Il a encore besoin d’un accompagnement pour l’aider à se redresser au bonheur des producteurs et de toute l’économie Matières premières.
Les exportateurs de fruits et légumes au Mali ont décidé d’ajouter une autre corde à leur arc. Outre la mangue crue, ils se sont lancés dans l’exportation du produit séché, qui est très prisé sur le marché international. Du coup, ils placent un peu plus haut la barre de leur ambition grâce à l’accompagnement du Programme de compétitivité et diversification agricole (PCDA). Ce sont des jeunes opérateurs économiques de Sikasso, pour la plupart, qui ont décidé d’innover en créant au niveau local de la valeur ajoutée avant toute exportation de mangues. Ce changement de comportement économique donnera certainement un nouveau souffle à la filière mangue dans notre pays. La mangue est un produit périssable. Notre pays en est un grand producteur en Afrique de l’ouest avec un potentiel estimé à plus de 200 000 tonnes par an. Faute de moyen de transport adéquat et de transformation, plus du tiers de ce potentiel est perdu. Il arrive des moments où les propriétaires des vergers ne cherchent qu’à débarrasser les abords des plants des mangues pourries, à cause des mouches qui infestent les champs.
Durant ces périodes d’abondance, mêmes les animaux se font désirer pour libérer les champs. Mais, après l’abondance, il arrive des moments de l’année où la mangue disparaît totalement des étals des vendeuses. La promotion faite au secteur de la transformation vise à pallier un tel dysfonctionnement et accroître le volume de la commercialisation. Notre pays n’a réussi à commercialiser qu’environ 16 000 tonnes de mangues et à l’état cru sur les 200 000 tonnes d’estimation. Le chiffre d’affaires est évalué à plus 8,297 milliards de Fcfa, au terme de la campagne de commercialisation de 2010, selon les chiffres collectés par les experts du PCDA. Il faut signaler que cette vente record était jusqu’ici jamais égalée au Mali.
Les 16 000 tonnes sont donc certes impressionnantes et fort appréciables à vue d’œil, mais sont largement en dessous de la capacité de production du pays. Cette situation entraîne un énorme manque à gagner à la fois pour les exploitants que pour le pays. C’est pour cette raison que cette tendance à la transformation permet de booster la filière en augmentant la capacité de vente de nos exploitants. Cette donne dans la filière mangue va contribuer de façon substantielle à faire reculer davantage les limites de la pauvreté dans le milieu rural, telle que souhaitée par les experts de la Banque mondiale, qui est le principal partenaire du Mali dans la mise en œuvre du PCDA. Ces audacieux jeunes opérateurs économiques occupant le domaine de la production et la commercialisation de la mangue séchée au Mali, vont beaucoup contribuer à élargir la liste des acheteurs aux producteurs. Cette extension va se traduire par un accroissement de leurs revenus et améliorer les conditions socio-économiques du pays. Il faut rappeler que le secteur de la transformation des fruits et légumes, singulièrement de la mangue, n’en est pas à sa première expérience au Mali. Ces petites unités de transformation, qui pullulent actuellement à Sikasso ( individuelles ou collectives) font suite à une première expérience initiée par le gouvernement à Baguinéda depuis les années 70. Mais, cette expérience publique a fait long feu. Elle s’est soldée par un échec. Très vite l’unité a fermée boutique pour cause de mauvaise gestion. Toutefois, elle a eu l’avantage de montrer la voie à suivre.
Le secteur qui renaît de ses cendres apparaît un peu timide au stade actuel des activités, mais il a l’avantage de bouger. La chose prend de plus en plus de la mayonnaise, notamment dans la troisième région, où plusieurs petites unités de transformation ont déjà vu le jour et sont en train de prospérer. C’est le cas de celle Youssouf Coulibaly, promoteur d’une petite et moyenne entreprise de transformation, située à la sortie nord-est de la ville de Sikasso, (à Sanoubougou I) sur la route du Burkina Faso : « Kéné Yiridenet ». Le jeune homme d’affaires apparaît dans la région comme un modèle réussi de jeune industriel déterminé à booster la filière mangue dans notre pays. Il dirige une forte équipe constituée de personnel d’encadrement et d’ouvriers. Sa fabrique est une entreprise semi-industrielle spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de la mangue séchée. L’unité, qui a démarré en 1997 dans une petite villa avec un équipement très limité et un personnel assez réduit, a aujourd’hui gravi les échelons. Elle est devenue une petite et moyenne entreprise industrielle de transformation de produits alimentaires. Elle est logée dans un grand édifice à un niveau réalisé dans une immense cour contiguë à la première demeure.
L’endroit est conservé comme le musée de l’Usine. Il contient tout l’ancien équipement rudimentaire. La nouvelle unité est équipée de matériel de séchage de haut standing. La technologie est importée d’Afrique du Sud. Elle comprend un grand four, constitué de huit séchoirs, tous alimentés par un circuit moderne de gaz. La méthode de séchage utilisée s’appelle : le séchage convectif. Le procédé est utilisé dans le séchage des produits alimentaires à hautes teneurs en eau initiales, telles que la banane, l’ananas, la mangue. L’installation des nouveaux équipements a coûté environ 6,574 millions de Fcfa, dont environ 2,563 millions de Fcfa de subvention apportée par le PCDA. En plein régime de production, l’unité emploie 20 femmes dans l’atelier d’épluchage et 6 garçons dans la mise en claie. La capa- cité de production est de 200 kg par séchoir, soit 1600 kg de mangues séchées par jour pendant toute la durée de la campagne. Avant la réalisation de cette nouvelle fabrique, le produit fini était exclusivement exporté vers le Burkina Faso. Mais, depuis peu, l’Afrique du Sud s’est ajoutée à la liste.