte plainte sur fond de récriminations et fait circuler une pétition nationale pour le recouvrement des avoirs pétroliers et miniers du Sénégal.

Correspondance particulière

Khaly Moustapha LEYE

(Dakar)

 

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