2.4 Milliards de FCFA, c’est le reliquat d’indemnités dont doivent bénéficier les centaines de travailleurs que le fameux programme d’Ajustement structurel de 1980 avait balayés. L’argent est disponible et le ministère de l’Economie et des finances propose depuis maintenant un an à l’Association des Travailleurs compressés de lui faire parvenir la liste nominative des bénéficiaires et leurs numéros de compte individuels afin qu’ils soient directement payés.
Coup de théâtre, l’Association refuse et exige plutôt d’avoir entre ses mains le faramineux montant pour procéder elle-même au partage.
Pour des raisons faciles à imaginer, le ministère de l’Economie et des Finances de son côté, rejette catégoriquement cette option.
Du coup, c’est le blocage depuis maintenant 1 an.
Suite à l’incapacité de l’Etat malien à supporter les charges salariales des travailleurs de la fonction publique et de ses sociétés et entreprises, notre gouvernement dans les années 1980 n’eût d’autre choix que d’appliquer, sur conseil du Fonds Monétaire International (FMI) ce fameux programme dit d’ajustement structurel.
L’implacable programme a consisté à inciter les travailleurs de la fonction publique à se faire admettre à la retraite. Il s’agit des ‘’partants volontaires’’. Et dans le cadre des sociétés et d’entreprises d’Etat, nombre de travailleurs ont été tout simplement ‘’compressés’’.
Ainsi, des indemnités de départ ont été attribuées à certains et à d’autres des fonds pour des projets de développement.
Les sociétés et entreprises concernées sont entre autres : la Sombepec, l’Opération Puits, la Sogemork, la Comatex, la Sonarem, l’Opam, l’Odimo, l’Ocinam.
Depuis, les compressés et partants volontaires ont régulièrement porté plainte contre l’Etat malien et les gouvernements successifs pour un manquant de 2.478 milliards dans l’attribution de leurs indemnités.
C’est ainsi que, en 2003, le gouvernement a signé un protocole avec l’association des travailleurs compressés du Mali, pour l’application des grosses de justice en faveur des compressés.
Le protocole de 2003 n’était d’ailleurs pas le premier. Il succédait à bien d’autres qui n’ont jamais été appliqués.
En effet, en 2003 le gouvernement a payé les compressés, mais, il a été révélé qu’il y a eu une moins perçue, une erreur portant sur un montant de 2.478.789.344 de FCFA.
Pour corriger l’erreur, une commission a été mise en place au niveau du Ministère de l’Economie et des Finances et a proposé un projet de protocole d’accord pour le paiement du montant.
Qui veut tricher ?
Ainsi, en août 2016, le Ministre de l’Economie et des Finances a adressé une correspondance au Président de l’Association des Travailleurs Compressés du Mali (ATCM).
Dans la lettre, le Ministre manifeste sa disponibilité à apurer les 2.4 milliards de fcfa, qu’il promet de payer directement aux compressés ou à leurs ayants droit. Pour cela, il a demandé à l’Association des Travailleurs Compressés du Mali de lui faire parvenir la liste nominative des bénéficiaires comportant leurs numéros individuels de compte bancaire. Hélas, depuis maintenant 1 an, l’affaire traîne.
En décembre 2016, le ministre est revenu à la charge, sa première correspondance étant restée sans suite. Cette fois, il a réitéré la même demande, au Cabinet d’avocat Berthé et Koné associés, représentant les travailleurs compressés. Et pour cause.
Dans cette lettre, il a été encore demandé les numéros de compte bancaire individuel des bénéficiaires pour procéder à leur paiement. Et, le ministère est allé jusqu’à se dire disposé à accepter des numéros orange money ou Mobicash.
Mais, à la date d’aujourd’hui encore, ni les conseils des compressés, ni le président de l’ATCM n’ont fourni les comptes bancaires réclamés.
L’ATCM exige plutôt que le montant des 2.4 milliards FCFA soit versé à ses avocats ou à un notaire pour procéder elle-même à la répartition de l’argent.
Une exigence de l’ATCM qui n’est pas partagée par certains compressés qui demandent que les reliquats d’indemnités soient effectivement versés dans les comptes individuels des bénéficiaires.
D’ailleurs, les travailleurs de la Sogemork eux ont accepté les conditions et déposé la liste de leurs compressés en vie et celle des héritiers de ceux qui sont décédés ainsi que les certificats d’hérédité.
Malheureusement, ils sont pris en otage par l’ATCM, puisque le gouvernement Malien veut tout solder en même temps.
Question : pourquoi l’Association des Travailleurs compressés du Mali, refuse-t-elle que soient payés directement les compressés et leurs ayant droits ?
Voilà une histoire grossièrement floue. Or, comme le dit l’adage, quand c’est flou, c’est qu’il y a des… loups.
Boubacar Sankaré