Subvention du prix de l’engrais : Encore du tape-à-l’œil qui ne prospère pas

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Bakary Togola
Bakary Togola

En décidant de fixer le prix subventionné de l’engrais à 11.000 FCFA au lieu de 12.500 FCFA le sac, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta pense améliorer de façon significative, dit-il, la production et la productivité agricoles, générer des revenus décents pour les producteurs et subséquemment  contribuer à  la réduction de la pauvreté en milieu rural. Mais l’arbre ne saurait cacher la forêt. En fixant en amont le prix du coton à 235 F CFA/kg en 2014 contre 250 F CFA/kg en 2013, l’Etat fait beaucoup perdre par là au paysan plus qu’il ne lui fait gagner par la maigre subvention d’engrais. Suivez notre regard !

Dans son allocution à l’occasion de la tenue de la 5ème Session ordinaire du Conseil Supérieur de l’Agriculture, le 05 mai 2014, le Président Ibk déclarait que le secteur agricole est le socle de notre économie nationale. Ce secteur, a-t-il poursuivi, fournit 36% du PIB et occupe environ 85% des populations qui en tirent l’essentiel de leurs revenus. Avant de rappeler que le plan de campagne agricole est un document de programmation  annuelle. Qui définit un ensemble d’objectifs, d’activités, de stratégies cohérentes et de ressources destinées à atteindre des objectifs de développement Agricole,  notamment la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ainsi que l’amélioration des revenus des producteurs et la réduction de la pauvreté.

C’est pourquoi, convaincu, dit-il, que le maintien de la  politique de subvention aux intrants agricoles assortie de mesures de  bonne gestion peut améliorer de façon significative la production et la productivité agricoles, générer des revenus décents pour les producteurs et subséquemment  contribuer à  la réduction de la pauvreté en milieu rural, il a décidé de fixer pour la campagne qui débute le prix subventionné de l’engrais à 11.000 FCFA au lieu de 12.500 FCFA le sac. Soit une différence de 1500 F CFA de gain par sac pour le paysan.

Le hic, c’est que le prix du kg de coton a chuté de 250 F CFA en 2013 à 235 F CFA en 2014. Ce qui fait une différence de 15 F CFA de perte sur chaque kg, soit 15 000 F CFA de perte par tonne. Il reste entendu que le rendement moyen dans la zone cotonnière CMDT est d’une tonne par hectare. Et pour un hectare il faut 4 sacs d’engrais, ce qui en terme de gain lié à la subvention s’élève à seulement 1500 F CFA fois 4, soit 6000 F CFA. En faisant le rapport chute du prix du coton et subvention du prix de l’engrais, le paysan s’en sort avec une perte de 9000 (15 000 – 6 000) F CFA/tonne, soit 9000 F CFA de perte par hectare. En définitive, cette affaire de subvention revient à une duperie qui ne dit pas son nom. Et déjà, des professeurs du secteur coton se disent au regret de pouvoir s’embarquer dans ce qu’ils appellent du tape-à-l’œil pour des fins politiques et non pour le progrès de l’agriculture dans notre pays.

Aussi, faut-il le souligner, plusieurs paysans signalent que le sac d’engrais, considéré comme pesant 50 kg, ne vaut généralement que 44 à 45 kg. C’est pourquoi ils invitent la Direction nationale de la Concurrence à contrôler le poids de ces sacs dans les différents lieux de vente comme ce fut le cas tout dernièrement auprès des bouchers et autres utilisateurs de la balance. Selon un de nos interlocuteurs, avec 5 à 6 kg de perte par sac sur des millions de tonnes (milliards de kg) d’engrais, le monde paysan est victime chaque année de plusieurs milliards de F CFA de perte dont les responsables sont à chercher entre l’Etat, les fournisseurs et les transporteurs. Et notre interlocuteur de se demander qui vole les paysans, qui est propre dans cette affaire ?

Eh oui, pauvre paysan malien, consciemment ou inconsciemment on te vole. Parce que les uns ne jouent pas bien leur rôle et d’autres en profitent. De notre point de vue, l’Etat doit rectifier le tir avec davantage de subvention de l’engrais ou une hausse conséquente du prix du coton. C’est alors qu’il sera question d’améliorer de façon significative la production et la productivité agricoles, générer des revenus décents pour les producteurs et subséquemment  contribuer à  la réduction de la pauvreté en milieu rural. Pour le bonheur des Maliens.

Mamadou DABO

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1 commentaire

  1. franchement la “SUBVENTION DU PRIX DES ENGRAIS” est un véritable tape à l’œil. Elle ne profite qu’aux vautours de l’Etat, les fournisseurs et les transporteurs. C’est une véritable magouille organisée dont le pauvre paysans est la victime.
    Tous les fournisseurs, sans exception font signer les fausses CAUTIONS par les services de l’ETAT et se font payer par l’ETAT. Des fonctionnaires véreux de l’état cautionnent et reçoivent leurs “10%” après. La subvention n’a jamais apportée un gramme de plus aux différents rendements. POURQUOI N’EN FAIT-ON PAS UN BILAN HONNÊTE et dire la vérité aux POLITIQUES qui ne connaissent rien du sujet.
    Souvenez-vous du procès Djadjé BAH contre le Ministre AG Atam. Le Ministre voulait faire sauter le “verrou”, on connais la suite. C’est les mêmes scénarios depuis lors. Pauvre paysan, si tes gouvernants n’ont pas pitié de toi, que DIEU te sauve

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