Subvention des engrais : Une distribution trop disproportionnée

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Les producteurs venus chercher l’engrais peuvent passer plusieurs jours sans être servis, parce que cette denrée n’est pas disponible au niveau des communes et des secteurs agricoles

Dans le dessein d’assurer l’autosuffisance alimentaire dans notre pays,  chaque année, le gouvernement accorde des subventions aux importateurs des intrants agricoles. Ainsi, des efforts du gouvernement consentis pour la campagne agricole 2017-2018 sont estimés à environ 30 milliards de FCFA. Ces efforts risquent d’être vains, puisque les pauvres paysans n’auront tout simplement pas d’engrais, pendant que les fournisseurs, eux, auront leurs cautions.

Au titre de la campagne 2017-2018, le gouvernement du Mali a injecté 25 milliards de FCFA pour la subvention des engrais, dont 15 milliards pour la Direction nationale de l’Agriculture (DNA) et 10 milliards  pour la CMDT. Le ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé a accordé un ajout de 3 milliards de FCFA à ce fonds. Ce montant devait être géré par le ministère de l’Agriculture.  A la date d’aujourd’hui, cette somme consentie pour la subvention des intrants agricoles fait l’objet d’une gestion décevante, tant au niveau de la répartition de l’engrais que de la gestion des cautions octroyées aux fournisseurs, leur permettant d’avoir de l’argent au niveau du trésor.

Ainsi, cette année, le programme de répartition arrêté à 147 845 tonnes a plutôt favorisé des régions moins productives. En outre des trafics de cautions seraient organisés au niveau des secteurs agricoles. Aussi les fournisseurs et l’encadrement vendent les cautions sans pour autant livrer l’engrais aux producteurs. Les producteurs venus à la recherche de l’engrais peuvent passer plusieurs jours sans être servis, parce que l’engrais n’est pas disponible au niveau des communes et des secteurs agricoles. Et pourtant les cautions sont livrées par le personnel d’encadrement de la DNA.

Compte tenu de cet état de fait, le ministre de l’Economie et des Finances a déclaré qu’il y a trop de fraudes autour de cette question des engrais subventionnés. Il a donné à titre illustratif : «  un opérateur qui a mis 400 millions de FCFA veut se faire rembourser par le trésor à hauteur de 1 600 milliards. C’est pourquoi, il pense qu’il faudrait faire des évaluations, pour faire face à cette situation. Et Boubou Cissé d’ajouter que les besoins doivent être mieux coordonnés pour que la distribution ne soit pas disproportionnée.

Le ministre de l’Economie et des Finances a de même soulevé quelques interrogations au niveau des différences dans les chiffres. Il s’agit surtout de celles constatées entre les cautions techniques et la quantité d’engrais placée. Il a estimé que l’Etat perd 7 à 8 milliards de FCFA bon an mal an, à cause de la fraude. Conscient de la gravité de la situation, le locataire de l’hôtel des finances se dit très déterminé à faire vérifier la distribution des engrais subventionnés par ceux qui ont des expertises en la matière.

Rappelons que lors de la campagne, le gouvernement avait pu relever le défi de la gestion des exonérations et des engrais, à travers une certaine rigueur dans le suivi de la gestion. Chose qui avait permis de prendre des mesures dont la limitation du nombre de fournisseurs à 12 entreprises, à travers la lettre 011-26 du 20 juin 2016. « Ces 12 fournisseurs ont été retenus sur la base de leurs expériences à la matière » dira  un cadre du département de l’Agriculture.

Ainsi, la mise en œuvre de toutes ces mesures ont  permis à notre pays,  lors de la dernière campagne  de faire un record au niveau des productions de 8 millions 849.551 tonnes de céréales et de 647.000 tonnes de coton graine. Ce qui lui permettra d’occuper le deuxième  rang, après le Nigeria en termes de production céréalière. Il a obtenu également le même rang après l’Egypte dans la production du coton graine.

A ces mesures, s’ajoutent une troisième  qui consistait  à faire le contrôle de la qualité des engrais au niveau des laboratoires au Pays-Bas et aux laboratoires des sols-eaux-plantes de Sotuba, ainsi que la mise en place d’une commission des réceptions des engrais au niveau de toutes les communes, afin de faire le point des quantités reçues et celles enlevées, et la vérification des cautions livrées aux fournisseurs par rapport aux quantités stockées.

Déterminé à apporter une réponse aux préoccupations des paysans, le ministre de l’Economie et des finances fera savoir que des réflexions sont en cours pour voir comment augmenter la subvention. Par ce que selon lui, il s’agit d’un secteur essentiel et combien de fois important pour notre économie.

Diakalia M Dembélé

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