Nos sources sont formelles : la tête, du Coordinateur de l’Unité de Gestion du PAPIM (Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manicoura), Issa Samaké, a été mise à prix, par les partenaires, à l’issue d’un constat amer : 308,13 millions de francs CFA pour l’entretien des logements et des bureaux du projet. Auquel s’ajoutent 39 millions de francs CFA pour l’entretien de 3 véhicules (soit plus de 13 briques par véhicule) ; avec à la clé, des dépenses non éligibles de 21,4 millions de francs CFA. D’où, la colère des partenaires qui réclament le départ, illico, du coordinateur.
Prise en juillet dernier, lors d’une rencontre avec le ministre de l’agriculture sur la gestion des projets agricoles du Mali, la décision des partenaires au développement est sans appel : ou les autorités procèdent, illico, au limogeage du Coordinateur du PAPIM, Issa Samaké, ou ils se verront dans l’obligation de fermer le robinet à sous à notre pays.
En effet, les partenaires se disent déçus par le dysfonctionnement du Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manicoura: incompétence des cadres parachutés à certains postes de responsabilité, détournements et mauvaise gestion des fonds, magouille à la pelle etc.
Au tant de facteurs qui, selon les partenaires, ont pulvérisé le PAPIM. Et réduit à néant les efforts du gouvernement et des partenaires. Résultats : le PAPIM n’est que l’ombre de lui-même. Désespérément.
Et pour justifier les sorties de caisse, l’unité de gestion du projet produit des factures non appuyées par des fiches d’expression de besoins. Au même moment, les initiatives sont sans lendemain. Pire, le développement rural en prend pleine la gueule.
Mauvaise gestion à ciel ouvert
Depuis 2007, le « Prince » du PAPIM et son staff ne cessent de cumuler les échecs. Comme des trophées de guerre.
Déjà, à son arrivée, le boss Issa Samaké s’est taillé le luxe de violer les conventions le liant à la BAD et à la caisse d’épargne et de crédit « Kondo Jigima ». L’unité de gestion a utilisé 50 millions de francs CFA, reliquat du financement de la BAD, pour acquitter les impayés des paysans. Or la convention signée avec « Kondo Jigima » prévoit que le fonds de garantie supporte au maximum 30% des créances compromises relatives au crédit agricole. En l’espèce, le PAPIM n’a pas pu établir que les créances sont compromises. Bien plus, il a réglé la totalité des impayés au lieu de respecter le plafond des 30%. Avec cette situation, le Coordinateur du PAPIM, Issa Samaké, n’a pas hésité à user et à abuser de la gestion du projet. Quelques exemples suffisent pour se mettre à l’évidence : l’octroi de 700 litres d’essence à un membre du Conseil d’Administration et le paiement, sans motif valable, des contrats ou factures du ministère de l’Agriculture pour un montant de 20,33 millions de francs CFA, dont 5,08 millions en appui au ministère chargé de la promotion de la femme.
En chiffre, le Boss du PAPIM a géré les fonds du projet comme sa poche. Conséquence : il y a un trou béat de 156,45 millions de francs CFA dans la caisse du PAPIM. Pendant ce temps, l’unité de gestion du projet ne respecte pas les règles de mise en concurrence des fournisseurs. Non plus, elle n’a jamais retenu l’Impôt sur les Bénéfices Industriels et Commerciaux (IBIC). A fortiori de précompter l’Acompte sur Divers Impôts et Taxes (ADIT). Ce qui a occasionné une perte sèche de 344,7 millions de francs CFA pour l’Etat malien.
S’y ajoutent, des achats récurrents sans passer des marcher à commandes. Pourquoi ? Seul le Coordinateur du PAPIM pourrait y répondre. Du moins, à l’heure actuelle.
Autres dysfonctionnements relevés dans la gestion de l’unité de gestion du PAPIM, le non respect des principes comptables, d’année en année. Et le manque de clôture définitive des exercices comptables. Ce n’est pas tout. Loin s’en faut.
Même, les dossiers des marchés ne sont pas archivés. Pire, ils sont éparpillés entre le département de tutelle, l’antenne de Bamako et les agents du PAPIM. Et comble de la « mangecratie » au PAPIM, les achats ne sont pas justifiés.
En clair, aucun service du PAPIM ne fonctionne. Normalement.
Le PAPIM dans son histoire n’a connu une telle opacité dans la gestion. Le flop est magistral et le revers cinglant.
A cette mauvaise gestion, s’ajoute un autre mal et pas des moindres : la démobilisation des agents. Témoins oculaires des magouilles orchestrées, à longueur de journée par l’unité de
gestion du PAPIM, les agents –toute catégorie confondue –ont fini par être dégoûter. Parce que « l’homme-cabot a été mis à la place pivot et vice-versa ». D’où le mécontentement général au PAPIM.
Le Projet à vau-l’eau
Créé le 16 août 2001, le PAPIM est un projet financé par la BAD. Il a pour objet l’aménagement de la plaine de Manicoura par la valorisation des ressources en eau du Sankarani. Ainsi, le premier décaissement du Fond Africain de Développement a eu lieu le 5 avril 2002 et le dernier en Avril 2008. Le rapport d’achèvement a été élaboré en juin 2008 et l’accord de financement a couvert la période d’avril 2002 à juin 2008. Depuis cette date, le projet fonctionne sur les fonds du Budget Spécial d’Investissement (BSI) mis en place par l’Etat.
Malgré son potentiel de terre irrigable, le Mali n’arrive pas à satisfaire ses besoins en riz.
L’aménagement des 1094 hectares du PAPIM devrait donc contribuer à augmenter la production rizicole. Mieux, dans le cadre du PDI-BS, le seuil de Kourouba a été érigé pour pallier le manque d’eau en période de contre-saison.
Mais ce projet promu à de bel avenir a tourné court. Raison invoquée : la mauvaise gestion à tous les niveaux. Ou presque. D’où la colère des partenaires qui réclament le départ de l’indéboulonnable coordinateur du PAPIM.
A travers leur sollicitation de limogeage du boss du PAPIM, Issa Samaké et ses ouailles, les partenaires au développement veulent amener le gouvernement à prendre ses responsabilités –et toutes ses responsabilités –dans le choix des hommes placés à certains postes stratégiques.
Autrement dit, faire en sorte que « l’homme-cabot ne soit plus à la place pivot ». Comme, c’est le cas, actuellement, au PAPIM. Une structure qui, depuis 4 ans, n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Mais le gouvernement, qui feint, d’ignorer l’incompétence du « prince » du PAPIM, Issa Samaké et de ses poulains, va-t-il enfin décider de se débarrasser de l’encombrant Coordinateur ?
Auquel cas, notre pays risque de tomber dans les mêmes travers que d’autres pays où, les partenaires financiers ont fini par fermer le vivre (entendez le financement). Suite à la mauvaise gestion des fonds destinés aux projets.
Le gouvernement malien est-il prêt à courir ce risque ?
Nous y reviendrons !
Jean pierre James