La conférence-débat sur l’Agriculture Ecologique et Biologique qui s’est tenue le 10 décembre dernier à l’IPR/IFRA de Katibougou a été suivie de la visite des parcelles agro-écologiques et biologiques de l’IPR/IFRA. C’était en présence du représentant du gouverneur de Koulikoro, Bénogo Ouologuem, du représentant du directeur national de l’Agriculture, Amadou Cheick Traoré, du directeur régional de l’Agriculture de Koulikoro, Oumar Tamboura, du point focal de l’Agriculture Ecologique et Biologique à l’IPR-IFRA, Pr Amadou Coulibaly.
Le projet d’Agriculture Ecologique et Biologique (AEB) est un projet sous régional financé par l’Union Africaine et confié à l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes (AOPP). L’IPR/IFRA de Katibougou est chargé du volet communication.
En effet, l’Agriculture Ecologique et Biologique (AEB) est un système de production qui maintient et améliore la santé des sols, des écosystèmes et des personnes en s’appuyant sur des processus écologiques, la biodiversité et des cycles adaptées aux conditions locales plutôt que sur l’utilisation d’intrants ayant des effets adverses.
Dans son intervention, le directeur régional de l’Agriculture de Koulikoro Oumar Tambouraa affirmé que leur objectif est de produire des produits maraichers de bonne qualité, d’améliorer les revenus des producteurs. Selon lui, la technologie a été introduite pour la région de Koulikoro à travers une collaboration avec l’ONG ERA International qui est conduite par Docteur Roger Michael.
Amadou Cheick Traoré pour sa part, dira que ce système est une solution alternative pour l’Agriculture.
« Nous faisons le maraichage conventionnel avec tout ce que cela comporte comme engagement, comme coût en termes d’intrants et autres. Ce système est entrain d’être adopté et nous sommes dans une réflexion pour aller à sa large diffusion à travers tout le pays. On le fera avec l’ensemble des acteurs. C’est pourquoi, cette visite nous intéresse et après il y aura des suites. Notre ambition est d’aller vers une agriculture durable », a-t-il laissé entendre.
A sa suite, Bénogo Ouologuem ajoutera que le maraichage est une activité agricole importante.
« Dans la sécurité alimentaire, le maraichage a une place prépondérante et est un complément pour l’alimentation. C’était pratiqué par des femmes et nous voulons que cela soit général et que tout le monde s’implique. Il faut améliorer la production et les rendements au maximum. Nous sommes sur un espace qui est considéré comme un espace pilote pour faire en sorte que ce qui est fait ici soit relayé sur toute l’étendue du territoire », a-t-il indiqué.
Le chargé de suivi de la parcelle-pilote de Kayo, Amadou Koné ajoutera que pour produire dans les murets, il faut un certain nombre d’installations en commençant par une source d’eau permanente.
« C’est à l’intérieur de ces murets qu’on pratique le maraichage. Ce sont des murets de 12 mètres de long, d’un mètre de large et de 0,40 cm de hauteur. Le milieu agronomique est composé de l’argile, du sable et de la matière organique. Nous produisons 33 tonnes de tomates par hectare, 20 tonnes d’oignons par hectare, 48 kg par muret », a-t-il assuré.
La visite de la parcelle-pilote de Kayo a été suivie par une autre à Kolébougou dans le périmètre maraicher biologique des femmes de l’association Djiguiya. Selon ces femmes, elles travaillent dans cette parcelle d’un hectare depuis 20ans et arrivent à produire suffisamment sans produits chimiques. Cette étape a été suivie de la visite d’autres parcelles biologiques à Katibougou. Il s’agit des parcelles agro écologiques et Plantes Médicinales du Potager et celles du Centre D’Innovation Verte (CIV) de l’IPR/IFRA de Katibougou.
Aux dires de Pr Mahamoudou Traoré qui s’occupe de la culture des plantes médicinales en collaboration avec le département de médecine traditionnelle de l’Institut National de Recherche en Santé Publique (INRSP), leur objectif est de faire en sorte que les plantes principales qui sont utilisées dans le traitement des maladies ne soient pas récoltées comme on le fait jusqu’à présent de façon anarchique.
« Les plantes qui soignent sont généralement des plantes spontanées, qui ne sont pas cultivées, mais qui sont récoltées de façon abusive et de façon désordonnées. Le département de médecine traditionnelle de l’INRSP a mis au point environ cinq médicaments traditionnels améliorés, et est entrain de continuer à les développer. Les cinq médicaments mis au point prennent comme matière première soit l’IPH Valerie( lequinqueliba), le Casiasitalica(balibali), le casiasoccidentalis (balanbala, qui soigne la toux), le vermonia, le spilantésoleracéou le forbia intra », a-t-il affirmé. Avant de signaler que l’année dernière et cette année, ils ont commencé à travailler sur le Vermonia (utilisé dans le traitement des ulcères) et L’IPH Valérie, et sur le Casiaoccidentalis. Mais pour lui, les choses sont mieux avancées avec le Vermonia qu’avec le Casiaitalica.
« Ces médicaments sont vendus dans les officines mais très souvent, il y a des ruptures de stock qui sont liées au fait que les produits ne sont pas suffisants parce qu’il faut la matière première suffisante et des entreprises qui sont en mesure de les produire massivement », a-t-il déploré. Avant de souligner qu’il faut mettre ces plantes en culture pour éventuellement les domestiquer de manière suffisante. Il a précisé qu’il n’y a pas d’engrais sur leurs produits et que c’est juste des produits bio.
Le point focal de l’AEB à l’IPR-IFRA, Pr Amadou Coulibaly s’est appesanti sur l’évolution des plantes.
« Il est dit que chaque insecte à sa préférence culturale et donc chaque culture à son insecte. Il y a des plantes dont l’odeur chasse certains groupes d’insectes, par contre il y a des plantes dont l’odeur attire certains groupes d’insectes. Si vous vous basez sur cet angle, vous pouvez faire votre culture sans insecticides et sans engrais », a-t-il indiqué. Avant de parler d’une plante nommée le kinois qui se trouve en Amérique latine et riche en éléments nutritifs.
« Là où on sème cette plante, sur cette parcelle, il n y a pas de bactéries. C’est une plante dont rien n’est jeté. Il n’y a aucune céréale sur terre qui est plus riche que le kinois selon les chercheurs. Car il soigne toutes sortes de maladies », a-t-il laissé entendre.
Le directeur des études, Dr Lassine Soumano soulignera que l’IPR a été choisi pour cette visite à cause de sa place dans le développement rural du Mali de façon générale.
Selon lui, c’est en 1965 que l’IPR a vu le jour avec la dénomination ‘’Institut Polytechnique Rural de Katibougou’’.
Pour lui, le Centre d’Innovation Verte (le dernier site visité), a pour objectif de faire de la recherche, des démonstrations pour mieux les vulgariser dans le monde rural au Mali. Il a remercié les responsables de l’AEB dont l’AOPP qui a en charge la coordination de ce projet, pour le choix porté sur l’IPR/IFRA de Katibougou.
A l’en croire, le choix porté sur son institut pour assurer le volet communication se justifie par le rôle qu’il a joué et est en train de jouer pour le développement rural au Mali.
« L’IPR/IFRA qui tire ses origines du Centre pour la Recherche Agricole et l’Expérimentation à Kati à la fin du 19ème siècle, transféré à Katibougou en 1990 est né de la fusion les structures du Collège Technique Agricole, de l’Ecole Normale de Katibougou et de l’école des assistants d’élevage de Bamako en 1969. En 1995, dans le cadre d’une approche intégrée du développement du Sahel, un séminaire sous régional placé sous l’égide de l’UNESCO, tenu à Bamako, recommanda la restructuration de l’IPR en un Institut de Formation et de Recherche Appliquée», a-t-il conclu.
Aoua Traoré