Le secteur concentre 60% des forces actives du continent. Il lui faut surtout un marché bien organisé et judicieusement exploité
L’agriculture et la sécurité alimentaire constituent à elles deux rassemblées le thème du 23è Sommet des chefs d’Etat et gouvernement de l’Union africaine qui s’est ouvert hier à Malabo (Guinée Equatoriale) en présence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, accompagné pour la circonstance par le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et celui du Développement rural, Dr. Bocary Tréta.
Le sommet de Malabo est le prolongement de celui tenu en janvier dernier à Addis-Abeba qui avait également discuté de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Ce thème est plus que jamais d’actualité. En effet, selon l’organisation Oxfam international, plus de 223 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim sur notre continent. La présidente de la Commission de l’Union africaine, bien imprégnée de cette triste réalité, a rappelé que l’objectif du Programme du développement intégré de l’agriculture en Afrique est de moderniser l’agriculture sur le continent à travers la transformation, le développement du marché agricole, l’augmentation des investissements pour améliorer la productivité agricole, l’intéressement des jeunes à l’agriculture et surtout l’accès des femmes aux terres et aux intrants agricoles. « Le Nigeria a proposé que 30% des prêts agricoles accordés par les femmes soient attribués aux femmes », a souligné Mme Nkosazana Nlamini Zuma. Le nouveau président égyptien, Abdel Fattah El-Sissi, dont le pays fait son retour à l’Union africaine, a indiqué que l’agriculture et la sécurité alimentaire restent des défis que l’Afrique doit relever. Cela est une nécessité dans la mesure où plus de 60% de la force active sur le continent ont pour activité principale l’agriculture, a-t-il ajouté.
METTRE FIN AUX CONFLITS ET AUX VIOLENCES. Pour le président de la Guinée Equatoriale, l’Afrique ne peut se développer sans une agriculture moderne évoluant sur un marché bien organisé et judicieusement exploité. « Le développement peut considérablement réduire la dépendance économique de l’Afrique », a dit Teodoros Obiang Nguema Mbasogo tout en dénonçant le néocolonialisme subtil que les pays développés imposent à l’Afrique depuis les indépendances. L’hôte du sommet a aussi dénoncé le diktat des institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI) sur les économies des pays africains déjà fragilisées par les règles injustes du marché international. Le président équato-guinéen a également souhaité la révision du mode de fonctionnement des Nations unies qui se trouvent actuellement aux mains des « gens » qui veulent imposer leur vision au reste du monde.
Quant au président en exercice de l’Union africaine, le chef d’Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, il dira que l’Afrique dispose suffisamment de terres cultivables pour se débarrasser à jamais de la faim et de la pauvreté d’ici 2025. Il a, par ailleurs, évoqué les difficultés liées à la mise en œuvre du Programme du développement intégré de l’agriculture en Afrique au nombre desquelles le manque de financements et la perturbation des marchés. Le président Aziz a aussi souligné d’autres défis que le continent doit relever comme l’éducation, l’emploi, la formation et la lutte contre des maladies (VIH/Sida, paludisme, tuberculose).
Les intervenants à la cérémonie d’ouverture ont également mis l’accent sur la paix et la sécurité en Afrique. Cette question cruciale a été largement évoquée par le Secrétaire général des Nations unies lors de son passage à la tribune. A ce propos, Ban Ki-Moon a souhaité la mise en place de la force en attente africaine pour mettre fin aux conflits et aux violences intercommunautaires dans les Etats de notre continent. Il a assuré que des enquêtes seront menées sur les violations des droits de l’Homme dans les pays en proie aux conflits intercommunautaires. A propos de la crise au Mali, le secrétaire général des Nations unies a salué les progrès accomplis depuis l’élection du président Ibrahim Boubacar Keïta. Il a exhorté tous les protagonistes à négocier pour arriver à une paix durable. Il a aussi invité la communauté internationale à s’approprier la stratégie intégrée pour la sécurité dans le Sahel élaborée par les Nations unies.
Le président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz, a rappelé qu’il n’y a pas de développement sans la paix et sans la sécurité dans nos pays. Le président mauritanien a estimé que les progrès économiques réalisés par l’Afrique ces dernières années risquent d’être anéantis par des conflits armés avec leurs effets corollaires de morts, de mutilés et d’orphelins.
Le 23è sommet de l’Union africaine s’achève aujourd’hui par l’adoption d’une Déclaration commune pour accélérer le développement de l’agriculture en Afrique. Un engagement solennel qui permettra au continent de nourrir convenablement sa population et de retrouver la voie de la prospérité.
Envoyé spécial
M. KÉITA
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