Satisfait de la subvention de la riziculture, Seydou Nantoumè PDG de l’usine de production d’engrais au Mali Toguna Industrie estime que l’Initiative riz a permis aux paysans de faire l’extra lors de la campagne écoulée. Il reste confiant en l’autosuffisance alimentaire, si l’Etat Malien continue à subventionner les intrants agricoles. Nous l’avons rencontré dans le cadre des 50 ans de l’indépendance du Mali.
Le Mali est une puissance agro-pastorale reconnue de tous. Mais les coûts exorbitants des engrais ont fait que beaucoup de paysans restaient sceptiques quant à leur avenir. Cette difficulté d’accès aux engrais a été palliée grâce à la clairvoyance d’un patriote, Seydou Nantoumè qui a ouvert en 2005 une usine de production d’engrais au Mali. Basée à Banankabougou derrière la Brigade territoriale de la gendarmerie de Faladié, Toguna industrie produit des engrais simples et complexes communément appelés ‘’NPK’’.
De père en fils
Seydou Nantoumè a rejoint son père dans le commerce d’engrais en 1989. Ils se ravitaillaient chez Makadji de l’UMIMA qui importait toutes les qualités d’engrais au Mali. Petit à petit, Nantoumè fils s’introduira dans le circuit. Sa maitrise de l’affaire fut un atout qui lui ouvrira la voie d’en importer en provenance de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Ainsi en 1994, Seydou Nantoumè lance Toguna SARL spécialisée dans l’importation et la vente des intrants agricoles. Ce test fut un grand succès. L’ambition le poussera en 2005 d’ouvrir une usine de production d’engrais d’envergure sous-régionale. Il donne le nom «Toguna» à sa société signifiant en langue Dogon, son ethnie, un hangar servant de tribunal où toutes les affaires sérieuses sont jugées par les sages du village.
Toguna Industrie, leaders de l’espace UEMOA
Avec un capital de 500 millions de FCFA pour une production annuelle des centaines de milliers de tonnes par an et plus de 80% du besoin national, Toguna est leader en matière de production d’engrais dans l’espace UEMOA. L’usine exporte aussi 40% de sa production. Cette performance s’explique selon Seydou Nantoumé par le fait que son industrie n’emploie que des Africains. Or, poursuit-il, au Sénégal tout comme en Côte d’Ivoire, les usines emploient des Asiatiques et des Européens dont les salaires sont colossaux. Ce qui joue du coup sur les prix de cession de leurs produits. De nos jours, Toguna Industrie allège la politique d’emploi du PDES (Programme ambitieux présidentiel) avec la création de 95 emplois permanents (tous inscrits à l’INPS), 120 journaliers et des milliers de personnes vivant des valeurs ajoutées de l’usine.
«L’initiative riz, un atout pour le Mali»
En lançant son programme en faveur de la révolution verte dans notre pays, le Premier ministre Modibo Sidibé savait bel et bien qu’il est sur la voie de la réussite même si dans un premier temps, il a eu du mal à convaincre son peuple. Il lui a fallu, une année, pour que des millions de Maliens ne voient pas cette initiative comme de la poudre aux yeux. Après des investigations menées un peu partout au Mali, il est facile de constater que les paysans ont du mal à épuiser leurs stocks. C’est le cas surtout à Mopti et à l’Office du Niger.
Pour concrétiser cette belle initiative gouvernementale, Toguna industrie continue à jouer un rôle prépondérant. Il s’agit de la production d’engrais en qualité et en quantité pour les paysans. Le système consiste pour l’Etat à subventionner les engrais à hauteur de 20 à 22%, la société de Nantoumè les distribue jusque dans les coins et recoins du pays. Les agriculteurs jugent cette politique nécessaire. C’est pourquoi, ils demandent à l’Etat Malien de la poursuivre. «Si l’Etat parvient à maintenir le cap de l’Initiative riz, dans deux ans, le Mali n’importera plus du riz», insiste Seydou Nantoumè. Il ajoute que des pays comme les Etats Unis ou le Sénégal subventionnent leur agriculture.
Des difficultés notoires
Il est indéniable que Toguna Industrie soit le leader en matière de la production d’engrais de qualité de l’espace UEMOA. Cependant, l’arbre ne doit cacher la forêt. Les responsables de la société se plaignent de la lenteur administrative liée au paiement des factures de la subvention de l’Etat et de la CMDT. Aussi, ils estiment que l’Etat doit leur accorder un privilège sur les appels d’offres internationaux. «Nous demandons à l’Etat de fixer un quota en matière des marchés pour encourager les investisseurs nationaux», dit Seydou Nantoumè. Indiquant qu’en perspective Toguna Industrie figurera bel et bien pour l’exploitation de la mine de phosphate de Tilemsi et celle de la dolomie à Kita.
Dossier réalisé par Bassidiki Touré