L’initiative sectorielle en faveur du coton dénommé « C-4 » regroupe quatre pays : le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. Du 17 au 21 juin 2012, une délégation de haut niveau était en mission de sensibilisation et de plaidoyer à Washington D.C auprès des autorités politiques, de l’administration et de l’opinion publique américaine sur les distorsions que les subventions accordées par le Gouvernement de Etats-Unis à leurs producteurs de coton provoquent sur le marché mondial.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette délégation a été bien inspirée par le choix de la période. Parce qu’en ce moment, les Etats-Unis sont à une étape décisive des discussions entre les législateurs américains du Senat comme du Congrès sur la Farm Bill, la loi quinquennale programmatique sur l’agriculture en grande partie orientée sur la problématique des réductions budgétaires imposée à tous les domaines de la politique américaine. Cette loi, comme on le sait, prend fin le 30 septembre 2012 et conséquemment les débats sont alors ouverts en vue de l‘élaboration de la prochaine loi quinquennale.
C’est donc, et à tous points de vue, la période indiquée pour les parties prenantes pour faire valoir leurs arguments dans le but de faire infléchir la loi dans un sens ou dans un autre en fonction des intérêts. Cela est tout aussi valable pour les partenaires nationaux, que pour les partenaires extérieurs du domaine de l’agriculture pour ce cas-ci. Incontestablement, le Groupe des pays membres du C-4 qui a vocation à trouver une solution commune gagnant/gagnant, c’est-à-dire acceptable pour les américains comme pour les pays africains producteurs de coton est un des partenaires extérieurs. C’est donc en prenant à leur compte les facteurs favorables du moment , que le Ministre de l’industrie , du commerce et de l’artisanat du Burkina Faso, Monsieur Patiendé Arthur KAFANDO, Ministre Coordonnateur du C-4 et chef de mission de la délégation de la mission comprenant les ambassadeurs des pays membres du C-4 à Genève en Suisse et à Washington D.C, de l’Ambassadeur de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) à Genève, avec l’appui des experts des ambassades de ces pays et des négociateurs du C-4 auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à Genève, sont venus faire un plaidoyer auprès des autorités américaines afin que soit trouvée à terme, une solution au problème du coton africain.
Cette démarche d’urgence de la délégation des pays membres du C-4, comme elle l’a du reste expliqué à tous ses interlocuteurs américains, se fonde sur le dialogue et la recherche d’une solution commerciale durable au problème des subventions du coton dans un esprit constructif et d’ouverture qui a toujours conduit le Groupe à mettre sur la table des propositions concrètes, avec pour objectif principal de trouver des solutions aux problèmes des cotonculteurs africains tout en prenant en compte les contraintes de ses partenaires dans cette négociation.
La mission du C-4 à Washington s’est déroulée sous la forme de rencontres bilatérales avec des parlementaires américains notamment des élus du Sénat et de la Chambre des Représentants, des membres de l’Administration fédérale de haut niveau dont l’Ambassadeur Ron KIRK, Représentant américain au commerce et membre du cabinet du Président OBAMA, des membres du Congrès et des Responsables d’Institutions de référence sur la question du coton, notamment le Conseil Consultatif International pour le Coton (CCIC), le National Cotton Concil (NCC) etc. Il s’est agi pour la délégation C-4, de plaider pour que les programmes relatifs au coton envisagés dans la Farm Bill 2012 permettent de réduire les distorsions que les subventions accordées par le Gouvernement des États-Unis provoquent sur le marché mondial du coton.
A l’issue de ces échanges avec les responsables américains, la délégation du C4 a salué les actions menées par les Etats-Unis d’Amérique, en appui au secteur cotonnier africain en général et du C4 en particulier, notamment à travers des programmes spécifiques tels que le Programme de renforcement du secteur coton en Afrique de l’Ouest et du Centre (WACIP) dont une extension pour quatre années a été décidée par le Gouvernement américain. Toutefois, le C4 a rappelé à son vis-à-vis et dans un langage de vérité, selon les participants que ces actions menées au titre du volet « développement » du dossier coton ne sauraient porter leurs fruits si des actions concomitantes ne sont pas menées en vue de la suppression des politiques qui créent des distorsions au commerce international du coton.
A cet effet, le C-4, a indiqué son Coordonnateur, a exprimé sa vive préoccupation par rapport à certains mécanismes prévus dans le projet de la Farm Bill en discussion, notamment le « Stacked Income Protection Plan for Producers of Upland Cotton » (STAX) qui pourrait conduire dans le commerce international du coton, à une situation beaucoup plus distorsive que celle actuelle. De l’avis des participants, la mission à Washington a donc été une opportunité réelle pour faire valoir les arguments des cotonculteurs africains et pour inviter surtout les législateurs américains à réfléchir à la réforme de leurs subventions au coton dans un sens qui ne heurte pas davantage ou plus longtemps les producteurs des pays en développement, notamment africains.
Au terme de cette mission, la délégation a aussi rencontré mercredi 20 juin 2012, des journalistes américains à travers une conférence de presse dans l’objectif de faire partager utilement son message, particulièrement à l’opinion publique américaine très sensible, comme on le sait, aux questions de développement équitable. N’oublions pas aussi que les Etats-Unis sont dans une année électorale majeure, avec notamment l’élection présidentielle du mois de novembre prochain.
Enfin, le Ministre Arthur KAFANDO et les membres de sa délégation ont indiqué à la presse que leur souhait le plus immédiat est que la prochaine loi sur l’agriculture américaine comporte des dispositions permettant de réduire les aides en faveur du coton qui ont des effets de distorsion sur les échanges et d’engager de réelles négociations à l’OMC afin de trouver une solution mutuellement acceptable sur la question du coton. Parce que quoiqu’on dise, le règlement de cette question dépendent la stabilité économique et l’équilibre social de nombreux pays africains comptant parmi les plus pauvres et vulnérables de la planète.
Pierre WAONGO,
Attaché de presse
Ambassade du Burkina / Washington D.C.
lefaso.net/ samedi 23 juin 2012
………Vos populations ont besoin de mil, de riz, de maïs, de sorgho pour se nourrir et non de coton. Cette culture du coton ne nous rapporte rien pire, les surfaces cultivables pour les produits de premières nécessités se font de plus en plus rares et les paysans de plus en plus endettés. Vous faites la campagne pour les pays développés et détruits vos propres populations africaines.
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