Rien ne va plus entre le président de l”Assemblée permanente des chambres d”agriculture du Mali (Apcam), Bakary Togola, et une partie des producteurs de Bougouni, Sikasso, Kita et Fana. Ces derniers, exclus des unions des coopératives de producteurs, viennent de créer la Fédération nationale des unions des coopératives de producteurs de coton (FNA-USCPC). Son coordonnateur Tahirou Bamba qui ne mâche pas ses mots à l”endroit de Bakary Togola, revient sur les motifs de la création de la FNA-USCPC.rn
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Les Echos : Pourquoi une fédération parallèle aux unions des coopératives de producteurs ?
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Tahirou Bamba : Cette fédération est mise en place pour corriger une injustice et des lacunes qui sont ressorties lors de la mise en place des unions des coopératives de producteurs de coton du Mali. Dans les localités de Bougouni, Fana, Kita, Sikasso et OHVN, il y a une vingtaine d”unions communales entièrement exclues. C”est pour combler cette lacune et donner la chance à tous les producteurs de participer au développement de la cotonculture que nous avons mis en place cette fédération, parallèlement à l”union et pour qu”ensemble nous puissions travailler.
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Les Echos : Vous dénonciez également une injustice…
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T. B. : Le président de l”Apcam a envoyé des coups de fil dans les zones cotonnières pour exclure des unions de coopératives tous ceux qui peuvent le contredire. Ce qui fait qu”il n”y a pas eu de consensus dans la mise en place de ces unions. Le 5 avril dernier, nous avons tenu un point de presse pour sensibiliser l”opinion internationale sur le problème. Bakary Togola nous a menacé en disant que celui qui va mettre en place un bureau autre que l”union le trouvera sur son chemin. Eh bien, nous avons mis en place notre fédération, que M. le président s”exécute !
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Les Echos : Pensez-vous travailler dans ces conditions délétères ?
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T. B. : Nous voulons notre identité, nous voulons une reconnaissance et c”est ce que Bakary Togola ne veut pas. Au lieu de notre fusion, il nous propose de nous coopter. La loi coopérative ne permet pas la cooptation.
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Voilà d”ailleurs pourquoi, nous avons mis en place cette fédération. Le président de l”Apcam a écrit au ministère et un peu partout pour dire qu”il ne saurait encourager notre action et qu”il ne nous considère pas comme partenaire. Ce n”est pas à lui de nous considérer comme partenaire, nous ne cultivons pas pour lui. Il ne peut nous empêcher de mettre quoi que ce soit en place. Nous sommes dans un pays démocratique et nous voulons l”essor de la culture du coton au Mali.
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Les Echos : Pourquoi s”oppose-t-il, selon vous, à la création de votre fédération ?
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T. B. : Il y a un adage qui dit : "Un ignorant qui s”ignore est un ignorant fini. Un ignorant qui s”y connaît est un ignorant progressant". Quand on a confiance à quelqu”un et qu’il abuse de cette confiance croyant qu”il connaît tout, ça devient de la dictature. Nous avons pensé qu”un président des paysans doit être conciliateur, un rassembleur. Mais, un président qu”on ne peut pas contester, contredire, avec qui l”on ne peut pas avoir une divergence d”idées, n”est pas démocrate. Et nous tirerons les leçons de ces comportements aux prochaines élections.
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Si Bakary Togola était un démocrate, il ne devait pas s”opposer à la mise en place d”une fédération alors que la loi le permet. Surtout que nous avons dit que nous ne sommes pas contre lui, mais nous voulons notre identité, c”est tout. Un président qui se sert de son pouvoir pour intimider et influencer n”est pas démocrate. Bakary Togola ne sait plus pourquoi nous l”avons mis à la tête de l”Apcam. Nous lui disons de faire beaucoup attention, les hommes ne sont pas des moutons.
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Les Echos : Règlement de comptes politiques ou défense des intérêts des producteurs ?
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T. B. : La politique a fait son entrée dans les champs de coton. Et c”est le président de l”Assemblée permanente des chambres d”agriculture du Mali (Apcam) qui a politisé le monde rural et qui a semé la division au sein des producteurs. Nous avons dit que ce n”est pas parce qu”on ne partage pas son avis qu”on n”aime pas la République. Les anciens présidents de l”Apcam ne se sont jamais mêlés de politique. Il ne faut pas que Bakary Togola confonde vitesse et précipitation, c”est-à-dire, j”ai tous les paysans, je dois les tirer par le nez. Non, on ne partage pas le même point de vue que le président de l”Apcam. Il doit se mettre en tête qu”il ne peut être qu”un paysan et nous sommes prêts à en découdre avec lui.
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Les Echos : Et comment ?
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T. B. : Nous allons faire une main tendue aux unions pour qu”on travaille ensemble pour la promotion de la filière. Mais, dans sa lettre, Bakary Togola dit qu”il ne nous reconnaît pas comme partenaire de la filière. Nous lui disons que la filière ne lui appartient pas. Il est venu trouver que nous cultivons du coton et il va partir nous laisser avec nos champs.
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Propos recueillis par
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Sidiki Y. Dembélé
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