Lors de la conférence sur la vie chère à la Pyramide du Souvenir de Bamako, le 26 mars dernier, le Ministère de l’Industrie et du Commerce a dégagé la politique d’approvisionnement du pays en produits de grande consommation et d’autres mesures d’accompagnements pour atténuer les souffrances de la population. Vœu pieu ou réalité?
Les produits de grande consommation sont en forte augmentation depuis plus de trois ans. Et rien n’est moins sûr en ce qui concerne une possible hausse avec les crises ivoirienne et libyenne, soutenues par une dépendance du Mali au marché international qui importe 70% de sa consommation nationale. Une situation qui met à mal les consommateurs.
La hausse incessante des prix des produits de première nécessité que connaît le Mali, à l’instar de nombreux pays du monde entier, nécessite des dispositions pratiques pour atténuer les souffrances de nos populations. C’est dans cette logique que le gouvernement du Mali, à travers le Ministère de l’Industrie et du Commerce, s’est engagé depuis un certain temps à la mise en œuvre d’une politique d’approvisionnement du pays en produits de première nécessité et des produits pétroliers en termes de stocks, de prix, de perspectives sur le marché et d’autres mesures pour assurer le ravitaillement de la population à des prix compatibles avec leur pouvoir d’achat.
Dans le souci de gérer la crise alimentaire et assurer l’approvisionnement du pays, le gouvernement du Mali a procédé à l’exonération des importions depuis 2007 sur le riz, le lait, l’huile et d’autres produits moins importants dans la consommation nationale. Cette politique a engendré un manque à gagner plus de 50milliards de nos francs.
Pour l’approvisionnement du marché, l’Etat met l’accent sur la production nationale estimée à 1.117.881 tonnes pour des besoins de consommation évalués à9180669 tonnes. A la date du 24 mars 2011, le stock du riz importe était estimé à 71.487 tonnes dont 10.574 tonnes aux ports de transit et 60.913 tonnes sur le territoire national ; ce qui correspond à 25 jours de consommation. A la même date, le kilo du riz était aux consommateurs entre 325et 400Fcfa.
En plus du riz, la farine et le sucre font l’objet d’une attention particulière pour éviter une éventuelle hausse des prix. Après le premier trimestre 2011, le stock national en farine était estimé à 6044 tonnes dont 3.825 tonnes pour la production locale, 2.079 tonnes pour les importations et 140 tonnes aux ports de transit. Le prix moyen de la farine varie entre 350 et 500Fcfa avec une augmentation de 10,05% par rapport au prix de l’année dernière à la même période.
L’approvisionnement du marché national en sucre reste aujourd’hui le goulot d’étranglement du gouvernement. Moins d’une année après, le prix du sucre a connu une augmentation de plus de 20%. A la date du 24 mars 2011, le stock national était évalué à 25.054 tonnes dont 12.749 tonnes au niveau de SUKALA- SA et 12.305 tonnes pour les importations. Depuis une année, le prix du sucre a varié entre 500 et 700Fcfa.
Pour un stock de 2.484 tonnes, soit 36 jours de consommation, le lait en poudre est devenu un luxe pour le consommateur malien avec une augmentation de 17,83% de son niveau de l’année dernière à la même période. Les prix pratiqués variés entre 2200 et 3200Fcfa.
En plus des produits alimentaires, les hydrocarbures (essence, gasoil, le pétrole et jet A1) et le gaz butane n’ont pas échappé à la crise. Le cours mondial du pétrole reste à la hausse avec les crises politique en Afrique du Nord et en Côte du d’Ivoire. La consommation nationale en gaz butane était moins de 11.000 tonnes entre 2009 et 2010. A la date du 24 mars dernier, la consommation prévisionnelle du Mali était estimée à 12.500 tonnes pour l’année 2011.
Pour l’approvisionnement du pays gaz butane, il existe des réelles difficultés au niveau des fournisseurs avec les prix élevés, la capacité insuffisante de raffinage et crise ivoirienne. Sur le marché national, le prix de la bouteille de 6kilo est de1.920Fcfa.
Malgré un dispositif de suivi pour l’application effective de ces mesures, les Maliens assistent impuissamment à une hausse des prix sur le marché. Encore des promesses de la part du gouvernement qui jusque là a du mal à respecter ses engagements. Le cas du riz et du sucre qui ont été exonéré est édifiant. Le pire est que certains produits importés sont impropres à la consommation.
Nouhoum Dicko